Échec après échec, changement après changement, le Cameroun, depuis 2018, a vu son statut de grand champion d’Afrique s’affaisser peu à peu. D’abord, sans rien enlever à son exceptionnelle renommée, les Lions Indomptables bénéficient toujours de l’aura de leur passé glorieux qui colle à leur peau. Seule l’équipe nationale du Cameroun est imprégnée en Afrique de matches et de gestes de légende ; elle a été, d’une certaine manière, la première équipe africaine à battre le Brésil en match de coupe du monde. Vue sous cet angle, notre équipe pèse encore de tout son poids. Mais elle n’a plus été flamboyante, ni décisive. Pourtant, elle est au plus complet. Depuis quelques jours, une fois Eto’o dégagé, ils ont repris leur autonomie, leur effervescence et leur harmonie d’unité. Un joueur, généralement, doit être un athlète libre, sans contrainte, il doit faire ce qu’il a appris tout en respectant les consignes du jeu collectif.
On remarque d’ailleurs que des joueurs introvertis comme Zambo Anguissa on le gardien début Onana ont retrouvé le sourire. C’est une équipe qui sera pragmatique et rationnelle ; on sent que leur vibration est plus haute et puissante, ils sont sympathiques entre eux et très communicatifs. Ils ont la chance d’avoir un capitaine cultivé Aboubakar Vincent ; c’est maintenant que ce gars va se déployer et retrouver tout son habileté. Désormais liés au destin d’un autre entraîneur, les lions dès dimanche doivent jouer un rôle proéminent. Notre équipe nationale a de puissants attaquants comme Aboubakar Vincent qu’on n’a pas souvent bien utilisés, sans explication. Il forme un tandem très intelligent avec Tchoupo-Moting.
Les Lions reprennent leur symbole d’une période phare pour le pays sur le plan du développement culturel. Chaque équipe a besoin d’une réforme, car il y a des retours qui marquent l’histoire d’une vie. L’équipe dans l’ensemble est comme libérée de l’emprise dans laquelle elle était, non pas attachée mais ligotée. Ils étaient comme des personnes qui ont la bouche cousue. On aurait dit le malheur du galeux qui se gratte ; bien qu’éprouvant du plaisir en se grattant, il est rongé par une maladie qui l’amaigrit. Notre équipe nationale sombrait sans que des éminentes personnalités de ce sport reconnues dans notre pays ne condamnent une telle déchéance. C’est dire comment le pays était vraiment touché par la gangrène. Malgré tout, le Cameroun est un pays attractif souvent déchu, mais toujours à la une du monde.
On a même oublié que la Côte d’Ivoire a remporté la Coupe des Nations. On se souvient, lors des qualifications pour la Coupe du Monde au Qatar, alors qu’il venait de perdre la Coupe qu’il avait organisée, c’est le Cameroun qui a rayonné à travers le monde à cause de son match à Blida. C’est cela qui fait de notre pays une nation extraordinaire ; le Cameroun a fait que d’autres pays soient marqués par une complexe de peur ancrée dans leurs gènes. Même lorsque les autres gagnent, c’est le Cameroun qu’on admire. Au Qatar, alors qu’il fait un tournoi décevant, l’équipe du Cameroun vient battre le Brésil.
À présent, les jeunes ont retrouvé le plaisir d’être ensemble. Je crois qu’il y coule les larmes de la libération. Car le football est d’abord mental ; tant que tu n’as pas un mental dopé, ton talent ne donnera pas. Nous avons les stars dans notre équipe, mais elles ressortaient sans déployer ce qu’elles savaient faire à cause de l’épée qui se dressait sur elles. L’équipe n’a pu donné sa pleine mesure. Le 8, on attend de voir qui marquera le but historique pour le renouveau de notre équipe fanion. On n’avait plus jamais vu cela ; on n’a hâte de le revoir : des buts arrivés de façon régulière et avec manière.