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Le commerce des bébés au Cameroun : une réalité glaçante et des récits poignants

Par Adèle Chimène Ekango

Depuis plusieurs années, le Cameroun est le théâtre de scandales liés à une pratique aussi choquante qu’inacceptable : l’achat et la vente de bébés. Cette réalité troublante, longtemps reléguée au rang de rumeurs, a pris une ampleur alarmante, particulièrement depuis l’affaire emblématique de Vanessa Tchatchou, en 2011. Cette affaire a levé le voile sur un phénomène profondément enraciné, où le désespoir, la manipulation et l’avidité se croisent, au détriment des plus vulnérables.

L’affaire Vanessa Tchatchou : le point de départ d’une lutte acharnée

Vanessa Tchatchou avait seulement 17 ans lorsque sa vie bascula le 20 août 2011, à l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Ngousso à Yaoundé. Après avoir donné naissance à son bébé, ce dernier lui fut arraché dans des circonstances jamais élucidées. Malgré le soutien massif des médias, des hommes de loi et de la population camerounaise, elle n’a jamais pu retrouver son enfant. Ce drame, profondément ancré dans sa mémoire, a fait d’elle une figure de résilience et de combat. Refusant de céder au désespoir, Vanessa Tchatchou s’est donné pour mission de lutter contre ces crimes en devenant avocate. Son engagement a été scellé récemment lorsqu’elle a prêté serment au barreau. Aujourd’hui, cette femme éduquée et déterminée porte avec force la voix des sans-voix, rappelant sans relâche au monde ce qu’elle a enduré.

Une nouvelle affaire éclate : l’histoire de Rachelle Camille Assengono

Alors que les cicatrices laissées par l’affaire Tchatchou sont encore fraîches, une nouvelle histoire bouleversante vient de secouer l’opinion publique. Cette fois, elle implique Doume Armelle, une jeune femme qui, après être tombée enceinte, a menti à son compagnon en prétendant avoir fait une fausse couche. Son but ? Vendre le bébé à Rachelle Camille Assengono, une enseignante en poste au CES de Mensonges 2, dans le département de la Mefou et Afamba. La somme convenue pour cette transaction sordide s’élevait à 400 000 francs CFA. Le scandale a éclaté grâce à un reportage de la chaîne de télévision privée Vision 4. Le père biologique, découvrant le mensonge de sa compagne, a immédiatement alerté les autorités. Les forces de l’ordre ont alors pris les choses en main, ouvrant une enquête pour faire toute la lumière sur cette affaire.

Un phénomène qui interroge la société

Au-delà des drames individuels, ces histoires mettent en lumière une société confrontée à des défis complexes. Pourquoi des femmes, parfois très jeunes, en viennent-elles à de tels actes ? Quel rôle jouent les réseaux clandestins qui facilitent ces transactions ? Et surtout, que fait la société pour protéger les mères vulnérables et leurs enfants ? Ces affaires, bien qu’atroces, ne sont pas isolées. De nombreuses victimes préfèrent garder le silence, soit par peur des représailles, soit parce qu’elles sont séduites par des offres alléchantes. Cette omerta, associée à des structures légales et sociales souvent défaillantes, permet à ce trafic de perdurer.

Un appel à la vigilance et à la justice

Les cas de Vanessa Tchatchou et de Rachelle Camille Assengono rappellent que la lutte contre l’achat et la vente de bébés est loin d’être terminée. Il est impératif que les autorités, les institutions judiciaires, et la société civile travaillent main dans la main pour éradiquer ce fléau. En attendant, des voix comme celle de Vanessa Tchatchou, devenue symbole d’espoir, sont essentielles pour sensibiliser et mobiliser. Son histoire, empreinte de douleur mais aussi de courage, est une preuve vivante qu’il est possible de se relever et de se battre pour une cause juste, même après les pires épreuves.

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