Mag-Afriksurseine-Mars-2024

DR ANNICK TCHAM CARDIOLOGUE REPOND A NOS QUESTIONS

DR ANNICK TCHAM

Docteur Annick Tcham est cardiologue, elle travaille à Paris, elle exerce également en libérale. Il lui arrive fréquemment de sortir de sa zone de confort et de parler de son métier à bâtons rompus, l’équipe d’Afriksurseine l’a rencontrée et au cours d’un long  bref entretien, elle nous a livré  l’expérience qu’elle a acquise dans sa profession.

Bonjour Dr Annick Thiam, nous sommes heureux de nous entretenir avec vous pour la première fois. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet est-ce que vous pouvez vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis Dr Annick Tcham cardiologue. Je suis d’origine camerounaise, j’exerce à Paris,  spécialiste des maladies cardio-vasculaire. je suis très régulièrement entre deux avions lorsque le devoir m’appelle dans d’autres continents.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire ?

J’ai étudié au Cameroun, après mon baccalauréat, j’ai intégré la faculté de médecine de Cocody en Côte d’Ivoire,  où j’ai effectué les trois premières années de médecine. Ces trois années représentent  essentiellement une grande partie de la  théorie, or, la médecine est un domaine qui requière beaucoup de pratiques à partir même de la première année.  Il faut être régulièrement en stage dans un hôpital.  Plus tard,  j’ai intégré la faculté Victor Segalen de Bordeaux II. Suite à une convention Ivoiro bordelaise, c’est ainsi que j’obtiens mon doctorat en médecine. Puis je débute ma spécialisation de médecine en France. je tiens à signaler que pendant tous ces années, je fus  lauréate de ma promotion. Je me suis  spécialisée donc en cardiologie, maladie vasculaire où j’ai pu bénéficier de 6 ans de formation. Actuellement, je travaille, à l’hôpital Pitié-Salpêtrière et l’hôpital  Américain de Paris. J’exerce également en libérale.

Vous venez de dire que vous êtes cardiologue, pour l’intérêt des lecteurs, que fait le cardiologue dans une institution hospitalière ?

Le cardiologue comme son nom l’indique, s’occupe  des maladies du cœur et des vaisseaux. On est chargé de la prévention cardiovasculaire par la prise en charge des facteurs des risques  et secondairement on  traite  en cas de maladie cardiovasculaire des patients porteurs de cardiopathie ou atteint de maladies vasculaires. Pour ma part, j’occupe le poste d’attaché auprès de l’hôpital de jour de la Pitié-Salpêtrière où je m’occupe particulièrement des personnes  greffées cardiaques et des patients en insuffisance cardiaque très avancés. Au sein de l’hôpital américain, je m’occupe de patients déjà porteurs de maladies cardiaques qui nécessitent un suivi. Et au sein du cabinet, j’assure le suivi de patients porteurs de cardiopathie et principalement de la prévention cardiovasculaire. Je suis donc spécialisée dans les maladies cardiovasculaires.  Je m’occupe donc essentiellement de patients atteints de pathologies cardiaques (maladies avérées, victimes d’infarctus) ou possédant de nombreux facteurs de risques cardiovasculaires,  d’où l’essentiel repose sur  la prévention des  maladies avant qu’elles ne surviennent.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à faire ce métier et à partir de quel âge avez-vous eu envie de l’exercer ?

Ce qui m’a poussé à exercer ce métier est d’une part ma sensibilité, je suis quelqu’une assez sensible à la personne humaine. C’est la première chose qui m’a conduit à exercer la médecine d’autre part, j’ai eu un papa très malade et sa maladie nécessitait beaucoup de soins. Etant donné qu’il n’y avait pas de médecin dans la famille, ça m’a également donné l’envie d’exercer ce métier. j’ai eu à effectuer un stage en pédiatrie en 1ere et terminale qui m’a permis de me familiariser à la médecine. Concernant la médecine, tout ce qui palpite comme le cœur m’inspire. Il est l’organe central, le plus logique possible et le plus carré. Et, en tant que cartésienne dans l’âme, cela me correspondait très bien. Sa fonctionnalité, le côté palpitant de cet organe est tout ce qui m’inspire. Je ne me voyais pas faire autre chose

Pouvez-vous nous décrire une journée de travail ?

Alors ce que je dois vous dire, c’est que les journées ne se ressemblent pas, je suis appelée à  rencontrer beaucoup de patients dans mon travail ;  c’est un métier qui requière beaucoup d’attention et de patience ;  mais je suis très épanouie de le faire parce que chaque journée  m’enrichit. Il n’y a pas d’heure pour travailler, quand le devoir m’appelle, je dois être au lit du patient. Je me lève si mon programme m’implique,  je commence le matin avec des visites médicales de personnes hospitalisées. Cela peut prendre des heures selon les cas , le temps de voir tous les malades et régler les différents problèmes. Plus tard en soirée, je peux faire des consultations, cela  peut subvenir le matin si j’ai des rendez-vous. On doit tenir compte aussi de ceux qui viennent pour divers dépistages ou pour poursuivre une activité physique et faire des test, il faut s’occuper aussi de ceux qui viennent pour des examens  comme les échographies cardiaques ou les électrocardiogrammes.

Devant le malade, qui écoutez-vous votre cœur ou le cœur du patient ?

Face au patient, on effectue une prise en charge globale qui inclue les facteurs sociaux, environnementaux et les facteurs propres aux patients et les recommandations médicales. On fait un mix de tout cela et on essaie d’apporter la meilleure solution adaptée au patient,  tout en restant dans le cadre des recommandations parce que l’exercice médical est quand même encadré et il y a quand même un conseil de l’ordre des médecins sur la tête. C’est au cas par cas.  On ne peut pas se permettre de faire trop d’écart, mais on tient quand même compte du cœur du patient de notre cœur de nos sentiments effectivement, mais pas trop ….. Ni trop près ni trop loin.

Quels sont pour vous les inconvénients et les avantages de votre métier ?

J’exerce un métier pour lequel je suis Née parce que pour moi, c’est un métier patient. Donc que je n’y vois que des avantages particulièrement et puis c’est un plaisir quotidien de l’exercer. Donc, pour ma part en tant que libérale, j’ai une certaine liberté sur mon emploi du temps et une certaine mobilité en fonction des différents sites où j’exerce. Je trouve que ce sont des avantages de pouvoir changer d’environnement de travail et puis on travaille en équipe diversifiée dans le privé comme dans le public ce que j’apprécie beaucoup. C’est un métier purement intellectuel, pas trop physique en dehors de quelques situations  d’urgence où on peut être amené à être plutôt sportive  et puis il y a un avantage lucratif puisque c’est un métier qui paie bien et qui est assez noble. L’inconvénient est l’emploi du temps, il fut un moment où j’effectuais beaucoup de gardes, cela était chronophage et incompatible avec ma vie familiale, donc c’est un métier qui peut être prenant et si on ne procède pas à certains contrôles, on laisse peu de place à la vie familiale. Don il faut savoir trouver le juste milieu

A quel moment êtes-vous, reconnaissez-vous que ce travail est ardu ?

Il est souvent difficile de prendre une décision concernant une prise en charge plutôt invisible d’un patient, interventionnelle ou chirurgicale, c’est souvent un tournant un peu critique. Donc entre le patient, le chirurgien et le cardiologue, les décisions ne sont pas aussi simples pour le patient mais quand il faut y aller, il faut y aller avec parfois l’obligation de passer devant un staff multidisciplinaire pour avoir parfois le fin mot de l’histoire. Ce sont des moments parfois difficiles puisque c’est la vie des gens qu’on a entre les mains.

Quels sont les plus grands défis à relever dans le domaine de la santé par exemple en Afrique ?

Les défis sont surtout au niveau mental, les gens doivent comprendre, qu’il est préférable de prévenir que guérir : c’est mon cheval de Troie actuellement au Cameroun où je fais des préventions cardiovasculaires, des préventions de facteurs de risques d’hypertension, de diabète, de tabagisme, hérédité. Ce sont des facteurs de risques qui ne sont pas douloureux et ne donnent pas de fièvre et sont donc asymptomatiques ; on ne ressent rien, mais c’est lors des complications que cela devient catastrophique et on arrive parfois trop tard. Pour ma part, beaucoup de choses doivent être changées d’un point de vue mentale ; les gens doivent intégrer le concept de prévention et non de catastrophe sanitaire. C’est ce qui doit être fait avant d’aller plus loin. Ensuite, nous devons nous donner les moyens pour faire cette prévention. Au niveau national, J’attire l’attention, des autorités publiques de la santé afin qu’ils facilitent les campagnes de dépistage des facteurs de risque, la formation sur les maladies cardiovasculaires et l’accès au soin. L’accès au soin est réservé à une minorité raison pour laquelle les gens ne cherchent pas à se prendre en charge quand ils se sentent bien et ne recherchent pas les maladies cachées qu’ils seraient susceptibles d’avoir et cela est lié à leur situation économique.

Imaginez que vous retrouvez dans un hôpital archaïque comme dans nos villages et vous avez un malade qu’il faut opérer, comment allez-vous procéder ?

Urgence chirurgicale, c’est la course à la catastrophe, il faut d’abord prendre les charges les signes critiques, il faut voir ce que je peux faire pour le transport de ce patient, vers un hôpital doté d’un bloc opératoire, qui pourra le prendre en charge, je ne peux pas opérer un miracle, la seule chose que je peux faire c’est de stabiliser ce patient, avec des examens moins évasifs aussi, voir qu’elle type d’examen on peut proposer sans mettre en péril sa vie avec les moyens de bords.

Selon vous, la technologie a-t-elle modifié la façon de penser des médecins ?

Les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle à l’heure de l’informatique n’ont pas modifié les fondements de la médecine, bien qu’elles aient  apporté bon nombre d’innovations pour la santé,  notre travail si je prends mon cas, je prends les innovations telles que l’intelligence artificielle, la nanotechnologie, mais également la robotique médicale ou la télémédecine comme  des opportunités substantielles  pour améliorer la qualité des soins de santé et la vie des patients,  mais le reste repose sur l’écoute du patient et la voix du médecin. J’ai une activité vocale qui est superbe. Les nouvelles technologies ont facilité notre exercice mais le médecin est celui qui décide.

Comment vous contacter en cas de besoin au Cameroun ou en France puisque je sais que vous avez un cabinet au Cameroun.

Pour la France je laisse mon numéro WhatsApp 00 33 658 99 49 68, on peut m’avoir sur WhatsApp,  pour ceux des patients du Cameroun voici le numéro 00237 693 447 810.

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