Comme dans toute carrière, il arrive un moment où une génération doit s’incliner pour faire place à une nouvelle. C’est ce qu’on voit depuis un certain temps au Cameroun avec ces jeunes qui montent et démontrent un lumineux talent. Mais donner le micro à une chanteuse habituée à évoluer dans un marché peut avoir des conséquences dures lorsqu’il faille représenter le Cameroun à l’échelle internationale. KRYS M puisqu’il s’agit d’elle, est une chanteuse influente de l’heure ; très prolifique dans ses textes, dynamique et expressive, profondément enracinée, avec des mélodies parfaitement syncopées, s’est égarée tout dernièrement sur scène dans un spectacle dit Awards où elle était invitée à chanter en live. Pour mémoire, sa chanson « la vie c’est la chance » a été à un moment donné, la chanson la plus populaire des vacances. Dans la dite chanson, elle évoque l’esprit d’une Chanteuse patriotique et parfois révolutionnaire qui rappelle les déboires de l’étudiant qui a fait 15 ans d’études sans espoir.
Des mots qui font d’elle une talentueuse chanteuse engagée, donneuse de leçon noble à la société camerounaise, pourquoi pas africaine. C’est ainsi qu’elle a acquis la réputation d’une artiste confirmée qui invite les aventuriers à une prise de conscience. Ses chants bercent les oreilles, et descendent dans le cœur délicieusement. Tout ceci témoigne de son engagement à utiliser l’art pour exprimer les disparités et les injustices de la société. Beau cheval de bataille. Par ailleurs lorsqu’on écoute ses chansons, elles sont authentiquement issues du folklore de l’ouest du Cameroun avec cette voix particulière retraçant une belle tradition vectrice d’expression de l’identité camerounaise. Il n’en fallait pas plus pour que la belle dame soit conviée à des grandes cérémonies. C’est ainsi qu’elle chantera devant la première dame camerounaise et devant tout un parterre d’autorités. Du coup, elle devient une figure emblématique de la musique camerounaise en tant que compositrice de nombreuses marches d’ambiances qui restent sans équivalent de genre. Jusque-là il n’y a aucun problème.
Sa carrière entre temps est fructueuse. Ses pas de danse aussi. Ses danseuses sont sensuelles, elle aussi. Tout ceci rythmé et spectaculaire, confirmant ainsi une belle vocation ; elle a participé avec succès à plusieurs spectacles internationaux. Ses vidéos sont devenues un événement national. elle contribue depuis quelques mois aux riches paysages de la musique camerounaise. Malheureusement elle ne sait pas pourquoi les promoteurs l’invitent à se produire sur un podium. Appelée à interpréter à la cérémonie des Trace Awards son morceau « qui vivra verra », chanson ce dernier temps flamboyante dans les réseaux comme la première et qui appelle les femmes à une résilience dans la conception d’un bébé, la chanteuse était plutôt préoccupée à satisfaire le public par ses pas de danse que par sa voix, démontrant à tous et à toutes qu’elle est une danseuse, mais non pas une chanteuse. Ce qui n’est pas toujours mal. Danse qui peut, mais chante aussi qui peut. L’un des traits les plus marquants d’une chanteuse est le timbre de sa voix ; celle-ci peut varier, parce que la voix, c’est comme la guitare. Mais là, elle n’est pas encore musicalement formée. Dans le spectacle en live, ses prestations sont insipides. Voilà la vérité. peut-être qu’en studio on chante pour elle ; ça peut arriver.
Avant cette tourmente scène, ses thèmes poétiques et lyriques auraient fait penser qu’elle sortait d’un Conservatoire de Musique. Même si on est autodidacte, on doit éviter de glisser dans les voix de poule ou de poussin ; elle chantait comme un poussin qu’on vient d’éclore. On ne savait plus si elle chantait pour elle-même ou si elle chantait pour le public qui était devant elle. C’’est avec une main lourde que le public présent a applaudi, par courtoisie et solidarité camerounaise. voilà une génie qui s’égare en plein spectacle de renom. Elle est sortie sur scène en grandes enjambées, consciente du dégât qu’elle venait de commettre. Elle a endormi la salle en pleine spectacle, exceptés les amateurs de vidéos qui tenaient à conserver dans l’histoire son épopée de la griotte Madingue. Les chanteuses d’aujourd’hui ne songent pas à faire une belle carrière, elles n’ont qu’une idée en tête ; apparaître à la télé, faire des tics toc, attendre le « foirotage » et espérer un beau mari.
Eh bien voilà…Elle-même habituée à dénoncer les tares de nos sociétés n’a pas réglé tout ce qu’on pouvait espérer dans son domaine. La critique est aisée, l’art est difficile. Dans les spectacles en occident, il peut se produire bien des déconvenues, mais il faut que cela soit indépendant de la volonté de l’artiste. Ici, ce n’était pas le cas. Elle a montré ses limites. Bon… Il a été dit qu’elle chantait en esquissant des pas de danse. Dans ce cas, il faut laisser la danse aux danseuses qui étaient présentes sur scène, et se concentrer sur le micro ; c’est comme vouloir jouer à deux postes sur un terrain ; et ceux qui reprochent les reproches…. D’aucuns disent qu’elle a toujours « dégammé » dans ses concerts. Ce fut le cas à Bafoussam, alors qu’elle se mette au travail. On ne lui demande pas d’être première de la classe ; elle a choisi un métier où les gens sont exigeants, et quand on a choisi un métier de plaisir, qu’elle ne donne pas du déplaisir ; quand on aime une chanson on aime aussi l’artiste, quand les gens rejettent ta voix, ils finiront par te rejeter aussi. C’est au pied du mur qu’on juge le maçon, c’est aussi devant ce mur qu’il apprend. Bien évidemment, les gens reviendront toujours quand ils entendront qu’elle est là, c’est pour attendre cette partie insipide de sa voix et rire maintenant sa tragi-comédie.
La musique camerounaise.
La pléthore de rythmes syncopés et les expressions des artistes camerounais l’ont rendue unique. Bien que principalement, d’origine lointaine, on parle du bas Congo, ce qui n’est toujours pas vrai, la musique camerounaise est le produit d’une confluence de nombreuses cultures, elle a plusieurs soubassements naturels, les chants des oiseaux, les cris des animaux, la culture des hommes dans leurs instruments ( les tam-tams, les tambours, et les chants traditionnels etc.). On nous demande pourquoi on s’ingère, c’est parce que c’est une artiste, elle est donc dans ce cas un personnage public. On est tenu d’exprimer notre ressentiment. Probablement, ça va l’aider. Quand un footballeur joue mal, on dit qu’il a mal joué, il n’est plus appelé à l’ équipe nationale, pourquoi pas une chanteuse qu’on admirait. Il était devenu indispensable pour les musiciens de trouver « leur voix. On comprend qu’elle ne s’est pas reposée la veille pour chanter le lendemain. Sa voix montre qu’elle n’avait pas dormi. Elle attire l’attention, il faut donc qu’elle surveille sa prestation, c’est sa carrière qui est en jeu. Ce n’est pas le tic-toc ou les boums du marchés ou les vendeuses de tomates s’agrippent autour d’elle et chantent à bouche que veux-tu. Tout camerounais, qui choisit de se produire dans son domaine à l’étranger se doit d’être au top, c’est comme dans le football, dans l’enseignement, ou l’écriture. C’est un continent qu’elle représente qu’elle s’arrange. En tout cas ma gamine de 6 ans l’aime toujours, mais je crois que c’est parce qu’elle n’a pas encore vu la vidéo dont il est question.