L’Afrique est connue pour abriter les politiciens les plus tenaces, d’où l’éternelle longévité de nos dirigeants au pouvoir ou à des postes clés, une longévité qui semble désormais s’assimiler à une monarchie. Le pouvoir appartient à Dieu… Est-il Africain, ce Dieu dont on parle ? Quand le commun des mortels s’extasie à l’annonce du week-end ou d’un jour férié, d’autres se plaisent à l’idée que leurs arrière-petits-enfants les trouvent encore en fonction.
Drôle de paradoxe ! C’est à croire qu’ils sont des super-hommes qui ne tombent jamais malades, ou ne prennent jamais de vacances. Voilà une génération où le temps semble s’être figé, la peur de passer le flambeau à une nouvelle génération. Cette longévité s’applique aussi à notre environnement, un amour indescriptible du pouvoir. S’ils ne le perdent pas en étant déchus, ils passent leur temps dans des lieux sacrés dans l’espoir de ne pas lire leur nom affiché sur le babillard du ministère ou de l’entreprise : [admis à faire valoir ses droits à la retraite].
Que faut-il penser d’une personne qui a peur de raccrocher les crampons parfois au détriment de sa propre santé ? Savez-vous que de l’autre côté du monde, les vacances sont un privilège et la retraite une bénédiction ? Je me souviens encore quand nos parents prenaient un plaisir incroyable à nous raconter les secrets de nos grands commis de l’État qui avaient vécu longtemps en ville et étaient rentrés au village avec une grande fierté. Elle était tellement noble, cette époque lointaine où un ancien directeur général pouvait prendre sa retraite et rentrer dans sa belle maison construite avec maestria durant sa longue carrière de haut fonctionnaire.
Il est maintenant difficile de trouver un grand commis de l’État dans un village, car occupant à lui seul plusieurs postes de responsabilité [président du conseil d’administration, directeur général, secrétaire général, chef de village] au point où, le jour de sa mort, il se retrouve en train de faire 15 mois à la morgue, le temps pour la famille de rapidement construire au village une maison digne de son rang. Suivez mon regard ! Sache-le, il n’y a pas de mal à passer le flambeau, il n’y a jamais de mal à dire « je suis fatigué, je vais me reposer ». Les honneurs reviennent à ceux qui savent sortir par la grande porte.