La question des inégalités sociales revient de manière récurrente depuis des années dans les débats sur les transitions démocratiques, et notamment dans les pays en voie d’émergence. Depuis les années 1990, les aspirations à la démocratisation se font de plus en plus pressantes. Cependant, la déception des populations est de la même intensité, car la plupart des chefs d’État et de gouvernements qui se sont succédé, ont été incapables de répondre aux besoins les plus élémentaires des citoyens. Par conséquent, leurs politiques mises en œuvre en vue de juguler ces inégalités les aggravent plutôt. La politique n’a pas seulement pour but d’enrichir l’État, mais elle a pour but essentiel d’assurer la sécurité des populations les plus vulnérables et de veiller à ce qu’elles vivent mieux et en paix à travers des institutions justes.
Marginalité et démocratie
Les deux concepts s’interpénètrent en profondeur : les inégalités sociales remettent en cause les promesses démocratiques et la démocratie assure qu’elle est capable de redresser les inégalités. Comment pourrait-on résoudre ces deux problématiques lorsqu’on a aussi conscience que les questions ethniques, de népotisme et de corruption ne sont pas encore résolues dans le cadre de nos nations ? Il est cependant utile pour l’équilibre de l’information et pour dissiper certaines suspicions de rappeler précisément le contexte politique gabonais qui a précédé et justifié cette prise de pouvoir. On aurait tort de prononcer des sentences sans nuances et de faire des amalgames faciles. L’ex-Président gabonais Ali Bongo Ondimba, déchu par un coup d’état militaire le 30 août 2023, touchait un salaire de 270 millions de francs CFA par mois (Sources : direction Générale du Budget et des Finances Publiques du Gabon) à peu près 410.958 euros, soit une rondelette somme de 3, 25.000.000.000 milliards de francs CFA par an dans un pays où le salaire minimum garanti est établi à 150.000 mille francs CFA. Selon le rapport 2020 du PNUD, le Gabon occupe le 119ème rang sur 189 pays dans l’indice du développement humain (IDH = 0,703) faisant de ce pays immensément riche, mais aux fortes disparités économiques et dont le tiers de la population vit sous le seuil de la pauvreté avec 5 dollars par jour, soit l’équivalent de 3000 F CFA. Alors qu’en 14 ans de règne Ali Bongo aurait empoché un salaire total 45,5.000.000.000 milliards de francs CFA. Cependant, le Gabon continue de sombrer dans le marasme économique alors que les richesses du pays pourraient le faire sortir de la pauvreté et suffiraient largement à en faire le Singapour du Golfe de Guinée.
Qu’en est-il exactement dans le contexte subsaharien ?
En Afrique subsaharienne, les conditions de vie des pauvres sont restées effroyablement mauvaises. Comme le dit Adlaï Stevenson : « un homme qui a faim n’est pas un homme libre ». Curieusement, les inégalités augmentent en même temps que la démocratie s’installe. Ceteris paribus (Toutes choses étant égales par ailleurs.). A quoi sert donc la démocratie si elle ne peut subvenir aux besoins élémentaires des citoyens ? C’est-à-dire se nourrir, se loger, avoir accès aux soins de santé et à l’éducation. Les pauvres ont les mêmes droits que les autres citoyens, mais souffrent continuellement de fortes inégalités.
Les pays les plus développés en Afrique en 2023
La première place revient à l’Île Maurice, qui domine le classement des pays africains les plus développés, avec un indice de développement humain de 0,802. Les Seychelles, archipel de l’océan Indien se classent deuxième, avec un IDH de 0,785. L’Egypte et la Tunisie sont ex-aequo à la 4e place, avec un IDH de 0,731. L’Afrique compte à la fois des pays à revenu faible, à revenu intermédiaire, ainsi que des pays à revenu élevé. On trouve sur le continent 22 pays fragiles ou en situation de conflit et 13 petits États faiblement peuplés, au territoire restreint et disposant d’un capital humain limité. Selon les données de la Banque Mondiale, le revenu par habitant ne devrait augmenter que de 1,2 % en moyenne en 2023- 2024, un taux beaucoup trop faible par rapport aux progrès nécessaires pour réduire durablement la pauvreté.
L’Afrique en 2050 ?
En 2050, plus de la moitié de la population africaine aura moins de 25 ans.
Avec la montée du chômage, la pauvreté se généralise. Le continent africain s’apprête à accueillir des millions de nouveaux entrants sur le marché de l’emploi qui se caractérise aujourd’hui par un chômage de masse chez les jeunes et la multiplication des emplois précaires. Les perspectives de réduction de la pauvreté sont minces. Une situation qui s’explique par au moins deux facteurs :
– L’inflation galopante. Même si elle s’est atténuée, la hausse annuelle des prix des denrées alimentaires reste à deux chiffres dans 70% des pays. En cause, les coûts élevés des intrants agricoles, les dépréciations monétaires et les nouvelles difficultés d’approvisionnement lié au changement climatique.
– Le ralentissement de la croissance. Celle des trois plus grandes économies d’Afrique subsaharienne continue à fléchir. L’Afrique du Sud reste pénalisée par de graves pannes d’électricité, en plus de l’inflation et d’un durcissement des politiques intérieures. En Angola et au Nigeria, – les plus grands producteurs de pétrole de la région – la dynamique de croissance est au point mort, en raison notamment de la baisse des prix de l’énergie.
L’Afrique subsaharienne compte plus d’un milliard d’habitants. Forte de sa diversité et de ses ressources humaines et naturelles, cette région dispose d’atouts considérables qui pourraient mettre fin à la pauvreté. Avec un marché de 1,2 milliard d’individus et la création de la plus grande zone de libre-échange au monde, le continent pourrait s’engager dans une nouvelle voie de développement qui saura exploiter le potentiel que représentent sa population et ses ressources.
Renforcement l’état de droit pour une prospérité partagée.
L’état de droit est la condition nécessaire de la démocratie. Une gouvernance efficace peut débloquer d’importantes opportunités de création d’emplois, de valeur ajoutée et d’investissements dans le développement humain. La mise en place des institutions justes et la richesse de l’Afrique Subsaharienne pourraient jouer un rôle central dans la transformation de l’avenir économique de toute l’Afrique.