Autour du stade omnisport de Japoma, des milliers de personnes se rassemblent, baignées par la douce lumière du crépuscule. Certaines sont debout, d’autres assises, et quelques-unes dorment paisiblement. Il est 18h30, et environ 20 mille âmes attendent avec impatience, le cœur battant, bouteille à la main et un petit baluchon accroché à leur dos. Ces jeunes, pour la plupart camerounais, ont parcouru des kilomètres depuis tous les coins du pays. Pourquoi ? Parce qu’un pasteur, à la tête d’une église de réveil baptisée « Kanguka », sera présent le lendemain. Cette église, dont le nom signifie « réveille-toi » en français, est le symbole de l’espoir pour ces âmes en quête de lumière. Le lendemain, l’homme qui dirige cette église, un certain Chris Ndikumana, fait son apparition. C’est un homme beau on aurait dit un mangeur de mil, il est aussi majestueux qu’un paysan au milieu d’un champ de maïs en plein essor. Autour de lui, des dizaines de personnes veillent sur sa sécurité, car il est le gardien de leurs espoirs.
Dans les yeux de ceux qui l’attendent, on peut voir une lueur d’espoir et de bonheur, une promesse de jours meilleurs. Mais dans les yeux du pasteur lui-même, c’est un regard différent, un regard mystérieux empli de secrets. Lui seul sait pourquoi il a ce regard, pourquoi il ressent cette connexion profonde avec son public. Il sait que, en ce lieu sacré, il a trouvé des proies, des cœurs prêts à aimer, un champ de rêves où ses versets bibliques pourraient fleurir. Au Burundi, cette église extraordinaire fait battre les cœurs et enflamme les âmes burundaises, mais comme les cœurs ne battent jamais pour une seule personne et dans un seul endroit, cette église s’est exportée au Cameroun.
Le pasteur Chris Ndikumana, cet homme dont la destinée a été sculptée par des moments spirituels intenses et des défis personnels a une histoire riche en anecdote. Son église dit-on est une église de transformation, d’amour et de foi qui transcende les frontières de la réalité. Dans son pays natal, les opinions sur Chris Ndikumana varient grandement. Certains le voient comme un charlatan, d’autres comme un fanfaron. Quand on parle de Chris Ndikumana au Burundi voici les réponses qu’on entend. « Pardon passe avec ça », « nous on le connait, pourquoi il ne fait pas ses choses-là ici », « il fait quelle prière ? » « il a déjà guéri qui ? », il ne peut même pas rassembler cent personnes au Burundi, je n’en revenais pas. Pourtant, au fond de lui, Kanguka est porteur d’un message d’amour et d’espoir qui transcende toutes les critiques. Il est dit que « nul n’est prophète en son pays », mais Kanguka a trouvé sa place dans le cœur de milliers de fidèles au-delà des frontières.
L’Afrique, malgré les conseils de revenir aux croyances ancestrales, connaît actuellement une passion dévorante pour les religions étrangères. Les églises débordent en Afrique, trouvant une nouvelle maison dans des pays tels que le Cameroun, la terre des « lions indomptables ». C’est là que l’histoire de Kanguka peut-être prendra son grand envol. 200 mille personnes, qui n’avaient pas les yeux bandées sont venus à sa rencontre. Kanguka, de son vrai nom Chris Ndikumana, est un homme au destin exceptionnel. Il a grandi dans un environnement empreint de noblesse et de timidité, des caractéristiques qui ont façonné son chemin mais n’ont jamais occulté ses luttes intérieures. Sa vie a pris un tournant monumental lorsqu’il a rencontré Jésus-Christ au hasard après avoir raté des ambitions dans le commerce minier, une expérience qui a éclairé son âme d’une lumière divine. Dans sa jeunesse, Chris rêvait de devenir un grand basketteur ou un footballeur renommé, mais sa rencontre avec la foi l’a poussé à embrasser une carrière spirituelle malgré lui. Il a choisi de mettre de côté ses rêves de gloire sportive pour partager l’amour et la grâce de Dieu avec le monde apportant une touche personnelle grâce à sa grande stature de mannequin.
Chris Ndikumana est un homme haut en couleur. L’histoire de cet homme est un récit fascinant d’ambition et de transformation, mais aussi d’amour et de foi. Il avait un rêve de richesse et a même exploré les mines pour comprendre les tourments des mineurs. Cependant, il a finalement abandonné cette voie pour une opportunité qui changera sa vie. C’est sur internet, tout en gérant un site web confié par un certain Alphonse, qu’il a fait une rencontre qui allait marquer un tournant décisif dans son existence. Il a découvert le pouvoir de ses mots et de son charme sur les femmes. Il semblait connaître le secret des femmes, il parle c’est un parleur, et la femme c’est ce qu’elle entend. Sa rencontre avec une femme vivant au Canada pour s’installer en Afrique a suscité des sympathies et des discussions animées dans son quartier. Les gens étaient fascinés par le fait qu’il avait réussi à convaincre une femme vivant en occident de retourner en Afrique vivre avec lui. Cette prouesse a contribué à construire sa réputation et à attirer l’attention sur lui.
Lorsqu’il a lancé sa première église, elle s’est rapidement remplie de curieux et de fidèles désireux de voir cette femme venue d’Europe. Chris a utilisé tous les moyens à sa disposition pour bâtir son empire, et le nom « Kanguka », qui signifie « réveillez-vous », est devenu synonyme de renouveau spirituel. Son rassemblement au stade Japoma, où il a mobilisé 200 000 personnes, a été un phénomène rare au Cameroun, un pays souvent reconnu pour son intelligence. Les gens sont venus de loin pour assister à cet événement, espérant trouver un nouvel espoir dans ses paroles inspirantes. Cependant, malgré les discours et les citations des versets bibliques, certains sont repartis avec un sentiment de malaise, de famine et de pauvreté. Et un pasteur comme celui-là ne peut pas rentrer les poches vides, il roule carrosse, il mange bien, il est toujours bien et il est bien entouré au moment où l’ignorance et la souffrance continuent d’affecter certains de ses disciples.
L’histoire de Chris est donc celle d’un homme ambitieux qui a trouvé sa voie dans la spiritualité, mais qui suscite également des interrogations sur l’impact réel de son ministère sur la vie de ses fidèles. Parce que les fidèles ne changent jamais. Ils sont comme il les avait trouvés et il repart en les laissant dans les mêmes problèmes. Dommage nous sommes dans un continent assoiffé de spiritualité. Pendant mille ans, ils seront toujours là portant sur le dos cette ignorance grasse comme une carapace. C’est pourquoi ceux qui sont venus à ce rendez-vous ont quitté ses rassemblements avec un sentiment de vide. L’homme, probablement riche et influent, n’a peut-être pas pu résoudre tous les problèmes de ses fidèles. Cependant même si l’histoire de Kanguka est une histoire d’amour et de foi, une histoire de transformation et de dévouement il reste une église de réveil avec tous ses attributs. Il va très certainement toucher les cœurs, mais il ne pourra pas changer le destin d’un camerounais. Puisque tout le pays est inondé de ce genre de coquetterie et la misère n’a cessé de gagner du terrain. C’est tout simplement un romancier. Les églises de réveil, il faudra les laisser faire. il ne faudra pas les faire disparaitre, si elles offrent quelque chose, elles resteront, si elles n’offrent rien elle disparaitront d’elles-mêmes.
