Mag-Afriksurseine-Mars-2024

LA CEDEAO, LE PERE FOUETTARD ENTRE EN SCENE AU NIGER

Par Michel LOBE ETAME

le père fouettard, entre en scène dans le conflit au Niger L’Afrique redouble d’efforts pour ramener la paix et concorde au Niger après la destitution de son président, Mohamed Bazoum. Ces initiatives viennent s’ajouter à la longue liste des pays occidentaux qui condamnent sans réserve le putsch militaire qui a renversé un président « démocratiquement » élu. L’actualité africaine n’a point de répits. La « Maison Sénégal » est aussi en feu. Macky Sall qui a juré de renoncer à un troisième mandat, s’acharne à disqualifier les potentiels candidats à sa succession, dont le plus redouté, Ousmane Sonko. Il veut sans doute, à la fin de son mandat, devenir faiseur de roi. Il a tort. Mais son aveuglement ne se limite pas seulement à harceler l’opposant Sonko. Il vient de l’incarcérer. Et comme tout cela ne suffit pas, le parti politique de Sonko, le Pastef est dissous.

Une première dans le Sénégal moderne encensé pour sa jeune et exemplaire démocratie dans une Afrique dirigée par des présidents aux mandats illimités. Des initiatives se succèdent. Niamey est devenue la capitale du monde la plus sollicitée après Kiev. Des délégations de bons offices frappent à la porte des nouveaux dirigeants. Mais la junte militaire au pouvoir à Niamey n’en a cure. Elle est décidée à confisquer le pouvoir et à ouvrir une aire nouvelle face au désespoir d’une jeunesse qui soutient en masse les changements en cours. La Communauté Économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne le supporte pas. Elle a décidé de jouer les médiateurs. Nous pouvons saluer cette initiative qui s’inscrit dans une démarche logique des conflits en Afrique. Mais la CEDEAO peut être taxée de maladresse, car jusqu’ici, elle ne propose que des mesures punitives.

 

Sa démarche est faite d’injonctions et de menaces. Est-ce son rôle ? Nous attendions d’elle qu’elle condamne les troisièmes mandats anticonstitutionnels. Elle est restée muette. Ces silences l’ont discréditée auprès de toute la jeunesse africaine. Nous attendions également qu’elle poursuivre ses actions vers une monnaie commune. Elle n’a pas été en mesure de faire aboutir un projet qui conduirait l’Afrique vers une monnaie souveraine. La CEDEAO et son nouveau président, le nigérian Bola Tinubu, fraîchement élu, a tort de proférer des menaces guerrières aux putschistes de Niamey. Ce discours de va-en-guerre est révolu. Elle n’a pas les moyens de ses ambitions pour « restaurer » un président déchu. Elle devrait être à l’écoute du peuple nigérien. L’Afrique ne peut s’engager dans une guerre fratricide. Dans ce contexte conflictuel, le Burkina Faso, le Mali et la Guinée ont haussé le ton. Ils seront aux côtés du Niger pour défendre ses acquis de souveraineté et de liberté. Le ton est donné. Que dire de l’Union Africaine qui s’est contentée d’un communiqué laconique pour condamner les putschistes du Niger ? Le discours politique n’a plus sa place dans le quotidien africain livré à lui-même.

Une question se pose avec une certaine acuité : Nos dirigeants, sont-ils déterminés à sortir le continent de la pauvreté et à vaincre le terrorisme islamique ? A ce jour, la jeunesse désespère des promesses non tenues. Et elle s’indigne à juste titre. Cette jeunesse, qui est née libre, ne peut supporter la vassalisation de ses dirigeants qui brillent par leur mendicité auprès des dirigeants occidentaux et de leurs multinationales qui pillent ses richesses. Elle ne souhaite pas se jeter dans la gueule de nouveaux prédateurs tels que la Chine, la Russie, l’Inde et la Turquie. Elle veut être digne et choisir en toute liberté ses partenaires économiques pour des contrats gagnant-gagnant. Les menaces guerrières de la CEDEA sont regrettables. Elles livrent au grand jour l’incapacité de ses dirigeants à dialoguer et à aimer leurs pays respectifs et l’Afrique. Elles étalent au grand public l’image de dirigeants affairistes et inconscients qui se discréditent aux yeux du monde. Lutter contre la mal gouvernance doit être le credo de l’Afrique.

Les dirigeants actuels en sont incapables. Ces pauvres nihilistes ont échoué. Les menaces de la CEDEAO sont fantaisistes. Est-ce son rôle de jouer les pères fouettards ? A-t-elle inscrit ce droit dans sa constitution ? A-t-elle pensé à un bain de sang et à ses conséquences ? Ces menaces proférées ne contribuent pas à construire les bases d’un dialogue dialectique et inclusif pour mettre fin à tous ces coups d’Etat qui portent la marque du mal-être de ces dirigeants qui n’entendent pas s’émanciper. Michel LOBE ETAME Journaliste indépendant.

Tendances

A Lire aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut