Son look est unique, Ines D est une chanteuse américaine, d’origine camerounaise. Elle est passionnée de musique. Dotée d’une mémoire étonnante, la chanteuse est aussi poétesse dans l’âme. Afriksurseine l’a rencontrée et au cours d’un entretien, elle nous a livré non seulement sa riche culture musicale mais surtout intellectuelle. C’est la des chanteuse la plus romantique que nous avons interviewée à ce jour. Lisez plutôt.
Bonjour Ines, nous venons de faire votre rencontre et nous sommes émerveillés par votre stature. Beaucoup vous découvriront également dans cette interview. Est-ce que vous pouvez vous présenter à nos lecteurs ?
Bonjour, merci de me prêter votre plume. Je m’appelle Ines D, D, pour Djakou. Je n’ai jamais voulu avoir un autre nom que le mien, alors un proche à simplement abrégé mon nom de famille en D et m’a proposée de garder Ines. J’ai passé plus de la moitié de ma trentaine à Maison Blanche au Cameroun, mais c’est au cœur de la ville de Bangangté que j’ai vécu les plus belles vacances de mon enfance. Il est difficile pour moi de me décrire personnellement, mais l’artiste que je suis aujourd’hui, a maturé d’un désir de coalition entre les trois cultures qui m’identifient : américaine, camerounaise et Bamiléké.
Nous savons que vous êtes américaine, d’origine camerounaise pouvez-vous nous raconter en quelques ligne votre histoire entre ces deux nations ?
J’ai grandi au Cameroun jusqu’à l’âge de 19 ans, après j’ai entrepris contre le gré de mes parents, un voyage en quête d’aventures musicale. Je voulais chanter et découvrir le monde ailleurs, l’art sans la cloison parentale qui semblait mettre des limites à mon envol. Après des années de carrière de chanteuse entre le Cameroun et l’Algérie où je poursuivais mes études en Commerce International, les États-Unis m’accueillent à bras ouvert. Une fois sur place, l’excitation de l’expérience musicale à laquelle je suis exposée connaît un déclin considérable. La réalité me tombe dessus comme une claque.
Je dois bosser à en perdre le sommeil. Il s’agissait de peaufiner mon accent, récrire ces textes qui me semblaient digne de la plume d’une élève d’Aimé Césaire. En Amérique, je n’avais pas de repères et j’avais peur de perdre mon identité ethnique de fière Bamiléké. Alors, au fur et à mesure que mon intégration s’est faite, j’ai trouvé la paix intérieure en conciliant cette nouvelle culture à la camerounaise d’origine que je suis. C’est la raison pour laquelle mon art dévoilera toujours un peu des deux, parce qu’il illustre cette appartenance à deux nations aux cultures diamétralement opposées.
Vous venez de décrire en filigrane votre parcours académique, mais cela me semble insuffisant, pouvez-vous le compléter ?
J’ai fait mes études secondaires au Cameroun, puis à l’université dans le New Jersey aux États Unis. Je commence une Carrière Médicale en tant qu’Émergence Médical Technician. A quelques mois d’entrer dans mon école de médecine de rêve, je ressasse le traumatisme de Covid et décide de quitter le médical pour un monde plus libre de contrainte physique. J’entreprends des études en informatique, notamment en tant que Database Administrator. J’espère ainsi pouvoir gagner en liberté afin de m’abonner davantage à mon art, ma raison de vivre.
Pourquoi avoir choisi la musique au lieu d’un autre art ?
Je dirai que la musique m’a choisie. Croyez-moi, il y a des jours où je donnerai tout pour que mon cerveau me serve quelques minutes de silence. C’est constamment un concert ou l’écriture d’une chanson, d’un script dans ma tête. Je commence à m’intéresser à la musique très tôt selon ma feu maman, vers 7 ans. Je n’ai jamais su voir le monde différemment que des notes sur des mesures. D’ailleurs, il m’arrive de me demander ce qui hante le reste du monde et ce que la vie sans musique en Play 24h/24 est pour les autres. En ce qui me concerne, je ne serai qu’un rosier sans roses, et Dieu sait que mes épines seraient pointues.
Pensez-vous avoir la musique dans le sang ?
Je n’oserai pas prétendre cela. Pour être honnête, si ma carrière venait à révéler ma musique comme innée, je crierai au scandale. J’y mets beaucoup de travail et il est évident que le chemin qui mène à ce genre de conclusion est truffé de chefs d’œuvres. J’ai beaucoup à prouver, et j’ai hâte de surprendre et émouvoir mon public avec un art digne de la passionnée que je suis.
