(National Security Study Memorandum NSSM 200 – December 10, 1974)
Par YANA BEKIMA
Peu d’Africains ont lu ce rapport d’une centaine de pages et chose étonnante, plusieurs ne comprennent même pas encore l’importance de ce document. Et pourtant, il est d’une actualité brûlante dans la vie de chaque Africain et une interpellation face à la géopolitique mondiale. Le contenu de ce rapport de 123 pages de Henry Kissinger (Né le 27 mai 1923 à Fürth en Allemagne, ancien secrétaire d’État américain entre 1973 et 1977).
En quoi ce document concerne-t-il les Africains ?
Tout d’abord, il faut comprendre que la politique étrangère d’un pays définit le cadre dans lequel ce pays veut interagir avec le reste du monde. Car c’est elle qui établit les principes, les objectifs, les paramètres, les critères de ses interactions avec l’extérieur. Les ambassadeurs, les diplomates, les organismes d’aide, d’investissement et de financement et des ONG humanitaires sont les exécutants de cette politique étrangère.
La genèse du contrôle de la population par le gouvernement américain.
Il ressort de ce rapport que pour que les États-Unis restent riches, il faut entretenir la pauvreté en faisant en sorte que les pays pauvres restent pauvres. La doctrine états-unienne formulée par H. Kissinger dans ce document identifie la croissance démographique des pays du Tiers-Monde comme l’un des plus grands dangers à l’implémentation de cette vision. Par conséquent, comme le dit ce rapport : « la réduction de la population dans ces États pauvres est une question vitale pour la sécurité nationale des États-Unis ». Partout où la réduction de la population va s’opérer ou sera mise en œuvre via une réduction des naissances, cela renforcera la stabilité de ces pays ? Ainsi, donc, une telle politique démographique permettra l’approvisionnement en ressources et d’autres intérêts économiques des États-Unis.
En effet, la préoccupation principale du rapport Kissinger est de trouver comment influencer les politiques à tous les niveaux pour réussir à réduire la croissance démographique des pays pauvres qui, selon le conseil de sécurité américain, va entraîner des compétitions mal venues au niveau des ressources minières et naturelles. La réponse à cette préoccupation a de quoi nous alarmer. L’administration américaine propose des programmes de planification familiale qui sont introduits à travers les gouvernements locaux et des groupes religieux, etc. C’est ainsi que des milliers de milliards ont été utilisés par les ambassades et les organismes américains pour financer les programmes de contraception, d’avortement et de stérilisation dans l’optique de limiter les naissances dans le Tiers-Monde. Et, c’est également dans cette perspective que s’inscrivent la promotion et la soumission aux injonctions amorales des mouvements LGBT.
Les sabots malthusiens de Kissinger – Effets néfastes pour l’Afrique.
Selon lui, la croissance de la population mondiale aura de sévères répercussions sur les besoins alimentaires, en particulier dans les pays les plus pauvres. La doctrine de Kissinger préconise qu’il est impératif de passer par les acteurs locaux, les gouvernements de préférence, pour mettre en œuvre tout cela en prônant une politique antinataliste. Réduire le taux de natalité aura des avantages à court terme pour les pays en développement dans la réduction de la demande sur l’alimentation, la santé, l’éducation et d’autres services. Affirmer que c’est la fécondité des femmes d’Afrique qui est responsable de la pauvreté est une aberration. C’est comme si l’on désirait traiter un problème en amont au lieu de le résoudre en aval. L’Afrique dispose de plusieurs ressources minières et des métaux rares capables de juguler la pauvreté. H. Kissinger a exagéré l’influence de la fécondité des femmes ; le ventre des femmes n’est aucunement responsable de ladite pauvreté. L’Afrique ne souffre pas d’un problème de surpopulation, mais d’un problème purement politique et mieux de gouvernance. En effet, en rapportant toute la population africaine sur le continent, nous constatons que la densité de celle-ci est très faible par rapport au continent européen. D’où vient-il qu’il faille réduire la population pour mieux vivre ?
Aucune raison de faire l’éloge de Kissinger en Afrique
Pour H. Kissinger, les États-Unis se doivent de défendre leurs « intérêts vitaux » et mieux, il le fait savoir : « Il nous faut être toujours plus fort afin de résister à toute pression ». L’ancien chef de la diplomatie américaine qui vient de fêter ses 100 ans n’en démord pas. Mais l’image de l’homme à la voix rocailleuse et au fort accent hérité de ses origines allemandes reste ternie et liée à des pages sombres de l’histoire des États-Unis, comme le soutien au coup d’État de 1973 au Chili ou l’invasion du Timor-Oriental en 1975 et, bien sûr, le Vietnam. Henry Alfred Kissinger a prêté serment le 22 septembre 1973 en tant que 56e Secrétaire d’État. Le prix Nobel de la paix en 1973 s’est imposé comme le visage de la diplomatie mondiale. Sa conception trop étroite de l’équilibre s’avère, en effet, erronée et son application fut anachronique. Il s’est mépris sur les causes réelles de la pauvreté. La politique de Kissinger ne peut contribuer que dans une très faible mesure à la stabilité mondiale. Son erreur est de croire qu’en privilégiant les rencontres au sommet et les contacts personnels, il réussirait à changer le cours des événements.
La démographie africaine, une révolution mondiale qui va façonner le XXIe siècle.
L’Afrique subsaharienne compte plus d’un milliard d’habitants. Forte de sa diversité et de ses ressources humaines et naturelles, cette région dispose d’atouts considérables qui pourraient mettre fin à la pauvreté. Avec un marché de 1,2 milliard d’individus et la création de la plus grande zone de libre-échange au monde, le continent pourrait s’engager dans une nouvelle voie de développement qui saura exploiter le potentiel que représentent sa population et ses ressources. En outre, l’Afrique subsaharienne demeure dans la région du Sud dont la croissance démographique est de loin la plus rapide actuellement : environ 2,7 % par an. Ce dynamisme démographique suppose de relever de nombreux défis, économiques et sociétaux d’où les Africains doivent porter leurs propres combats qui sont la lutte contre toute subordination étrangère, la lutte contre la pauvreté, l’industrialisation du continent et la prospérité économique. En définitive, seuls les Africains sont, maîtres de leur destin et c’est à eux de contrôler leur démographie et de contrer toutes les actions de dépopulation menées par les organismes internationaux dans le continent.