Par Yana Bekima
LA CEDEAO TEMPORISE
Le président de la République fédérale du Nigeria et président en exercice de la CEDEAO, Bola Tinubu, met fin au suspense. Il vient de suggérer une transition de 9 mois aux nouvelles autorités nigériennes. De ce fait, il roule proprement dans la farine la Françafrique et tous ses va-t-en-guerre en mettant fin à toutes leurs piailleries guerrières. La pseudo fermeté affichée par la CEDEAO n’était vraiment pas la bonne stratégie face à la junte nigérienne. Ce faisant, elle a renforcé paradoxalement les putschistes et tout le monde le sait à présent qu’il s’agissait d’une fermeté à géométrie variable.
Elle a fait fausse route en soutenant l’option d’une intervention militaire et tout en se mettant d’elle-même dans une situation d’organisation hostile. La Françafrique mène le deuil silencieusement alors qu’elle avait prévu une guerre françafricaine, intrafricaine, interafricaine pour maintenir ses intérêts. Le président Bola Tinubu vient donc de se réveiller de sa torpeur en se rappelant des durées des transitions après chaque coup d’état des militaires dans son propre pays. La CEDEAO se comportait comme si elle était la souveraine du Niger, alors que c’est le peuple du Niger qui devrait jouer ce rôle. Elle avait oublié qu’elle a un rôle de proposition et que c’est en définitive le peuple nigérien souverain qui devrait disposer de son destin.
LA TRANSITION
La CEDEAO a parlé trop fort et très tôt. Elle revient progressivement à la réalité, toute honte bue. En tous cas, elle est tenue de revenir à la raison tout court en respectant la durée de la transition des nouvelles autorités du Niger. « Le Président de la CEDEAO propose une période de transition de 9 mois pour la junte…Etc. » et de facto vient de reconnaître diplomatiquement le gouvernement militaro-civil du CNSP au Niger.
Soyons sérieux !
Je crois qu’il n’est pas question de donner une transition de 9 mois, sorte de « Transition bébé », au Niger, car ce n’est pas un sous-peuple. Il ne faut pas se moquer de leur intelligence ! Pourquoi pas 36 mois comme au Mali, en Guinée et au Burkina-Faso afin de renouer avec un gouvernement civil ?
IMPUISSANCE DE LA CEDEAO
DÉCLARATION DE GUERRE SANS GUERRIERS
La CEDEAO était incapable de vaincre l’alliance militaire Mali-Burkina-Niger et c’est la raison pour laquelle elle a reconnu son impuissance militaire sans vraiment l’avouer. Et c’est aussi la raison pour laquelle elle semble revenir aux meilleurs sentiments. En effet, Bola Tinubu n’a pu constituer une véritable armée pour attaquer le Niger, car les sénateurs, les intellectuels et les populations du nord du Nigéria l’en ont empêché. Quant aux autres chefs d’États va-t’en-guerre de la CEDEAO, ils ont étalé simplement leur vacuité à la face du monde par des déclarations inconsistantes et tonitruantes. Un coup d’État est une fracture dans le processus de démocratisation et la transition au Niger sera salutaire et permettra le rétablissement de notre dignité collective en tant qu’Africains. La CEDEAO doit se réveiller du profond sommeil dans lequel elle est plongée en rectifiant précipitamment son tir sinon ses lacunes auront raison de ses ambitions. En un mot, comme dirait Aimé Césaire : la CEDEAO doit cesser d’être des jouets sombres au bal des autres.
MANIPULATION DE LA CEDEAO
Une autre réalité que nous devons garder à l’esprit, c’est qu’il n’est pas aisé d’être une puissance néocoloniale, en l’occurrence la France, sur la terre d’Afrique au 21ème siècle. En réalité, ce n’est pas la CEDEAO qui voulait faire la guerre, mais elle était poussée par certains néo-colons pour toujours avoir la mainmise sur les richesses du Niger. Le réveil d’une jeune génération s’opère lentement, mais sûrement. C’est une victoire d’étape pour les Nigériens et les Africains.