Mag-Afriksurseine-Mars-2024

Où est passé le philosophe Hubert Mono Ndjana

MONO NDJANA

Mono Ndjana est un nom qui sonne fort dans la littérature politique camerounaise. Je dis littérature parce que je suis écrivain. Pour cela,  je m’intéresse à ceux qui ont influencé  la pensée dans notre pays. Mono Ndjana a marqué pendant longtemps les cœurs et les esprits de ma génération. C’est un homme qui faisait la politique non seulement avec le cœur, mais aussi avec la tête. Généralement les hommes ont la possibilité d’utiliser ces deux parties du corps humain pour agir dans l’arène ;  mais  beaucoup préfèrent utiliser  uniquement la tête. La conséquence  de cette façon de faire est  le désastre que l’usage unique  de la tête cause  dans le monde. Mono Ndjana ne me connaît pas. Il  ne me connaîtra  peut-être jamais. Mais moi,  je le connais grâce à ses idées.

Il a  formé bon nombre d’étudiants. C’est un passeur de mémoire, une bibliothèque d’idées, qui représente à lui seul, la pierre angulaire de la vulgarisation de la pensée et de la production intellectuelle camerounaise. C’est un héritage physique, moral, intellectuel, artistique et spirituel. Il est encore vivant. Dans les années 90, il a eu le mérite d’animer la vie politique camerounaise, avec des modestes moyens qui étaient à sa disposition, motivé  tout simplement par la passion et la  volonté. Je le dis et je le répète que Mono Ndjana a marqué de son empreinte, l’enseignement,  la philosophie et la littérature  politique. Il a été un bel exemple, du moins sur le plan éthique,  il aura  démontré qu’il était incorruptible. Il est l’un des hommes de lettres les plus influents de notre époque. Ancien  enseignant à l’université de Yaoundé, il a mis sa plume au service de la formation. Il a écrit l’idée sociale chez Paul Biya.

Il faut lire ce livre pour comprendre la vie politique d’aujourd’hui. Dans certains passages, il prédit tout ce magma groupal qui se dessine aujourd’hui dans la vie politique  camerounaise. C’est un ouvrage  d’une grande qualité littéraire. Dans ce livre, l’homme expose sa théorie, conseille,  milite et communique. Je sais que Mono Ndjana est présent dans l’imaginaire collectif des camerounais qui apprécient  les belles lettres. La philosophie est une matière qui se transmet avec humour et ironie. C’est pourquoi le philosophe s’en sert  pour dénoncer la corruption ;  un mal chronique qui ronge la société africaine. On l’étudie  dans le  plaisir de  la souffrance, comme le galeux qui se gratte. Socrate l’a fait dans l’antiquité, Platon aussi, Merleau Ponty également puis  Marcien Towa, Eboussi Boulaga  et plus tard Mono Ndjana.

Où est donc passé Mono Ndjana ?

Peut-être  est-il quelque part en train de réfléchir  seul comme Socrate au tribunal d’Athènes !  Le philosophe comme toujours deviendra un être solitaire. Quand on l’aura sucé jusqu’à la moelle épinière, il sera balancé  comme les restes d’une canne à sucre extrait de son nectar. Dans notre pays, il faut compter sur sa propre famille. Elle est grande… la famille. La famille professionnelle. Le voisinage est une famille. Mais ici ce dont j’évoque,  me précise que la famille c’est rien que ta femme, tes enfants et quelques rares frères.

 J’ose ici faire quelque chose inadmissible, rendre hommage à quelqu’un qui ne me  connait pas. Comme si je souhaitais le présenter au public   camerounais. Alors que Mono Ndjana est une personne qu’on ne présente pas. C’est un homme bien introduit qui n’a pas besoin du soutien d’un passant. Lui qui fut mieux que quiconque un  patriote engagé, professeur émérite,  écrivain qui mérite d’être lu et relu pour la profondeur de ses recherches, ses travaux pédagogiques, sa culture, sa fougue et son aplomb. Je sais qu’il est quelque part dans la vie. Je lui apporte ma sérénité afin qu’il trouve par ces mots non pas mon affection,  mais celle de ses proches. Que ceux qui sont à ses côtés,  lui consacrent de ma part, un peu de leur  temps, parce que je connais ce monde. Je connais les confidences d’un septuagénaire, qui ne retrouve  à la fin de sa vie rien d’autre  qu’une existence contradictoire. Mais le philosophe a d’abord pour ami la philosophie,  puis il y a  cette  grandeur d’âme qui accouche  des  joies évanescentes.

 

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