Hier, à la suite de l’article portant sur sa majesté Mveimani Sombo Amba, il y a eu une cascade de réactions, les spéculations sont allées bon train. De nombreux audios et les commentaires que j’ai reçus sont venus enrichir le débat. Parmi ces commentaires, certains arboraient une tonalité presque belliqueuse, ce que je choisis délibérément de ne pas reproduire ici, préférant privilégier la sérénité du discours. Toutefois, au milieu de ce tumulte, il y a eu des voix paisibles comme celle de mon frère Mbataka Witaka, dont l’analyse pondérée et éclairée mérite d’être partagée. Je constate avec conviction que chacun de nous doit se sentir investi du devoir de parler, gage de liberté et d’équité, afin d’enrichir davantage notre dialogue communautaire. Voici donc ce que m’a écrit Mbataka Witaka :
« j’ai lu l’intégralité de l’article. J’ai eu le privilège d’assister à la première réunion d’organisation de la tournée du Chef Supérieur. Depuis ce jour-là, ce qui avait été discuté n’a pas varié sur le terrain. Par la suite, j’ai été désigné Président de la Commission des Arts et Cultures, bien que je n’aie participé qu’à une réunion en personne, et que certaines de mes propositions aient été plus ou moins appréciées et adoptées. Il convient de souligner que le Chef Supérieur avait envoyé des missions avancées sur le terrain pour sensibiliser sur cette visite, et que certains Chefs traditionnels de troisième et second degrés faisaient partie de son Comité Technique d’Organisation.
Si mes obligations professionnelles ne m’en avaient pas empêché, j’aurais pu participer à l’une de ces missions avancées. La tournée dans les Villages Vutés n’a jamais été incluse dans la tournée du Chef Supérieur, seuls les villages Uki (Sanaga), Ndjanti et Baveuck du Mbam et Kim, ainsi que quelques autres, étaient concernés. Quant à l’expression « assimilée », j’avais demandé à quoi elle se référait… On m’a répondu qu’elle englobait toutes les communautés étrangères vivant de manière permanente ou temporaire dans les villages Uki, Ndjanti et Baveck. Il ne s’agit pas des autres communautés du Mbam et Kim.
En fin de compte, les missions avancées ne concernaient pas les villages Vutés, de même que la tournée du Chef Supérieur ne les concerne pas non plus. Cependant, à Yoko, il existe des communautés et villages Baveck qui dépendent culturellement, moralement et spirituellement du Chef Supérieur Waki, Ndjanti et Baveck, d’où la raison de sa tournée dans ces régions. Les temps ont changé et évolué, et de nos jours, le Chef Supérieur exerce davantage une autorité morale, culturelle et spirituelle que l’autorité administrative, politique et juridique comme à l’époque où les administrations étrangères n’intervenaient pas encore.
Les hommes ont besoin de guides, de conseillers, et de se sentir valorisés, ainsi que de la présence à laquelle ils peuvent se tourner pour recevoir conseils et réconfort en cas de besoin. Actuellement, nos sociétés connaissent une déstructuration sociale, culturelle et spirituelle, car nos modes de vie et nos traditions ne sont plus solidement enracinés dans nos cultures. Il est donc nécessaire que le Chef Supérieur, qui joue ces rôles fondamentaux, prenne l’initiative de mobiliser et de dynamiser ses divers sujets. C’est le combat que nous devons tous mener, car un arbre ne peut être haut et fort si ses racines ne sont pas solidement ancrées dans le sol. L’actualité récente et lointaine » nous impose désormais cette prise de conscience ».