Mag-Afriksurseine-Mars-2024

Vinicius Jr, l’Écho des Racines Camerounaises

Le parcours de Vinicius Jr, star brésilienne du football, suscite aujourd’hui une ferveur inattendue, mêlant fierté et réflexion parmi les Camerounais. Non seulement son talent illumine les stades, mais son physique et sa profondeur d’âme rappellent à beaucoup l’archétype du Camerounais de souche. Ces similitudes ont éveillé une revendication affective : les Camerounais se l’approprient, et Vinicius lui-même confesse une étrange attraction pour ce pays, comme un appel instinctif enraciné dans sa chair. Il y a un héritage invisible avec les  côtes africaines. Les origines de cette connexion trouvent leurs racines dans l’histoire tumultueuse de la traite négrière. Les côtes africaines, du Sénégal au Gabon, en passant par le Cameroun, furent des points de départ pour des milliers d’hommes et de femmes déportés vers le Nouveau Monde.

Le Cameroun, notamment les régions de Bimbia et Kribi, servait de centres de regroupement pour les esclaves avant leur embarquement. Pourtant, les Camerounais capturés étaient réputés pour leur résistance farouche, allant jusqu’à briser leurs chaînes, se jeter à l’eau ou s’attaquer à leurs oppresseurs à la moindre occasion. Face au Brésil, il n’est pas improbable qu’une grande partie de la population afro-brésilienne descende de ces âmes intrépides. Bien que l’Occident ait souvent brouillé les traces historiques de cette migration forcée, des chercheurs comme Samuel Perfoura travaillent à rétablir les liens entre l’Afrique et sa diaspora.

Dans un récent article, il affirme qu’il n’est pas étonnant que  Vinicius Jr est, à bien des égards, Camerouno-Brésilien. Une déclaration qui résonne comme une évidence, renforcée par des données historiques. Selon  ses recherches les derniers navires négriers ayant quitté les côtes camerounaises témoignent de l’ampleur de cette déportation. Parmi eux, le « Émilia », parti en 1821 de Hickory Town (actuelle Limbé), transportait 415 captifs vers Rio de Janeiro. Le voyage, long de 290 jours, coûta la vie à 15 % des déportés. Le « Polifemo », un bergantin portugais, fit de même avec 390 captifs, arrivant à Rio après 138 jours. Ces chiffres ne sont que des fragments d’une réalité plus vaste, qui relie encore aujourd’hui les descendants de ces déportés à leur terre d’origine.

 L’appel de la terre-mère Des initiatives comme celles de Samuel Perfoura et des organisations telles qu’ARK Jammers visent à reconnecter l’Afrique à sa diaspora. Leur mission : redonner vie à une mémoire occultée et reconstruire les ponts brisés par l’histoire. À cet égard, Vinicius Jr devient un symbole vivant de cette quête identitaire. Au-delà du football, il incarne une histoire partagée, un pont entre deux continents séparés par l’océan mais unis par le sang. En revendiquant ses racines camerounaises, il ne fait pas seulement écho à un passé douloureux, mais ouvre une fenêtre vers une réconciliation culturelle.

Son parcours rappelle que l’identité n’est pas un héritage figé, mais une quête continue, faite de découvertes et de reconnections. Ce qui implique  une fierté universelle. Vinicius Jr n’est pas qu’une étoile montante du football. Il est aussi une lumière qui éclaire les liens entre le Cameroun et le Brésil, entre l’Afrique et sa diaspora. Son histoire, diluée  dans un passé commun, réveille les mémoires et ravive l’espoir d’un avenir où les racines se tissent à nouveau avec fierté et reconnaissance.

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