par Jeanne Tchakouté
Journaliste éditorialiste.
“JE NE ME METTRAI JAMAIS DANS LA RUE POUR DEMANDER L’AUMÔNE MALGRÉ MON INFIRMITÉ.”
Belmondo n’avait que deux ans quand il perdait l’usage de ses membres inférieurs. C’est en voulant traiter le paludisme dont il souffrait qu’à l’hôpital, on lui avait fait une terrible injection, cause de son infirmité. Aujourd’hui âgé de soixante-quatre ans, Belmondo ne reste pas les bras croisés. Sa houe lui permet de gagner sa vie. Une vieille béquille renforcée par de vieux tissus noués et un court morceau de bois tenant lieu de canne lui servent de support pour ses déplacements. L’amour pour sa houe, principal matériel de travail. Belmondo retourne le sol et recouvre de terre les racines des tubercules. En amenant leur progéniture à l’époque, mignon garçon de deux ans, prénommé Belmondo malade à l’hôpital, ses pauvres parents étaient loin d’imaginer que là-bas, leur progéniture troquerait son paludisme contre un handicap à vie à savoir, la fin de l’usage de ses membres inférieurs. Triste sort.
Très aimé à Batela, ce quartier de Bangangté qui l’a vu naître et grandir, Belmondo contre sa volonté à deux ans seulement est désormais sans ses deux jambes à cause des injections reçues à l’hôpital alors que ses parents l’y avaient amené pour un traitement contre le paludisme. De leur vivant, ses parents avaient porté ce problème sur leur conscience. En épuisant leurs petites économies dans les hôpitaux et dans l’espoir que leur fils retrouve un jour la forme ; ils ont finalement compris après plusieurs années que c’était peine perdue. Ce fut impossible. Cependant, Belmondo grandissait normalement et jouait au football avec ses amis. Au sein de l’équipe des enfants du quartier, c’était lui le gardien des buts, souvent très acclamé pendant les matchs. Après son cycle primaire, Belmondo a cessé d’aller à l’école.
Il s’intéressait davantage aux travaux manuels, surtout dans les champs. Il aimait travailler avec la houe. Jusqu’ aujourd’hui, c’est grâce à cette houe qu’il gagne son pain quotidien. Orphelin depuis plusieurs années, Belmondo a toujours été un enfant sociable, et très affable. Son bon caractère lui attire beaucoup d’amis. Travailleur acharné et sans complexe, il se bat comme tout le monde pour vivre. A ceux qui lui demandent de prendre souvent du repos, il répond avec sourire » Je ne me mettrai jamais dans la rue pour demander l’aumône malgré mon infirmité. » Belmondo a beaucoup d’ambitions. ll est animé par la rage d’occuper désormais ses week-ends en vendant des articles sur un comptoir bien achalandé. Cependant, il lui faut un fonds de commerce.