Mag-Afriksurseine-Mars-2024

L’ONU, Le G5, le G20 ou les BRICS : à quel saint devrait se vouer l’Afrique ? 

Par Michel Lobé Etamé

Les réunions du G5 et du G20 ne sont plus des messes réservées uniquement aux grands argentiers. Elles abordent maintenant et sans complexe, toutes les problématiques du monde où ce rôle, jadis dévolue à l’ONU, voit cette dernière s’essouffler. Il faut reconnaitre que cette grande institution, née au lendemain de l’après-guerre pour remplacer la Société des Nations, a vu ses prérogatives s’effriter. Elle n’a pas été en mesure de s’imposer face à l’imposture des puissants du globe.  Est-ce sa faute dans une Assemblée ou le droit de véto fait de certaines puissances les rois intouchables du monde ? La démocratie que l’on brandit de toutes ses forces pour justifier les sanctions des grandes puissances envers les régimes dits totalitaires n’a pas droit de cité à l’ONU. Cinq pays (USA, France, Grande Bretagne, Chine et Russie) s’octroient le droit de blocage des résolutions qui rendraient pourtant justice à certains pays. Ces puissants n’ont de compte à rendre à personne. Ils usent et abusent de leurs droits.

  Cette démocratie qui nous est si chère et que la jeunesse brandit sans vergogne est ignorée par la vielle dame que nous continuons à appeler « Organisation des Nations Unies ». Les pays du Sud, plus prosaïquement les pays pauvres, n’ont plus confiance en cette institution qui n’a jamais refait sa toilette. Elle se regarde dans un miroir et se trouve encore belle. L’ONU n’a pas su s’adapter à la mondialisation. Elle est restée cette vielle dame aux cheveux gris et rabotés. Elle est responsable du peu de crédit que les pays émergeants lui accordent. Pour se donner bonne conscience, les pays riches ont mis sur pied deux nouvelles institutions : Le G5 pour les grands argentiers et le G20 qui inclut les nouvelles puissances militaires et économiques. Il faut y ajouter les BRICS dont le rôle est encore flouté.

Le G20 aborde tous les sujets : économie, social, environnement, guerre et paix. Ce rôle a été pendant longtemps un domaine réservé à l’ONU. Cette dernière s’est fourvoyée. Elle ne convainc plus personne. Est-ce pour autant sa mort programmée ?  Nous ne le pensons pas. Il suffirait raboter son modèle de fonctionnement interne qui passe par une nouvelle répartition des rôles par pays et par continent et d’attribuer de nouveaux droits de véto. Pour être plus clair, le droit de véto ne doit pas pourrir le fonctionnement de cette prestigieuse organisation. Au vingt et unième siècle, le fonctionnement de l’ONU devrait s’appuyer sur la notion « un Etat, une voix ».

 Aujourd’hui, l’Afrique reste le parent pauvre de l’ONU. Elle ne joue aucun rôle dans les grandes décisions. Elle subit arbitrairement les humiliations des grandes puissances et n’a aucun recours à ses revendications. Cette situation n’est plus tenable. Le transfert des rôles du G5 vers le G20 n’est pas la solution qui sortirait l’Afrique de son isolement. En intégrant les BRICS, elle n’aura pas plus de pouvoir pour décider sereinement de son avenir et de sa souveraineté. Certes, les contraintes sont mieux discernées, mais elles ne préfigurent pas de lendemains équilibrés. L’Afrique a besoin d’une toilette rigoureuse.

Pour cela, elle doit se regarder en face et décider de son parcours sans béquilles et sans tuteurs. L’émancipation totale, la souveraineté politique, économique et sociale restent les seules voies pour décoller et se débarrasser de ses maitres qui l’encerclent de chaines invisibles. Dans ce contexte, l’Afrique a besoin de se faire violence. Elle doit renier son modèle de gouvernance imposé au lendemain des indépendances étriquées où des femmes et des hommes accédaient au pouvoir par la seule volonté du colon. Les femmes et les hommes de pouvoir aux mandats illimités n’ont aucun avenir dans l’Afrique nouvelle. Le choix du peuple reste la seule condition pour accéder à la magistrature suprême. Nous reprochons à l’ONU son mode de fonctionnement actuel qui n’est pas basé sur un modèle démocratique.

Nous devons imposer à nos régimes actuels de respecter et d’imposer, même par la force, la volonté du peuple et non des choix imposés par l’appartenance à des officines ésotériques occidentales dont l’objet est la soumission, le clientélisme et la servitude volontaire. Cette race d’intellectuels rabougris ne sert pas l’Afrique. Ce sont des agents de liaison coptés pour pérenniser un système rétrograde, raciste et négrophobe. La nouvelle Afrique ne devrait pas servir de trait d’union entre le G5 et le G20. Elle a un rôle à jouer dans la construction du monde multipolaire qui se faufile. Cette condition d’émancipation devrait conditionner sa place au milieu de tous ces loups à l’appétit vorace. La jeunesse actuelle est disposée à s’imposer. Elle le fera par la voie des urnes et des élections claires et transparentes dans un climat apaisé.

 

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