C’est avec plaisir que nous avons suivi hier Joseph Antoine Bell, qui a démontré toute sa clairvoyance sur le football camerounais. Invité par Duval Fangwa et Jonathan, il a, comme à son habitude, éclairé de façon pertinente les manquements du passé et le renouveau actuel du football camerounais. Le directeur des stades jouait sa partie, comme il l’a toujours fait depuis qu’il est hors du terrain. Joseph Antoine Bell est reconnu comme le premier intellectuel dans le domaine du football camerounais.
Ayant joué au plus haut niveau, il possède un background impressionnant qui s’impose à tous. Chroniqueur pendant des compétitions internationales sur RFI, il est souvent sollicité pour aider les spectateurs à mieux comprendre ce sport. Son entrevue hier soir sur Equinoxe TV pourrait être une source d’inspiration pour les acteurs du football afin de mieux comprendre leur passion. Il convient d’abord de noter que Bell est le prototype même de l’intellectuel. Un intellectuel dans le football, serait cette personne qui a réalisé un parcours remarquable dans cette discipline, ce qu’il fait qu’il soit devenu un maître dans son domaine. Cette maîtrise lui confère une notoriété et une autorité qui lui permettent de prendre position sur des sujets sportifs, dans le but d’améliorer le football pour le bien de la société. En l’écoutant hier, la première chose qui frappe est sa capacité à parler de façon rationnelle et sans état d’âme.
On aurait pu penser qu’il favoriserait Eto’o Fils, qu’il a soutenu pour son élection, ou Rigobert Song, tous deux appartenant au peuple Bassa, mais non c’est une personne qui reste objectif. Lorsqu’on lui pose des questions sur les deux derniers matchs du Cameroun, il répond : « Je dois dire que j’étais personnellement satisfait. Au bout de 15 minutes de jeu, j’avais compris que l’équipe pouvait satisfaire ceux qui aiment le jeu… J’ai toujours été pointilleux sur la façon de gagner les matchs. » Concernant le match contre l’Angola, il ajoute : « Je ne refuse à personne d’être exigeant. Pour ceux qui le sont, je leur demande : où est-il pendant la coupe des nations organisée en Côte d’Ivoire ? Je me retenais lorsque je commentais les matchs. »
Ses propos révèlent que, selon lui, le Cameroun n’avait pas produit de matchs de qualité depuis deux ans. Pour Bell, la manière de jouer est essentielle, car c’est elle qui maintient le public dans les stades. Sur la question des générations, posée par Jonathan, Bell s’exprime ainsi : « Je n’aime pas cette façon de qualifier notre génération de meilleure que celle d’aujourd’hui. » Il critique ceux qui passent leur temps à rappeler leur CV aux jeunes joueurs, en affirmant : « Quand je rencontre les joueurs, je ne leur parle pas de ce que je faisais, je leur parle d’eux, de ce qu’ils doivent faire, comment ils doivent le faire, de ce qu’ils font. C’est ainsi qu’ils sentiront qu’ils ont affaire à quelqu’un qui sait de quoi il parle. »
Cette critique s’adresse à ceux qui ne cessent de parler de leurs exploits passés, alors que cela n’intéresse pas les jeunes joueurs. Quand Jonathan revient sur la qualité du jeu des Lions, Bell entre dans la science du jeu : « Cette équipe jouait à l’aveugle avant… Elle montrait qu’on ne lui avait rien appris. Les joueurs jouaient de manière primaire, maintenant, ils jouent de manière moderne. » Il caricature le groupe extérieur en estimant que les gens extérieurs les empêchent de vivre leur vie. Il ajoute : « Quand vous êtes jeunes, sachez que vous écrivez votre histoire. » Une belle leçon d’humanisme sur l’importance de vivre intensément le présent, car on se revoit toujours dans le futur. Bell constate que les joueurs sont visiblement heureux lorsqu’il leur rend visite.
Bell critique également la gestion de l’équipe nationale du Cameroun sous Samuel Eto’o, dont la présence trop envahissante aurait entravé les joueurs. En évoquant Rigobert Song, il souligne que les joueurs semblaient désorientés, comme s’ils ne savaient pas où aller. Concernant le conflit entre la Fecafoot et le ministère, Bell affirme que les règlements existent et que les problèmes actuels sont dus à des individus. Mais là où je diverge d’opinion avec lui, c’est lorsqu’il n’a pas reconnu la valeureuse victoire des Lions contre le Brésil.
À ce moment-là, il laisse place à la passion, et bien que doté d’une grande intelligence, il reste un homme avec ses limites. Il est des aspects du football qui, lorsqu’ils atteignent une dimension presque métaphysique, lui échapperont toujours. Pour conclure, Joseph Antoine Bell reste et demeure une figure incontournable du football camerounais, dont les observations et les analyses sont d’une grande valeur. Sa capacité à allier sport et intellectualité est impressionnante, et il a encore beaucoup à apporter au football camerounais. Son discours est une véritable leçon d’humanisme sportif, inspirant et pertinent. Bell est un homme qui ne parle jamais pour ne rien dire, et son destin est indissociable de l’histoire du football au Cameroun.