PAR SERGES NGOUNGA
Jadis appelée Gerbi ou Zerbi, traversée par Ulysse, qu’Homère raconte dans son célèbre ouvrage « L’Odyssée« , cette île située au sud-est de la Tunisie, est un endroit privilégié de la Méditerranée, connue pour ses belles plages mais aussi pour ses maisons blanches aux portes bleues, habitée par des populations berbères hospitalières offrant à chaque visiteur un thé à la menthe au parfum exceptionnel. L’ensemble des villes de cette île de 514 km2 est dominé aussi bien par ses paysages désertiques que par les traces de ses influences culturelles d’origine berbère, arabe, africaine et juive. Véritable oasis de paix et de ressources, ce cadre touristique permet de prendre une distance vis à vis du monde bouillant des capitales urbaines, loin du climat hivernal des villes occidentales. Chaque paysage et chaque rencontre offrent ici une multitude d’impressions agréables :
– Lorsqu’on se promène dans les souk de Midoun ou d’Houmet Souk, divers senteurs s’échappent des milles épices de la région ;
– Les produits de l’agriculture et de la pêche s’offrent à foison pour toutes les bourses et surtout permettent aux assiettes d’offrir un véritable régal des cinq sens; – Les tisserands de tapis et autres beaux djelaba rivalisent d’ingéniosité au près des tanneurs et autres travailleurs manuels ;
– L’architecture locale dresse des bâtisses chargées d’histoires entremêlées permettant aussi bien une plongée dans l’histoire que la projection dans la cité futuriste de Stars Wars; – La douceur du climat alliée à la splendeur des espaces riches en palmiers, dattiers, oliviers et autres plantes désertiques nous plongent sans cesse dans un désir d’inspiration, d’évasion, d’apprentissage et d’écriture. Écrire pour partager, écrire pour transmettre, écrire pour donner à voir et à sentir un monde capable de donner le meilleur de lui et de recevoir sur ses terres des pèlerins venus d’Europe, d’Asie, d’Amérique, d’Afrique. Un tour dans le désert permet de compléter la palette de sensations et d’apprécier à suffisance la beauté du vide. Au milieu de nulle part, entre dunes de sable, et de quelques arbustes désertiques, le disque solaire s’impose en majesté, permettant de saisir aussi bien la limite de l’humain que sa petitesse dans un monde où l’homme n’est qu’un usufruitier.
Saurons-nous prendre suffisamment soin de cette planète pour mieux la léguer aux générations à venir ?… C’est toute une autre histoire. La porte du désert tunisien ne peut nous empêcher de penser aux milliers de sud-saheriens venus du Cameroun, du Sénégal, du Soudan qui fuyant leurs conditions précaires se lancent dans une aventure sans certitude pour atteindre les portes d’une Europe dont on imagine souvent à tort un eldorado…. C’est aussi le lieu de se rappeler les propos controversés, il y a quelques mois du président tunisien, qui dans une pensée dénuée de sens voulait renvoyer chez eux les africains.. Bref, en tout lieu et en tout temps, les populations ont toujours su faire preuve d’un meilleur sens de l’hospitalité que ses dirigeants politiques. Mon escapade djerbienne a été enrichissante en tout point de vue et me donne l’occasion d’apprécier ma beauté des richesses de ce monde. Chacun doit prendre sa part de cet héritage, de l’entretenir au meilleur de ses émotions et compétences.