PAR JULES CESAR TCHAYA
L’aventurier, c’est l’homme des certitudes. Enfermé dans cette certitude, il peut réussir. C’est une rare chance. C’est cette certitude qui le guidera toute sa vie. S’il meurt, c’est aussi cette même certitude qui l’emporte. La certitude est son dernier mot, c’est à cela qu’il rendra hommage. Je veux dire sa conviction. L’aventurier est ce qu’il est ; c’est un homme de grande décision, il décide de sa vie. Mais aussi de grandes illusions. L’aventure est un destin, et l’aventurier un architecte. Lui-même construit sa maison, mais comme dit la philosophie, l’architecte construit d’abord un plan contrairement à l’aventurier, qui se construit sur le chemin de l’aventure. Il n’écoute personne, il suit son intuition. Se lève et s’en va. La culture vers le lointain qui sonne à ses oreilles l’ondule de mots tendres. Lève-toi et vas-y. Il se lève et s’en va. J’ai été en aventure, 21 fois pour comprendre ce qui se passe dans la tête d’un aventurier. Lorsque j’ai compris, je suis revenu à la case départ. En réalité, il est difficile de savoir ce qui pousse un homme à se mettre debout et à partir. Est-ce vraiment le désœuvrement ?
Les femmes blanches ? La fuite en avant de ses responsabilités vis-à-vis à de la société dans laquelle il a grandi ou alors par simple goût de voir de nouvelles choses Rencontrer de nouveaux visages ? Toujours est-il que l’aventurier est un homme singulier Il suffit d’un coup de tête, comme un oiseau, il se lève et s’envole, animé par une joie qui inonde son cœur, il a l’impression de se libérer d’une corde qui l’attachait. Mais comme toute vie l’aventure est une école. Elle enseigne comme le maître devant ses élèves, c’est l’école de la vie, bien qu’on soit fragile, on la vie avec intensité. Soit on réussit, soit on échoue. C’est le lieu par excellence où se crée les amitiés, les amitiés sincères, c’est le lieu où on se creuse on fait aussi face à l’adversité. Il y a des aventuriers qui partent et qui ne reviendront jamais, parce que l’aventurier ne pense d’abord qu’à lui même. Il oublie sa mère, ses frères, sa copine. Dans sa mémoire la date de son départ est un beau souvenir. Il n’a que faire de ceux qui sont restés. Il y a trois dates importantes dans la vie de l’aventurier : la date de sa naissance , la date de son départ, celle qui fera qu’on l’oublie à jamais. Quand la maladie du voyageur te ronge tu es sûr de partir. Et c’est ça la vie, l’aventurier en majorité des noirs retournent vers son maître blanc pour un espoir de la vie.
La police des frontières. L’ami de l’aventurier ?
Le chemin de l’aventure est le seul chemin qu’il faille rendre humain, car, hors des frontières, l’homme n’est qu’une mouche. Si un aventurier déclare qu’il n’a jamais été brimé dans une police des frontières. Je dirai qu’il ment, dans ce cas, je lui donne rendez-vous dans les pays du Maghreb. Tout voyageur doit savoir que, quitter son terroir et aller s’installer ailleurs marque l’étape d’une nouvelle vie, c’est une vie pleine d’épreuves ; l’épreuve pour vous même d’abord et devant les autres, la pensée de Rousseau est très active. L’homme naît bon, mais la société peut le corrompre, c’est facile de se retrouver avec des mauvais compagnons, des bandits qui ont déserté le pays, la prostitution pour les filles, les basses besognes et souvent devenir pasteur. Le diplômé est considéré comme un dissident, le non diplômé comme un voyou. En aventure, on mange tout jusqu’à la vipère qui porte encore son venin. on la tue, le sèche, on la mange. Si elle tarde à sécher on la mange crue. Le plus dur, c’est le fait que l’aventurier ne sait à proprement parler sa destination finale ; parce qu’en cours de route, un aventurier change. Et lorsqu’il a décidé rien ne peut plus le stopper, il fonce. Tête basse il fonce comme un mouton qui suit le vent.
A quoi ressemble l’aventurier ?
C’est un paltoquet dans le quartier, mais c’est un homme courageux. Un détenu qui est découragé de rester au milieu où on connaît ses forfaits. A la sortie, généralement, il ne veut plus rester au pays. Habitué à être leader dans les milieux carcéraux, il aime montrer son ardeur sur les choses rares. Ce dernier peut t’embarquer dans une direction tout simplement parce qu’il veut être l’éclaireur. Toujours est-il qu’il connaît le chemin et il le récite à qui veux s’opposer à son projet. c’est un menteur, il s’est fabriqué une histoire à beau mentir qui veut de loin. L’Afrique est immense, il ne faut pas s’y tromper, le voyage est long, presqu’interminable, tous les jours vous marchez, sans savoir quand un jour, vous arriverez, et s’il arrive de prendre des voitures, c’est des voitures qui roulent à tombeau. Ils veulent vite arriver et retourner montrer le luxe. Après, la route, c’est le désert qui vous attend devant l’épreuve la plus difficile. Oui le désert… je le connais, il me connaît aussi, je l’ai effectué 21 fois. Puis je l’ai vaincu. C’est parce que j’étais chanceux, mais la 22 ème fois, il m’attendait ferme et je ne suis plus reparti. Si j’avais osé, c’était la mort, et le désert te regarde et te parle, avance si tu es un homme. J’ai préféré retourner. Les marchands d’esclaves, ça ne date pas d’aujourd’hui, il existe depuis nous le savions, on marchait en regardant de gauche à droite, la fin de l’aventurier. Un chien à ses côtés qui l’amène dans une plantation pour faire un travail qu’il ne quittera plus jamais. Qu’on soit fort ou faible, on tombera un jour de famine ou de soif. Des mariages des femmes pour s’en sortir où elle devient un objet sexuel, des grands frères qui avaient pris la route avec leur petit frère qu’ils abandonnent quelque part. Des bagages qu’on confie à ceux qui retournent dont on n’est pas sûr qu’ils arriveront, les copines qui se séparent de leur copain les sexes qui s’offrent pour un morceau de chocolat.