Helene Carrère d’Encausse a été une grande voix de la conscience française à l’académie. Travaillant toute sa vie à la promotion de la langue française, son cheval de bataille était l’histoire qu’elle avait édifiée en socle de connaissance pour tous et pour toutes. Elle s’en va alors que la guerre d’Ukraine continue, une guerre qu’elle expliquait méthodiquement. C’était une grande dame, c’était une femme forte, un modèle à copier. Une Française distincte et distinguée. Une femme qui avait de l’épaisseur. Il était difficile de réfuter ses arguments, je crois qu’elle mérite le Panthéon. Je me souviens encore de l’année 90, lorsqu’elle entrait à l’académie ; elle était la troisième femme à faire partie, après Marguerite Yourcenar et Jacqueline de Romilly, pour devenir plus tard secrétaire perpétuelle. Elle avait indiqué qu’il faudrait l’appeler « Madame le secrétaire perpétuel », sans féminiser la fonction. Le monde perd une grande femme de lettres.
Hélène d’Encausse a donné sa vie pour les autres. Nous lui sommes reconnaissants. C’est une bibliothèque que nous perdons. C’était une femme intellectuellement saturée, un savoir encyclopédique, très admirée à l’Académie française. Je la connaissais avant ma venue en occident, nos enseignants nous parlaient d’elle à l’université, on croyait que c’était une femme d’un autre siècle alors qu’elle était encore vivante, je suis fier de l’avoir vu même d’assez loin ; c’était assez suffisant pour ceux qui sont passionnés d’histoire ; elle a assuré le poste de secrétaire perpétuel avec brio et élégance. C’est le symbole de la France culture. Une référence pour les générations avenir. C’était la femme qui connaissait la Russie par cœur, et qui pouvait parler d’elle avec certitude. Elle était en avance sur son temps, qui décryptait les choses de loin, elle connaissait le pouvoir de l’intérieur. Son intelligence était profonde, elle ne survolait pas les événements, elle connaissait extraire les sujets dans leur subtilité pour permettre à ses contemporains de mieux les comprendre. Elle a rendu passionnante la profession d’historienne. C’était la figure emblématique de l’académie française après Jean d’Ormesson.