Quand on parle de Haïti, physiquement, je vois l’Afrique sous tous ses aspects. C’est le premier pays qui a ôté la honte à l’Homme Noir et qui lui a redonné sa puissance et sa liberté. Mais c’est aussi le pays qui fait le plus peur dans les sentiments qui l’animent. C’est le pays au monde qui eu le plus de présidents depuis 1804. Le fameux 1804 qu’ils ont tant brandi. Haïti fait ressentir à travers le monde le poids douloureux de son histoire qu’elle n’a toujours pas assumée, le jour où la négritude s’est mise debout pour prendre son destin en main.
C’est le grand choc qu’on ressent sur cette terre mère de la liberté. Haïti patrie chérie de tous, serait aujourd’hui le modèle, mais à ce jour, ce n’est pas un modèle à suivre, on a l’impression que tout est trahi, pourtant l’Afrique est vivante en Haïti. En termes de modèle, on ne peut l’observer qu’au niveau de la pensée. Une pensée qui prend sa source à 1804. Haïti dans la marche de sa vie, on peut imaginer que seuls les Duvalier ont bien dirigé ce pays. Dire cela risque de blesser ceux qui ont subi ses frasques, mais à son époque, il ne pouvait faire autrement. Il a fait régner l’ordre dans ce pays. Ce pays est ingouvernable parce que tout le monde veut être roi. Un pays en proie à la violence, né dans la violence et qui se nourrit d’elle.
Le président Duvalier était un grand homme, il a vécu une belle histoire. C’était un homme profondément patriote qui a su imposer par sa grande stature sa propre vision de Haïti afin de contribuer à l’assainissement d’une société haïtienne dont l’ambiance dantesque avait autrefois miné ses prédécesseurs. Homme intellectuel et charismatique, le médecin président avait agi en bon patriote, réussissant à rallier derrière lui, tout le peuple de bonne foi épris de paix. Il était aimé et beaucoup aujourd’hui le regrette car, il a fait montre d’une aptitude exceptionnelle où ses contemporains n’ont pu réussir.
Haïti c’est comme d’autres pays de l’Afrique, il faut des dictateurs éclairés sinon on ne s’en sort part. Papa Doc avait laissé une marque de fabrique, son fils a essayé mais, il avait une jolie femme. Il était obligé d’abandonner. Et depuis là c’est le désordre, c’est les gangs. Machiavel disait qu’il vaut mieux être craint que d’être aimé, tout président Haïtien doit s’employer à cette maxime s’il veut faire marcher ce pays. Car c’est un pays difficile. Depuis hier on parle de conseil présidentiel de transition en Haïti, né de longues et difficiles tractations, et que les membres de cette transition ont prêté serment jeudi 25 avril après la démission officielle du Premier ministre Ariel Henry et doit maintenant s’atteler à la lourde tâche de gouverner le pays. Est-ce que tout cela donnera quelque chose ? Je n’y crois pas.
C’est un pays gangréné par des prédateurs de tout bords. Comment les gangs peuvent maitriser un pays et le paralyser ? Les premiers des gangs sont les grandes puissances qui ont subtilement repris ce pays en main par des voies loufoques. La cérémonie faste qu’on a observé hier au palais présidentiel et à la primature haïtienne, agrémentée de fanfare n’est qu’une recréation. La violence va reprendre d’ici quelques mois. Je dis bien dans les prochains jours ça va tonner dans les rues. C’est un pays de merveille. Il y a un anachronisme merveilleux. Le pays des incantions. Pays du vaudou. Un pays de 7 millions de gouverneurs, comme ils ont été gouverneur de la rosée. C’est comme ça Haïti chacun veut un jour arriver au pouvoir et quand tout le monde veut être président tous les autres fonctions sont négligées.