Par Albertine Matomba
Elles ne s’arrêtent jamais. J’ai vu des femmes porter le poids de la souffrance dans leur chair, chaque jour, qu’elles soient dans l’effervescence d’une ville ou le silence d’un village reculé. Dans l’intimité d’un foyer, au détour d’un chemin désert, dans l’ombre d’une rue ou les profils invisibles du numérique, les femmes jeunes ou adultes endurent. Elles sont là, heurtées, brisées dans leur corps, leur esprit, et parfois même privées de leur vie, ces femmes qui ont trouvé sur leur route que fractures. Combien allons nous les énumérer ? Ces violences. Elles sont multiformes, elles peuvent être physiques, sexuelles, les plus fréquents, ou alors psychologiques ou économiques lorsqu’il s’agit de priver matériellement la partenaire. Les violences faites aux femmes, ont fait un bond partout où c’était possible en pénétrant dans les cultures et les générations. Elles sont le reflet d’une humanité qui, trop souvent, a échoué à protéger nous les femmes.
Et les chiffres sont éloquents : une femme sur trois dans le monde a été victime de violences physiques ou sexuelles, souvent infligées par un partenaire intime. Au Cameroun, chaque année, près de 350 000 femmes sur tout l’étendue de notre déritoire, déclarent subir des violences conjugales, et plus de 10 % ont perdu la vie sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. Mais au-delà de ces tragédies visibles, des blessures invisibles se creusent, celles des mutilations génitales, des mariages forcés, du trafic d’êtres humains, et du harcèlement dans les méandres des réseaux numériques. Chaque coup porté, chaque mot prononcé, chaque silence imposé est une entrave au droit des femmes à vivre libres et dignes.
Un héritage de domination et de silence
Les violences faites aux femmes trouvent leurs racines dans les fondements même de nos sociétés. Pendant des siècles, traditions, cultures et lois ont façonné un monde où l’idée d’une infériorité des femmes a prospéré. Cette domination, souvent tacitement acceptée, s’est muée en une culture du silence. La honte des victimes, la peur des représailles ou l’absence de soutien les enferment dans l’ombre. À cela s’ajoutent des maux exacerbants : la pauvreté, le stress, les addictions, et le manque cruel de confiance en soi. Mais ces violences ne sont pas seulement des tragédies personnelles. Elles sont des cicatrices sur le visage de nos sociétés, des chaînes qui entravent leur progrès collectif.
Des impacts qui résonnent au-delà des victimes
Pour les femmes qui en sont victimes, les conséquences sont multiples et dévastatrices. Les blessures physiques peuvent laisser des séquelles irréversibles, les cicatrices psychologiques, quant à elles, s’immiscent au plus profond de l’âme : dépression, anxiété, stress post-traumatique. Ces violences créent un isolement social, érodent la confiance, brisent les liens familiaux. Et sur le plan économique, elles enferment les femmes dans une dépendance financière qui les maintient sous la domination de leurs agresseurs. Mais les conséquences ne s’arrêtent pas là. Une société qui tolère ou minimise les violences faites aux femmes freine son développement. Elle perpétue des cycles d’injustice, de pauvreté et de déséquilibres, minant la stabilité de ses communautés.
Un combat collectif et une quête d’espoir
Face à l’ampleur de ce fléau, des initiatives locales et mondiales tentent de briser ce cycle destructeur. Des dispositifs de protection comme le bracelet anti-rapprochement, une meilleure prise en charge des victimes, ou des sanctions accrues envers les agresseurs, offrent des lueurs d’espoir. Mais ces avancées, bien qu’encourageantes, restent insuffisantes. La lutte contre les violences faites aux femmes doit commencer dès l’enfance, avec une éducation au respect et à l’égalité, où chaque garçon apprend à voir une femme comme son égale, et chaque fille, à reconnaître sa valeur et ses droits. Les forces de l’ordre, les institutions judiciaires, et les services sociaux doivent être formés à accueillir les victimes avec dignité, bienveillance et efficacité.
Rompre le silence, bâtir un monde meilleur
Pour éradiquer les violences faites aux femmes, il faut briser le silence. Les récits des survivantes, courageux et souvent déchirants, sont des leviers puissants pour éveiller les consciences. Mais elles ne doivent pas porter seules ce fardeau. C’est à nous tous, en tant que société, de nous lever, de dénoncer, et d’agir. Chaque geste compte. Offrir son soutien à une victime, participer à une campagne de sensibilisation, ou voter pour des lois qui protègent et réparent : ce sont des pas qui construisent un chemin vers une société plus juste.
Un devoir envers les générations futures
Briser le cycle des violences n’est pas seulement une lutte féministe, c’est une quête permanente de chacun d’entre nous et nous le faisons déjà aux seins de nos paroisses ou nos associations. C’est un devoir envers nos sœurs, nos filles, et toutes celles qui viendront après elles. Parce que chaque femme mérite de vivre sans peur, et parce que le silence n’a jamais protégé personne, il est temps de bâtir un monde où la sécurité, la dignité et la paix sont des droits inaliénables. À celles qui résistent, à celles qui survivent, à celles qui témoignent : votre courage est une lumière dans l’obscurité. Ensemble, faisons-la briller. Que cette lumière éclaire les consciences, brise les chaînes, et dessine les contours d’un avenir où chaque femme pourra vivre libre et épanouie. Et que toutes les personnes de bonne volonté nous rejoignent dans ce combat, pour qu’ensemble, nous puissions enfin mettre un terme à cette tragédie, et redonner à la vie son sens le plus pur : la liberté d’exister pleinement.
(sources, vous et la loi guide pratiques de droit, le prince des marées, Pat conroy, une vie, Simone Veil )