J’aurai dû commencer par présenter le Cameroun lorsque j’initiais ce site. Mais le temps m’ayant manqué, j’ai dû me reporter sur les articles que j’avais publiés sur d’autres sites et les actualiser. Le Cameroun est un jeune pays. Il ne vieillit pas, ce sont ses hommes qui vieillissent et qui le rendent âgé. Pour parler du Cameroun, il faut s’abandonner au temps qui défait les saisons, qui se colle à la terre, qui fait goûter ses fruits pour retrouver le bonheur de vivre. Il n’y a rien à expliquer dans ce curieux voyage. C’est une chance de se replonger, au cœur de la vie, pour revoir le vent passer, et humer l’odeur des poussières, qui monte après les premières gouttes de pluie. Au Cameroun, on peut ramasser les étoiles tombées que les fous piétinent dans leur marche sans issue. Je reparle du Cameroun comme s’il était né hier pour ne pas glisser dans l’oubli, je retourne sur ces chemins qui sentaient les champignons.
Magnifique témoignage de la fine et prenante relation nouée avec la nature dans un pays qui dandine. Il nous attire parce qu’on veut revoir l’école où on venait avec un petit repas exposé à la fenêtre pour des mouches qui le consommaient avant nous, déposant leur nectar puis battant les ailes avant de s’envoler. Qui oublie souvent la réalité du vivant, les courages d’hier, ses colères désespérées des maitres ou des maitresses, les discours muets de nos camarades sur les défaillances des maitres, les témoignages d’affection des passants et leurs gestes échappés de tendresse comme petits signes d’espoir quand la disette s’était installée, les regards brillants d’enfants, leur formidable énergie, leur capacité à s’élever malgré le poids d’histoires déjà lourdes pour certains, cette certitude que ton pays demeure le plus beau du monde, que rien n’est possible si on ne les aime pas, s’ils ne voient pas dans sa nature les traits de confiance en l’avenir, l’exigence et la joie que procure l’effort récompensé, même infime…La vie c’est cela attraper du poisson volant, parfois lancés au clair de la lune, qui nage dans nuages, qu’on guette la tombée avant que la nuit ne frissonne jusqu’aux derniers rayons. Oui le Cameroun, le Cameroun, ce pays qui parfois nous énerve parce qu’il est très beau.
Cameroun ! Allons y pour revoir, ses habiles artisans, sa puissante vie sociale unique, ses animations du marché qui se déroulent à ciel ouvert témoins d’un passé plus glorieux, ses cultivateurs, poussant leur brouette chargé de fruit, les petites boutiques d’autrefois, sans compter le bazar actuel des motos taxis, le mille tâches des ouvriers qui débarrassent les poubelles le matin, ces pittoresques savanes de platanes du nord ; ses maisons qui s’égrènent le long des rivières ; ses chemins qui serpentent et atteignent un coteau dont le versant glisse vers des vallons épineux. Le temps est de la partie sans nous faire ombrage. Il file comme une césure. J’ai vu le Cameroun d’hier et d’aujourd’hui sa volonté d’amener le progrès, sa solide instruction orientée vers l’école. Son origine paysanne, ses plaisirs simples comme la chasse et la pêche, sa compétence, on savait tout ce qui se passait, à la minute, d’un bout à l’autre, cette intense vie de groupe, à la sortie de l’église, tout au long de l’année, des bals, des fêtes qui rompent la monotonie des jours et comblent le manque de relations.
Avec ses fleuves de crevettes, puissants, pleins de ronces barbelées ; ses océans, sa grande forêt surabondante. Les Montagnes aux prairies fertiles du pays Bamiléké ou les vipères hérissés et gutturales du Mandara ; ses hauts pâturages bornés dans ses plaines de savane et steppe ; son climat intermittent du littoral, ses faunes repliées dans le lointain labyrinthe, sans oublier sa grande race humaine hybride ; le Cameroun résume en lui seul, toute l’Afrique Noire. A le parcourir sur ses 1300 kilomètres du Sud au Nord, on connaît la gamme des paysages qui la composent. Pays de l’Afrique centrale, placé un peu au-dessus de l’équateur, est un cadeau de relief végétatif. Des variantes de ce climat qui se distinguent des vagues apaisées du Wouri à l’air brûlant de Kousséri, le souvenir des températures décrit par les climatologues, échappe à la monotonie des horizons et à la tempérance de ces régimes de sobres climatiques.
