Mag-Afriksurseine-Mars-2024

LES INSTRUMENTS ALTERNATIFS DE FINANCEMENT DE PROJETS ET D’AJUSTEMENT BUDGETAIRE DES ÉTATS AFRICAINS

Par Jéhu Ndoumi

L’impératif de développement économique et social auquel sont confrontés les États africains requiert la mobilisation de ressources financières considérables. Face aux limites des sources de financement traditionnelles, les gouvernements africains explorent des instruments alternatifs pour financer leurs projets d’investissement public et assurer l’équilibre de leurs finances publiques. Cette diversification des sources de financement soulève des enjeux juridiques et financiers complexes qu’il convient d’analyser avec rigueur.

1.​Contexte : Insuffisance des financements traditionnels et impératif de diversification par les financements structurés.

Les économies africaines, en dépit d’une croissance notable ces dernières décennies, demeurent confrontées à des défis structurels : faiblesse des infrastructures, accès limité aux services essentiels, vulnérabilité aux chocs exogènes. La réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) nécessite des investissements massifs que les sources de financement traditionnelles, telles que l’aide publique au développement (APD) et les prêts concessionnels, peinent à satisfaire. Par ailleurs, les États africains sont confrontés à des contraintes budgétaires croissantes, exacerbées par la volatilité des cours des matières premières, les fluctuations des taux de change et le poids de la dette publique. Dans ce contexte, la diversification des sources de financement devient un impératif stratégique pour assurer la viabilité financière des projets d’investissement public et la soutenabilité de la dette.

2.​Panorama des instruments alternatifs :

une typologie Les instruments alternatifs de financement se caractérisent par leur diversité et leur complexité. On peut les classer en quatre catégories principales :

▪ Financement de projet : Cette catégorie regroupe les mécanismes permettant de mobiliser des capitaux privés pour le financement de projets d’infrastructure spécifiques, en s’appuyant sur une analyse rigoureuse de la viabilité financière et du partage des risques. Les Partenariats Public-Privé (PPP), sous leurs différentes formes (concessions, contrats BOT, BEA), constituent l’archétype de ce mode de financement.

▪ Diaspora bonds : mobiliser l’épargne des citoyens expatriés. Les « diaspora bonds » sont des obligations émises par les États et ciblant spécifiquement leur diaspora. Cet instrument permet de mobiliser l’épargne des citoyens expatriés, souvent désireux de contribuer au développement de leur pays d’origine. Le succès de ces émissions dépend de la confiance des investisseurs et de la crédibilité des politiques économiques.

▪ Instruments de marché : L’accès aux marchés financiers internationaux permet aux États africains d’émettre des titres de créance (obligations souveraines, euro-obligations) et de mobiliser des ressources auprès d’une base diversifiée d’investisseurs.

▪ L’émission de sukuk, conforme aux principes de la finance islamique, offre une alternative pour les pays à majorité musulmane.

▪ Financements innovants : Cette catégorie englobe des instruments émergents, tels que :
o la finance climatique (fonds verts, obligations vertes),

o les taxes sur les transactions financières,

o et les « diaspora bonds » qui permettent de mobiliser l’épargne des citoyens expatriés.

3.​Analyse critique : opportunités et défis

Si les instruments alternatifs de financement offrent des opportunités pour accroître les ressources financières, ils présentent également des défis importants :

o Exigences accrues en matière de capacités : La mise en œuvre de certains instruments, notamment les PPP et les financements innovants, nécessite des compétences techniques, juridiques et financières pointues. Les États africains doivent investir dans le renforcement des capacités de leurs administrations.

o Gestion des risques : L’accès aux marchés financiers expose les États aux fluctuations des taux d’intérêt et des taux de change, augmentant la volatilité des charges de la dette. Une gestion prudente de la dette publique est essentielle pour éviter le surendettement.

o Enjeux de gouvernance : La transparence, la redevabilité et la lutte contre la corruption sont des préalables indispensables à l’utilisation efficace et équitable des financements. Le renforcement de l’État de droit et la mise en place de mécanismes de contrôle robustes sont essentiels.

4.​Importance du cadre juridique et institutionnel

L’efficacité des instruments alternatifs de financement dépend d’un cadre juridique et institutionnel solide :

o Cadre réglementaire : Des réglementations claires et transparentes sont nécessaires pour encadrer l’utilisation de chaque instrument, garantir la protection des intérêts de l’État et promouvoir la concurrence.

o Institutions robustes : Des institutions financières et judiciaires efficaces sont essentielles pour assurer la bonne exécution des contrats, la gestion des risques et le règlement des différends.

5.​Vers une stratégie de financement intégrée

Le recours aux instruments alternatifs de financement doit s’inscrire dans une stratégie globale de développement économique et social. Cette stratégie doit :

o Identifier les besoins de financement prioritaires : En fonction des objectifs de développement et des contraintes budgétaires. o Sélectionner les instruments les plus adaptés : En tenant compte des caractéristiques de chaque instrument, des risques associés et du contexte national.

o Assurer la coordination entre les différentes parties prenantes : Gouvernement, secteur privé, institutions financières internationales, société civile. En conclusion, les instruments alternatifs de financement offrent aux États africains des leviers pour mobiliser des ressources financières additionnelles et soutenir leur développement. Cependant, leur utilisation optimale nécessite une approche stratégique, un cadre juridique et institutionnel solide, et une gestion rigoureuse des risques. L’investissement dans le renforcement des capacités et la promotion de la bonne gouvernance sont des facteurs clés de succès.

 6. la proposition de valeur de la holding Yunus et ses partenaires

L’expertise de « Yunus » , construite sur 25 années d’expérience, est basée sur le savoir-faire et la mise en œuvre de solutions financières taillées sur mesure, du financement de bas de bilan à l’investissement en capital en passant par les financements structurés. Sa mission se concentre sur le financement des projets publics et privés, et l’assistance des opérateurs dans la définition et la mise en place de montages juridico-financiers adaptés… elle travaille en réseau avec des partenaires présents dans les différentes régions du monde : courtiers, plateformes financières, juristes, experts en fiscalité et contrôleurs fiscaux.

Ses équipes sont intervenues dans diverses opérations : levée de fonds et d’emprunt, sécurisation, restructuration de la dette souveraine, financement de grands projets structurants, mise en place de PPP, conception de programmes d’investissement et mise en place de garanties privées et publiques. La société a développé des technologies numériques innovantes pour optimiser l’offre, l’utilisation et la qualité des services financiers, œuvrant ainsi pour agir sur les inégalités, tisser de nouvelles solidarités et produire de l’innovation sociale au Cameroun et en Afrique.

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