Mag-Afriksurseine-Mars-2024

Hommage à Souley Guegnang ancien adjoint au maire de Mbandjock

Souley Guegnang

Il y a 8 ans, le peuple Cameroun en générale  et le peuple vuté en particulier perdaient un de ses fils valeureux. Il s’appelait Guegnang Souley et  travaillait à la Sosucam comme cadre, après avoir été dans les plantations de canne comme ouvrier ;  passage obligé de tout employé dans la société. Quelques années après, il sera élu à la mairie de Mbandjock comme  adjoint au maire avant d’être  président départemental de la section RDPC de la Haute Sanaga nord. Jusqu’à ce jour,  de nombreuses personnes s’inclinent avec respect devant sa mémoire  dont le salue s’évoque avec beaucoup d’émotions. Humble serviteur de son pays, qu’il aimait avec un amour charnel, Souley par son intelligence, son dévouement, sa foi chrétienne, avait accompli sa mission sur cette terre avec honneur, dignité, compétence et prestige tant dans le cadre de sa fonction administrative aussi bien que  dans les rangs de son parti RDPC.

Depuis qu’il est parti, le vent contraire chasse dans les esprits toute les haines sans succès  et le sommet reste  désert. Le toit du monde  s’est hypertrophié, toute la montagne est sous la pluie, les bêtes sauvages divaguent, le fleuve ne s’est pas élargi. Quand un petit frère s’en va, nous devenons  ses enfants. Les tueurs sont constamment dans le maquis à la recherche des personnes qu’ils tueront ; quand ils passent, c’est pour  laisser des incendies. Souley était mon cousin direct, son père était le grand frère à ma mère, on avait passé une merveilleuse jeunesse en sa compagnie. Souley et moi dormions dans le même lit, il était au CM1 lorsque j’étais en  classe de première. Je l’ai initié comment traité les sujets de rédaction  et plus tard,  la dissertation. J’ai mené mes enquêtes parallèles au sujet de sa mort, et aujourd’hui la famille, je crois bien, n’est pas perdue dans cette histoire, elle connaît ce qui s’était passé, minute après minute comment il s’était fait exécuter dans le champ, qui aurait  commandité et qui aurait demandé qu’on libère  ceux   supposés être  ses bourreaux. On sait qu’il a eu des arrestations, puis après des libérations, mais un des criminels se serait  confessé et aurait  relaté comment les choses se seraient passées.  Le dossier classé avait eu des pressions au niveau du parti prétextant qu’il fallait couvrir les crimes  afin que le parti ne soit sali.

Il faut noter que c’était un problème d’abord de rivalité politique, et de jalousie de carrière, plusieurs élites y sont mêlés. Jusqu’aux personnes qu’on n’aurait  soupçonné, et qui ont fait la pression pour dissoudre l’affaire comme le sucre dans l’eau. Souley me l’avait dit à plusieurs reprises qu’on veut sa peau. Il a été victime des empoisonnements, il a également été victime de la magie noire. Souley avait fait un accident grave  dans lequel sa voiture  broyée, émerveillait ceux qui l’ont vu sorti sans égratignure. Après maintes tentatives infructueuses, ses bourreaux ont décidé de changer de méthode. La violence physique qui a fait ses preuves dans le monde.   

Nous sommes au milieu des bêtes qui ont la soif de tuer, ils sont partout dans l’eau sauvage. À 43 ans, Souley était au sommet de sa carrière. Il avait  travaillé, il avait  milité pour la grandeur d’un parti qui a abandonné les enquêtes après sa mort. l’homme était  généreux avec des  talents politiques certains. Il a encadré et encouragé les jeunes  à Mbandjock. Sa loyauté à toute épreuve, a gravi les échelons de la hiérarchie administrative jusqu’à sa nomination comme chef du personnel. Les paroles qu’il prononçait dans sa vie, étaient des purs mots d’amour, reflets  images de la pureté de son âme. Dans son parti RDPC, il a prôné le patriotisme et la fraternité. Ses allocutions évoquaient la paix.

La vie au Cameroun est chaotique quand tu occupes certains postes, mais Souley faisait sa mission pour que tout le monde fasse de même. Sa grande carrure n’a été dépassée que par celle de son cœur. Bien introduit, il a partagé avec ses amis politiques l’euphorie, l’enthousiasme et le travail acharné qui ont accompagné la mise en place d’un parti solide dans son espace politique qui s’étendait de Mbandjock à Nanga-Eboko en passant par Nkoteng. N’ayant pas fait des écoles d’élites, ce fils du pays profond, par sa discipline, avait un ardent désir, de toujours parfaire ses connaissances.

Notre famille a perdu un de ses fils de grande valeur et une étoile. La disparition de Souley a privé la section RDPC de sa vitalité politique  authentique. C’était un grand homme politique, il laisse le souvenir d’un citoyen patriote, humble, irréprochable et qui a servi son pays avec dévouement. Je me complairais à dire aux hommes politiques, qu’on ne tue pas pour devenir roi. C’est avec des arguments politiques qu’on accède à l’hégémonie. Souley est mort seul dans le champ familial. Certaines personnes meurent seules, et d’autres meurent dans une foule. Sa mort violente, prématurée et dramatique nous a laissés perplexes, dévastés, indignés, des chocs qui marquent  encore les esprits.

Nous ne pouvons pas imaginer pourquoi un jeune, humble, généreux, talentueux, aimant, philanthrope peut être  froidement assassiné. Ceux qui l’ont fait, continuent  de caresser leurs enfants, cependant, ils ont privé d’autres enfants de leur père. Ils continuent d’embrasser leur femme, ils ont privé une femme de son mari ;  ils continuent de voir leurs frères et sœurs, mais ils nous ont privés le nôtre. Je suppose qu’ils ont fait cela parce que certains  cerveaux et certains  esprits sont limités. Chacun de nous connaît l’histoire. Souley était une étoile filante qui aimait son pays, sa famille et ses amis, c’est un prodige frère qui a donné son dernier souffle à son parti dans tous les sens du mot. Tant de monde l’ont entouré pendant ses  obsèques. C’est un super-héros couché dans la terre nourricière, il nous reviendra parce qu’il nous appartient.

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