L’histoire du peuplement du Cameroun est difficile à dégager ; mais on nous enseigne que les Pygmées sont les premiers habitants du Cameroun. Le massif du Mandara est habité par des populations demeurées primitives et refoulées dans les montagnes à cause des invasions foulbés, ces populations dites Kirdis (Matakamm, Kapsiki, Mofou,). La plus marquante est celle des Bamilekés installés dans les montagnes de l’ouest jusqu’à la vallée du grand Mbam. Les origines sont diverses, certaines chefferies venant du nord et d’autres plus nombreuses. L’originalité de l’ouest et du sud Cameroun, réside moins dans son sous-sol que dans le climat et dans la végétation qui en est la conséquence. C’est le domaine de la grande forêt dont la bordure subit des dévastations accentuées. Population prolifique et au sens commercial aigu, a été préoccupée surtout par le besoin de se nourrir et de faire du négoce, une potion de terre bien exploitée. On y trouve d’immenses champs de produits vivriers et industriels, les sillons des surfaces agricoles donnent une note caractéristique au paysage.
Que les monts sont beaux ! disait le poète.
Le Cameroun est par excellence un pays des montagnes, des monts admirables qui marquent les vues ; quand on le visite, on est envahi par un sentiment de gaieté immense à cause de la richesse de son passé. Il n’est point un lieu en Afrique où la présence de l’histoire soit aussi sensible, aussi fascinante, car rien n’immobilise le temps comme l’horreur. Le Cameroun, grâce à la simplification de l’histoire, dont notre esprit reste imprégné, représente le paysage de la loyauté à la manière du bon roi. Le pays est arrosé de fleuve qui prenne source dans l’Adamaoua. Toutes les villes du Camerounais sont d’intérêts historiques, riches en témoins d’un passé glorieux. Au Cameroun, les trésors ne se comptent pas, c’est un pays immensément riche. A l’ouest les Bamouns, peuple descendant des Tikars jouent un rôle important dans l’épopée guerrière, mais aussi dans la réalité historique artistique.
Les deux principales villes du Cameroun sont Yaoundé et Douala. Douala est une ville active, si vivante, si extravertie qu’elle absorbe complètement la vie de ses citoyens, alors qu’à Yaoundé, c’est la ville des diners politiques et d’autres. Les villes comme Nkongsamba sont cernées par la solitude, le silence hantés par quelques hommes appauvris à cause de chute du café et devenus taciturnes sont tapis dans leurs vieilles maisons de « Carabotte », c’est la ville des plans, au même titre que les bureaux, des ministères où les fonctionnaires de l’état font la sieste l’après-midi, la tête sur la table, pendant que leurs chefs rentrent chez eux pour se reposer dans leur lit, mais le soir tous sont frais pour être en joyeuse compagnie dans les messes de minuit, où ils retrouvent des mélodies qui font corps avec l’obscurité.
Le pays, le climat, la lumière, la terre, la douceur, de l’air déterminent la vie et la manière de vivre. Chaque petite ville détient les éléments fondamentaux pour sa survie. Le mont Cameroun se laisse découvrir lorsque les nuages dégagent son horizon à partir de Douala. Le Cameroun, il faut le dire inspire l’attachement pour les raisons les plus diverses : son hospitalité, son affabilité et son caractère cosmopolite. Je n’ai pas parlé de l’âme camerounaise, qui réside dans le talent de ses artistes, je ne peux embrasser d’une seule vue ce pays où je suis né, mais nous entrerons en hiver, la saison de la vérité, car le froid nous fera parler.
Monts Rhumsiki Extrême-Nord du Cameroun
Une nation assise sur une culture solide. On découvre avec surprise les régions favorisées de l’ouest et le plateau de l’Adamaoua dont les premiers colons disaient que c’était une des plus belles régions d’Afrique centrale. Le Cameroun est une nation, il convient de ne pas l’oublier, on le décrit, on y rêve. Le Cameroun est une république ce qu’on est également prié de ne pas oublier quand on aborde la politique à son sujet ; le Cameroun est un pays de paix, ce qu’il ne faut pas perdre de vue et il suffit de voir son extraordinaire survie à travers l’histoire. Il y a aussi cette foi solide dans ses religions dont la rébellion des intellectuels n’a pas encore réussi à entamer. Une invraisemblable fertilité poétique, romanesque et théâtrale qui a constamment attiré l’attention du reste du monde vers ce pays.
