Dans un communiqué de presse daté du 28 novembre, signé par le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine, des Tchadiens de l’étranger et de la Coopération internationale, Abderaman Koulamallah, le gouvernement tchadien annonce une décision historique : mettre un terme à la coopération militaire qui le liait à la France. Ce document, plein de solennité et de gravité, marque un tournant décisif dans l’histoire du Tchad.
Une souveraineté affirmée après 66 ans
Le communiqué insiste sur la profondeur de la réflexion ayant conduit à cette rupture historique. Une phrase, en particulier, résonne comme un cri d’émancipation : « Après 66 ans de la proclamation de la République du Tchad, il est temps, pour le Tchad, d’affirmer sa souveraineté pleine et entière. » Ces mots, à la fois simples et puissants, traduisent une volonté claire : tourner la page d’une relation asymétrique et redéfinir le rôle du Tchad sur la scène internationale. Cette annonce, qui résonne bien au-delà des frontières tchadiennes, intervient dans un contexte de transition politique et de quête d’indépendance réelle.
Elle s’accompagne d’un engagement à prendre toutes les dispositions nécessaires pour garantir une transition ordonnée, tant sur le plan sécuritaire que diplomatique. Depuis son indépendance, le Tchad a connu des décennies de conflits armés, de déplacements de populations et d’instabilité chronique. Sous la protection de clauses militaires censées garantir la paix, le pays n’a pourtant jamais trouvé de sérénité durable. Cette contradiction profonde jette une ombre sur la coopération franco-tchadienne, perçue par beaucoup comme un outil de domination déguisée. La mort tragique du président Idriss Déby Itno, dans des circonstances encore entourées de mystère, reste un point sensible de l’histoire récente.
Ce décès brutal a laissé un vide immense, mais il a aussi marqué un tournant. Aujourd’hui, son fils, le président Mahamat Idriss Déby Itno, apparaît comme un acteur clé d’un renouveau politique. En se posant en libérateur, il prend une décision qui, bien que risquée, porte l’espoir d’une souveraineté reconquise. Cette décision de la république Tchadienne, est une manœuvre stratégique qui pourrait redessiner les équilibres régionaux. La position géopolitique du Tchad, au cœur du Sahel, confère à cette décision une résonance particulière. La France, historiquement présente dans cette région pour des raisons à la fois stratégiques et sécuritaires, voit ici l’un de ses partenaires majeurs remettre en question un lien établi depuis l’indépendance. Ce choix pourrait inspirer d’autres nations africaines en quête d’une autonomie accrue, faisant de cette décision un précédent aux effets potentiellement durables.
Un nouveau chapitre pour le Tchad et l’Afrique
En mettant fin à cette coopération militaire, le Tchad s’engage sur une voie incertaine mais porteuse d’espoir. C’est une invitation à réimaginer son avenir, à reconstruire sa souveraineté sur des bases nouvelles. Pour les Tchadiens, cette décision est une affirmation d’identité, un refus de se soumettre à une influence extérieure qui, pendant des décennies, a semblé limiter leur autonomie. Ce moment historique, bien que mêlé de défis, est aussi une déclaration de foi en l’avenir. Le Tchad, malgré les blessures du passé, cherche à se redresser, à s’affirmer, et à marcher vers un avenir qu’il veut désormais écrire lui-même.