La FIFA, ce n’est ni la CAF ni la FECAFOOT, et elle ne tolère pas que le chaos s’invite à ses portes. Après avoir organisé l’une des plus somptueuses finales de la Coupe du Cameroun dimanche dernier, marquée par l’éclat des grands événements, Samuel Eto’o fait de nouveau parler de lui, mais cette fois, négativement. Sanctionné pour six mois, il est accusé d’avoir protesté contre l’arbitrage lors de la Coupe du monde féminine U20. Désormais, le président de la Fédération camerounaise est banni des stades, réduit à suivre de loin les performances de ses sélections nationales, du moins pour les six prochains mois. Enfin, un peu de répit face aux fanfaronnades constantes qui entourent nos équipes nationales, même si, ironie du sort, chaque faux pas de cet homme semble inévitablement le hisser encore plus haut dans l’estime de certains. Pourtant, le voilà relégué au rang de simple spectateur, contraint d’observer le spectacle à la télévision. Le pouvoir, dit-on, rend fou.
Il faut admettre qu’il était depuis quelque temps dans le collimateur de la FIFA. Celui qu’on disait proche du président de cette institution se retrouve aujourd’hui sous le coup d’une sanction lourde. D’aucuns diront qu’elle est excessive, mais elle pèse désormais sur son parcours, inscrit dans son dossier personnel, on se souviendra de cette sanction pour toute ambition de l’homme de pouvoir un jour accéder aux hautes sphères de la FIFA. Dès que l’information nous est parvenue, nous avons pris soin de vérifier sa véracité, et il ne fait plus aucun doute que la sanction est bien réelle. Notre icône nationale accumule les maladresses : après avoir semé le désordre sur ses propres terres, voilà qu’il a tenté de faire de même à l’étranger. Mais, à l’inverse de chez nous, la basse-cour internationale ne tolère pas les débordements. Aucune fédération ne saurait accepter des attitudes telles que celles d’Eto’o, et pourtant, aveuglés par notre adulation, nous continuons à tout excuser, même sur ce qui touche à notre dignité.
Il est souvent répété qu’il s’entoure de mauvais conseillers. Comment, entouré de juristes chevronnés, peut-on se retrouver à batailler contre des accusations aussi peu fondées ? On se souvient de la controverse avec l’Algérie après les qualifications pour le Mondial, et aujourd’hui, nous voilà, nous aussi, tentant d’emboîter le pas avec les mêmes contestations douteuses. Cela démontre une chose : à la tête de nos fédérations, bien peu de gens inspirent confiance et crédibilité, nous sommes défaillants. Cette situation offre d’ailleurs une opportunité au gouvernement de prendre des mesures, car un enfant sanctionné à l’extérieur doit également être réprimandé chez lui. C’est le début de la fin.
Nous le souhaitons vivement. Jamais dans l’histoire de la FECAFOOT un président n’avait été ainsi sanctionné. Nous voici exposés aux yeux du monde, et notre nation ne devrait pas s’enfoncer dans un tel désordre à l’international. On l’a souvent dit : malgré toute sa bonne volonté, Eto’o Fils semble guidé par un excès d’orgueil, une folie des grandeurs qui le pousse inlassablement vers des comportements démesurés. C’est ce que les Grecs appelaient l’hybris, et l’histoire nous l’a prouvé maintes fois : c’est cette même folie qui a conduit à la perte de César, de Bokassa, d’Idi Amin Dada, et plus près de nous, de Moussa Dadis Camara ou d’Amougou Belinga. Voici le temps donné au ministère d’enfoncer le clou.
L’homme aspire à se faire remarquer, à imposer sa volonté, mais il arrive un moment où une limite doit être posée. La sanction est ce signal puissant, un rappel que ce qui est permis au Cameroun ou ailleurs en Afrique ne trouve pas forcément sa place à la FIFA. C’est là tout le sens de cette décision. Ainsi sanctionné, nous ne voulons plus qu’il prenne la parole au nom des Lions. Son silence désormais, loin des tribunes, doit laisser place à une nouvelle voix, une voix qui portera avec dignité les valeurs que nous chérissons sur le plan international. Nous disons merci à la FIFA.