Une mosaïque de tribus
Dans cet assemblage naturel, si divers, c’est une humanité plus diverse encore ; les sociologues ethnologues y ont dénombré 651 tribus ou ethnies dont chacune, bien entendu, dont les spécialistes adonnent aux délices de la controverse sur les origines et le chemin des invasions, prolongeant jusqu’à nous l’écho des tam-tams, de guerre et du galop des conquérants foulbés. Ce qui compte d’abord au Cameroun, c’est son histoire, puisqu’il est le berceau des ancêtres. Qui ignore cet aspect se perd !
Le Cameroun n’est pas une génération spontanée, il est une création de l’esprit, un esprit fécond qui chaque jour se fertilise. Tout se passe comme si cette terre fertilisait à partir d’éléments composites et très anciens. Une région de la terre qui ne ressemble à aucune autre. Des paysages de tous les goûts, qui ressemblent à ceux rencontrés en Afrique. Je pense à ces savanes des pays sahéliens comme au Mali et Sénégal, une côte océanique qui ressemble à ceux de l’Afrique du Nord méditerranéen ; une végétation luxuriante qui rappelle les pays bantous du sud la république démocratique du Congo, des îles de Manoka comme ceux des Madagascar. Le nord Cameroun avec des somptueux parcs, des ravissants jardins, le climat océanique et du vent des villes comme Douala ou l’on entend dans la rue parler anglais ouvre le même fort accent qu’aux États-Unis, des groupes d’orchestres des danses traditionnelles qui sont à l’origine de la musique folklorique et des figures. On pourrait dire que le Cameroun s’est physiquement et moralement laissé gagner par le reste de l’Afrique et le monde.
Des générations d’hommes se succèdent marchant des succès plus ou moins éclatants cernés d’obstacles, mais toujours debout vers leur destin. Commun aux peuples primitifs, en même temps stagnant et plein de tumulte, de violences, et déjà les progrès accomplis l’ont refoulé comme au fond des âges. La paix fut le premier bien acquis, si elle apparaît la sécurité au lieu de l’existence hasardeuse d’autrefois, elle ne suffisait pas pourtant à faire entrer le pays dans le vingtième siècle pas plus que n’y suffisaient la technique ni la simple transposition de nos lois. Un étranger ne verra pas le Cameroun avec les mêmes yeux. Ce qui faut savoir le visage du Cameroun change avec une rapidité extrême, parce qu’il a un esprit profond et cet esprit est en œuvre, le Camerounais est un Camerounais. Il n’est pas un Congolais, il n’est pas un Ivoirien, ou encore un Sénégalais, seul le Camerounais peut révéler à ce pays sa propre personnalité, il connait le chemin qu’il doit suivre pour arriver dans le monde moderne, cela en associant chaque jour davantage à notre effort celui de cet habitant. Souvent, notre impatience, de brûler les étapes est aussi grande que celle des élites locales, mais, s’appliquant à la matière humaine, l’ouvrage ne peut se passer de temps et de réflexion. Il donne sous une forme attrayante, l’inventaire du patrimoine de ce territoire, et derrière la façade changée et embellie, il montre la survivance des coutumes et la richesse de la tradition. L’étrangeté n’est saisissante que le touriste à peine arrivé il veut aimer ce qu’il l’attirait au Cameroun.
Le Cameroun sous mandat français, fait anodin.
En 1938, monsieur Gaston Monnerville, alors sous-secrétaire d’état aux colonies, plantait à Yaoundé devant le palais du grand chef Charles Atangana l’arbre de la liberté. Quelques années plus tard, le président Albert Sarraunt renouvelait ce geste symbolique. On parlait de l’arbre de l’alliance scellée entre le Cameroun et la France.
Les premiers intellectuels camerounais d’alors furent heurté par cette cérémonie qui leur semblait comme une atteinte à leur émancipation et presque un plan qui ficelait leur sort entre les mains des colons. Le professeur Gaston Obama reparlait de ce pacte dans une interview accordée à la Charles Ndongo sur la CRTV.
