Cela fait bientôt un an que le corps de cet homme repose dans la morgue. Sachons qu’un corps, bien qu’inerte, demeure encore considéré comme un membre de la famille. L’attitude de notre pays dans la gestion de cette affaire est véritablement choquante. Je ne blâme personne, mais je réclame simplement que la justice soit rendue. Des événements en apparence anodins peuvent engendrer de graves crises. Le fait que le corps de cet individu reste non inhumé représente un danger flagrant. Nous ne devons jamais prendre à la légère le respect dû aux morts, quel que soit leur statut dans la société.
Les morts ont leur dignité, car ils ont été des êtres humains. L’année dernière, j’avais déjà mis en garde contre la négligence dans la gestion de cette affaire, prévoyant qu’elle pourrait avoir des conséquences graves. Ce que nous constatons actuellement en est le début. Dans la vie, même si une personne est perçue comme un ennemi, nous nous porterions à son secours si nous la voyions en danger. La mort de Martinez révèle une image sombre d’un pays qui semble cynique. Des actes atroces obscurcissent la réputation de notre nation et de son karma. Même si nous ne pouvons pas nommer de coupables avec certitude, nous comprenons très bien ce qui se trame.
Les Camerounais ne sont pas naïfs. La mort de Martinez Zogo est un acte odieux. Il est inutile de chercher à le comparer à d’autres crimes ailleurs. Même si Martinez n’était qu’un citoyen ordinaire, il est impératif de comprendre que le destin du Cameroun peut être influencé par cette affaire. Les dirigeants de notre pays doivent en être conscients. Le Cameroun est une grande nation, et peu importe le poste que vous occupez dans votre carrière, il est essentiel de préserver votre humanité. On ne peut pas construire un Cameroun en faisant abstraction des valeurs humaines. Que l’on soit riche ou pauvre, grand ou petit, chaque individu mérite le respect en tant que personne. Martinez Zogo n’était peut-être pas un intellectuel de renom, mais son destin a entraîné la chute de personnalités influentes, les laissant impuissantes.
Je réitère ce que j’ai écrit il y a un an déjà : les détenteurs du pouvoir doivent faire preuve de prudence, car ce crime a choqué la conscience de chaque Camerounais et bien au-delà. Nous attendons que justice soit rendue, car l’innocence d’un criminel doit pousser les enquêteurs à identifier les véritables coupables. Les individus appelés à protéger les plus vulnérables ne doivent pas se permettre de les torturer, de les humilier et encore moins de les tuer. C’est un crime inacceptable. Si les faits se sont déroulés comme décrits, cela suggère qu’une force inconnue, une sorte de justicier, a exposé ces délinquants à la face du monde. Dans notre pays, des évêques et des prêtres ont également été assassinés. Il n’est pas nécessaire d’être un théologien pour comprendre que l’assassinat d’un évêque est inacceptable. Le crime concernant Martinez est une continuation de cette malédiction. Notre quête n’est pas celle de la notoriété, mais celle de la justice. Il est question du Cameroun, et nous ne devons pas léguer à notre jeunesse un Cameroun marqué par de telles cicatrices. Le monde entier continue d’observer de très près l’évolution de la situation.
Les hommes d’Etat dans leur fonction
La fonction ministérielle est empreinte de dignité, et tout ministre qui ne parvient pas à honorer cette fonction doit en répondre devant la justice. Nous attendons avec impatience que la vérité éclate, une attente qui perdure jour après jour. Pour ce qui est des hommes d’État, je veux dire les présidents, les ministres et les ambassadeurs, les services de sécurité, leur rôle exige qu’ils soient des individus cultivés et empreints d’une éthique irréprochable pour accomplir leur mission. Ils doivent être des exemples de probité morale, et leur sélection repose probablement sur leur parcours exemplaire et leurs compétences indéniables. De nos jours, nous observons que ceux qui servent la nation semblent obsédés par le pouvoir, devenant des ambitieux dépourvus de scrupules. Il est inadmissible que des hommes d’État sollicitent des faveurs pour eux-mêmes ou pour leurs proches dans un contexte professionnel. Leur rôle exige non seulement de la discrétion, mais également de l’honnêteté et de l’intégrité.
Peut-on citer un homme d’État au Cameroun qui puisse se prévaloir de telles références ? Nous sommes témoins de certaines choses, nous observons, nous entendons, et au lieu de recevoir de bonnes nouvelles quant à l’avancement de la procédure, nous sommes abreuvés de communiqués redondants, dont les formules sont déjà connues. Est l’objectif de préparer l’innocence des prévenus ? Je persiste à affirmer que le crime de Martinez est un acte criminel abject, il est inutile de vouloir le dissimuler, car le prix à payer sera élevé. Cela ouvrirait la voie à la victoire de l’opposition, qui serait alors reconnue par la communauté internationale comme une victoire incontestable.
Cela constituerait un tournant dans cette tragédie, avec des conséquences politiques graves si mal géré. Nos dirigeants doivent être en mesure de lire les signes des temps et comprendre que l’affaire Zogo est d’une importance capitale à tous les niveaux. Nous sommes à un carrefour où la jeunesse aspire à redonner sa dignité à notre beau pays. Laissons-leur au moins un pays propre à gérer, même si nous n’avons pas pu leur montrer le chemin vers la prospérité. Les hommes d’État ne doivent pas contribuer à créer des monstres ni organiser des festins pour des vampires. Nous ne réclamons pas de bienveillance, nous exigeons justice.
Le corps et l’esprit de Zogo persistent dans l’attente de la justice, car son esprit ne trouvera la paix que lorsque justice lui sera rendue sur cette terre. En cette période de prière et de nouvel an, nous nous tournons vers Monseigneur Benoit Mballa pour qu’il soit notre guide intime. Où qu’il soit depuis son assassinat, qu’il vienne illuminer l’obscurité. Nous croyons qu’il est présent et qu’il nous bénit. Qu’il vienne nous protéger contre les traîtres tapis dans l’ombre, ceux qui s’opposent à ceux qui prônent la justice. De ces plaisirs pervers dont la mort est le fruit. Oui, qu’il soit à nos côtés, qu’il demeure parmi nous dans cette petite terre qui aspire à l’humanisme. Où qu’il réside, que son âme veille sur son pays bien-aimé, le Cameroun. Qu’il se souvienne que l’être humain est fait pour être aimé. (Chronique écrit il y a un an et réactualisée)