Par Yana Bekima
Alain Mabanckou, le romancier, poète et essayiste vient de publier un essai sur la vie, les idées et la lutte d’Angela Davis.
Cette femme qui nous regarde Angela Davis, l’Amérique et moi (Robert Laffont)
S’il y a un écrivain africain du 21ème siècle, que ce soit de langue française ou de langue anglaise, auquel on peut accorder du génie, c’est bien Alain Mabanckou. Son nouvel ouvrage Cette femme qui nous regarde, Angela Davis, l’Amérique et moi, illustre encore plus d’une fois son talent incommensurable. A sa lecture, nous remarquons que le destin de cet écrivain est singulièrement lié à celui d’Angela Davis, l’une des figures exceptionnelles de notre temps, cette militante émérite des droits de l’Homme et professeure de philosophie originaire des États-Unis.
Angela Davis a posé les jalons de notre liberté
Depuis l’époque où elle vivait dans l’État de l’Alabama, où elle fit face au Ku Klux Klan, à la ségrégation raciale et à toutes les lois d’injustice, elle se leva contre cette Amérique qu’on voulait leur imposer. Elle prit conscience qu’il fallait commencer les luttes de revendication pour leur identité (Black Power) car les structures étatiques ne pourraient pas les impulser parce qu’elles étaient plutôt favorables aux Blancs. Avant qu’elle ne soit incarcérée, elle fut même virée de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) pour ses convictions politiques.
Leurs chemins se croisent
En effet, leurs chemins se sont croisés depuis son Congo natal où son Autobiographie trônait déjà dans la bibliothèque familiale et exerçait une fascination sur le jeune Alain Mabanckou. Dans son essai s’entremêlent son autobiographie et la biographie d’Angela Davis. Plusieurs coïncidences parsèment son itinéraire avec cette dernière. Durant sa jeunesse, Angela Davis est profondément marquée par son expérience du racisme, des humiliations de la ségrégation raciale et du climat de violence qui règne dans son environnement quotidien. Elle a vécu dans une Amérique agitée pendant que l’auteur de cette prouesse épistolaire, vit dans une Afrique secouée par les indépendances, les coups d’état, par des régimes politiques ténébreux, par les assassinats politiques etc…
Cet essai est d’une actualité brûlante.
A travers lequel l’auteur expose ses idées, ses réflexions ainsi que ses opinions personnelles sur la lutte d’Angela Davis. Il faut aussi dire que les engagements d’Angela Davis coïncident avec nos exigences actuelles (féminisme intersectoriel, la lutte pour l’abolition des prisons, la question palestinienne etc…). A travers la philosophie qui est la sienne, qui aura mieux connu et vécu le racisme que cette grande dame ? Elle a cette franchise lorsqu’elle parle en pointant du doigt les vrais problèmes. Elle ne passe pas par quatre chemins pour mettre en évidence les failles de notre société. Elle a donné des pistes de réflexion qui permettraient à la libération des hommes et des femmes mais aussi à ces sociétés qui sont encore coincées parce qu’elles pensent que la parole appartiendrait plutôt à ceux qui dominent l’économie.
Ce contenu épistolaire est édifiant
A travers cette lettre Cette femme nous regarde, c’est toute une ode qu’Alain Mabanckou adresse à cette militante, icône des droits de l’Homme.
De la fraternité chevillée au corps
« La géographie n’a plus de sens lorsque l’humanité régresse. Ta bataille devint celle de tous ceux qui se rappelaient, quelque soit leur classe, quelle que soit leur race, que nous formions une chaîne, dont chaque maillon dépendait du précédent » dit Alain Mabanckou. Dans ce récit vivant où réalité et fiction s’entremêlent, l’auteur de Mémoires de porc-épic, de Rumeurs d’Amérique et du Verre cassé, offre le portrait d’une des intellectuelles les plus importantes de notre époque. • Poète et Romancier, Alain Mabanckou enseigne depuis plus de vingt ans à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA).
Intéressant. Un livre-témoignage en somme. Je le lirai pour en savoir plus.