Le Cameroun est devenu singulièrement, particulariste et jaloux de sa liberté qu’il tient de son statut international fera sa révolution intérieure qui détachera son esprit dans cet embrigadement. Il va donc se battre pour se découvrir et se procurer les moyens d’assurer sa promotion totale telle est la mission qui se poursuit de nos jours. On a l’impression que ce rythme est d’une lenteur désespérante. Les peuples jeunes sont volontaires mais impatients, même si c’est un continent comme l’Afrique qui est par excellence, l’école de la patience. Le Cameroun a accompli de bond, et est avide d’aller de l’avant et prêt à s’adapter à tout. Elle va désormais vite sans ralentir son rythme, vers une redoutable crise de croissance.
Le Cameroun peut se vanter à cet égard de s’inspirer de ces principes éternellement et universellement valables ; ses élites traditionnelles comme ses élites modernes ambitionnent de faire de lui le pays de l’équilibre, de la mesure et de l’harmonie. C’est sans doute la raison pour laquelle ce pays apparaît toujours comme une parcelle d’Afrique sans histoires, sans remous et sans agitation. Mais ce dernier temps, il répond différemment à cet état de pays de paix.
On aurait tort néanmoins d’en déduire le pays sans problème ou sans vanité. Qu’est-ce qui s’est passé ? Les problèmes sont multiples ces dernières années, des crises sur crises se succèdent sur tous les plans. Le Cameroun comme d’autres pays de l’Afrique est avide de se libérer du joug néocolonial, et de posséder sans tarder un vêtement culturel et social à la mesure de son potentiel économique. C’est pourquoi il se bat. Face aux réalités d’aujourd’hui les masses laborieuses de ce pays ne se laissent pas entraîner facilement loin du terrain solide que représente le désir légitime d’un mieux-être matériel, d’une élévation du niveau de vie, d’une amélioration des conditions sociales et d’une progression culturelle. Là encore est une autre bataille. Car sa population est galopante, nous sommes à peu près 30 millions d’habitants, ce qui est un potentiel pour s’industrialiser.
La politique doit être remise à sa vraie place en la considérant non comme une fin en soi, mais comme un instrument de progrès et de libération certes, mais par-dessus tout instrument qui doit mobiliser et harmoniser les techniques en vue de bâtir une cité camerounaise qui soit en même temps fidèle à son passé quoique tournée vers l’avenir. Au sein de cette grande famille, comme dans toute famille, certains enfants ont l’impression qu’ils sont oubliés voire pénalisés à raison même peut-être de leur éloignement. Ce qui est bien vrai, des régions sont oubliées ce qui créait des animosités, des incompréhensions de tout genre, les Camerounais doivent être tous placés à la même enseigne. Ce qui est sûr, c’est que la position géographique et la diversité naturelle du Cameroun, comme aussi le génie propre de ses habitants, oriente dès maintenant avec quelques précisions, la vocation de ce pays, carrefour économique et ethnique efficacement ouvert sur l’atlantique,
Le Cameroun est de plus en plus accessible à ses voisins de l’Est.
Le football à présent en tout cas, participe à être une grande espérance de l’âme conquérante camerounaise qui s’édifie patiemment sous nos yeux et qui appelle à bâtir une nation solide, en face d’un monde si partagé, le Cameroun regarde sans inquiétude vers l’avenir.
Un physique et un moral de fer.
Le Cameroun n’a qu’une seule ambition à présent prendre, en main son destin, et des hommes exceptionnels se ont illustrés à travers l’histoire, je pense à Douala Manga Bell, Martin Paul Samba, Um Nyobé, Félix Moumié, Ossendé Afané, Madolla, Ernest Ouandié, Ahidjo, Paul Biya, Mbappé Leppé, Joseph Bessala, Mongo Béti, Roger Milla, Etoo Fils.
Voilà, pour l’héroïsme, d’autres noms existent et l’épopée n’est pas terminée, le combat continue, absurde parfois, sanglant, déchirant. Nous voici à la fin d’un écrit ébauché en vrac, c’est un contact vu de loin et dans son passé, il y a là des éléments très importants, tout ce que nous disions et chantions devait venir d’un contact avec le sol, avec ce contact toute chose est possible, comme disait le philosophe Antée. Toucher sa terre et devenir fort.