Combien de tubes on peut compter dans votre discographie ?
So far, j’ai officiellement quatre chansons sur toutes les plates-formes légales de téléchargement. Le clip vidéo de ma dernière, « kongolibon » sera disponible dès ce vingt-neuf novembre sur ma chaîne YouTube. Ce dernier me tient particulièrement à cœur parce que c’est mon premier clip dont je suis Directrice de photographie, un rôle qui m’a beaucoup appris et que j’ai hâte de peaufiner vu ma passion pour le cinéma également.
Dans votre chanson Molo Molo vous faites un mélange extraordinaire de son, de rythme et de langue, pouvez-vous nous en dire plus sur cette chanson très originale
Molo Molo est un mélange de Ben skin et d’Afropop Slash Makossa. Comment le dire en mot simple ? Certaines femmes aiment aller faire du shopping pour s’acheter des vêtements et des accessoires, moi, j’aime découvrir des producteurs autour du monde. Je suis tombée sur la musique de SmileDi, un jeune producteur malgache lors d’une recherche de talent musical. C’était un vendredi au travail, nous n’avions pas d’urgence et au bout de deux heures de non-productivité, je suis allée dans ma voiture avec le but d’écrire une chanson. Je tombe sur smiledi et je réécoute la musique de Molo et me dis: elle est légère et épouse le style Camerounais que je recherche. Dès la première écoute, j’ai le refrain Molo Molo, puis le premier verset, puis le second et ensuite, je la mets à mariner pendant un an environ ou plus.
Elle m’est venu facilement comme si les paroles étaient préméditées. Généralement, je prends mon temps pour écrire mes chansons, mais Molo Molo s’est écrite au travers de ma voix, je dirai. Au bout d’un an, je décide de la ressortir, question de déterminer si le recul m’a donné une autre perspective. C’est là que l’idée du Ben skin me vient. Je me souviens avoir fait une improvisation au cours de laquelle j’ai chopé le « hayayaya hayaaaa ». Elle était enfin prête à être soumise à mon directeur artistique. Oh lord. Je me suis faite ramassée, mais j’avais cette impression qu’il voulait que j’y donne mon tout. Molo Molo est la chanson qui m’a le plus renvoyé au studio aux États Unis. Il voulait que chaque intonation, chaque virgule soit subtiles, chaque voix devait parfaitement être synchronisée et quelques mots ont été supprimés, réinclus. Oh lala…
Votre look fascine beaucoup, lorsque vous êtes sur scène qu’est –ce qui attire le plus le public, votre carrure ou votre musique
Merci c’est gentil. Je dirai les deux. Je dois avouer que c’est la réaction de mon publique qui me fascine. Certains gardent la bouche ouverte du début à la fin de la chanson et me suivent du regard jusqu’à ce que je m’éclipse de la soirée. Certains me demandent si la voix est vraiment la mienne. D’autre me demande qui a conçu mon look, Enfin, c’est une curiosité qui me surprend. Je pense que lorsque je leur dis que je suis l’auteur derrière mon look, et la musique, ils se demandent si on peut être aussi polyvalent. Je pense que j’en suis la preuve et j’en remercie la destinée tous les jours.
A quel moment dans la musique vous reconnaissez que vous faites une œuvre d’art ?
Dans le regard et la critique du public. Comme je le disais plutôt, lorsqu’on vit toute sa vie à écrire et à concevoir de l’art, on ne différencie plus vraiment l’art et soi. Je pense que chaque personne en elle-même est une œuvre d’art. Je vis tellement mon art que je ne peux qu’en produire. Je n’ai jamais connu la vie sans créativité artistique, du coup, ce n’est que lorsque j’écoute les fans que je me rends compte que qui je suis à le potentiel de fasciner. C’est plutôt bizarre comme sentiment.
Que pensez-vous de la musique africaine aujourd’hui ? Comment est-elle reçue aux Etats-Unis ?
Il y a en ce moment une vague exotique qui semble émerveiller les USA. À la radio, c’est Burna boy, Tems, Rema, Aiko. C est l’Afrique qui prend le dessus sur tout ce qui est différent et unique. D’ailleurs, je travaille sur quelques titres pour également surfer sur cette vague. Ça fait plaisir de voir l’Afrique aussi honorée sous l’angle artistique.
Votre mot de fin.
Je vous remercie de l’opportunité que vous m’avez donné de me dévoiler. Ce fut un plaisir immense. J’invite tous les internationaux à aller sur afriksurseine.com pour l’actualité africaine. Portez-vous bien et merci d’être au service de l’Afrique.