Mag-Afriksurseine-Mars-2024

ET SI L’AFRIQUE DEMANDAIT L’ANNULATION DE SA DETTE EXTERIEURE

DETTE EXTERIEURE

Par Michel Lobé Etamé

L’Afrique est riche. Nous entendons tous les jours ce refrain qui titille nos oreilles au point de marcher la tête haute. Pauvre de nous ! Notre continent croule sous une dette extérieure qui croit de jour en jour. Face à cette évidence, l’Afrique est présentée par ses bailleurs comme un jeune mineur qu’il faut encadrer en attendant qu’il atteigne sa majorité. C’est la triste image que nos amis ont de nous et qui est véhiculée dans les médias en Occident depuis les indépendances étriquées.   Encadrer l’Afrique n’est rien d’autre que de lui dicter ce qu’elle doit faire pour occuper le dernier banc d’une classe de cancres.

Cette incongruité systémique a été développée et mise en application par nos mentors. Les pays développés, grâce à une économie de marché font chaque année un état de leur santé économique, morale et sociale à laquelle ils ajoutent aujourd’hui la santé mentale qui leur permet d’élaborer des perspectives réalistes. A contrario, l’Afrique attend de ses amis qu’ils lui dictent la marche à suivre.  Dans ce contexte, l’Afrique peut-elle parler de souveraineté politique ou économique pour entreprendre de grands travaux de développement ? La situation politique et économique de l’Afrique ne permet pas d’envisager des lendemains qui viendraient bousculer les politiques en cours. Depuis les indépendances des années 1960, notre horizon est bouché. Les diagnostics approfondis des institutions financières internationales ne laissent entrevoir aucun espoir pour nos économies exsangues.  La dette extérieure de l’Afrique croule sur nos têtes. Elle est insupportable et injuste car elle brise tous les espoirs d’une jeunesse résiliente et déterminée.

En conséquence, dans la situation actuelle, tous les espoirs sont d’avance brisés. Nous le savons tous. Nous sommes sous l’effet d’un rouleau compresseur décidé à étouffer toutes les velléités qui tendraient à inverser la tendance actuelle. Les putschs en cours ne suffisent pas à changer la donne. Il faut des actions correctrices relevant de grands hommes. Il faut des hommes nouveaux, capables de remettre en cause les contrats léonins en cours. Mais d’autres initiatives sont possibles car elles ont été murement proposées par nos grands héros. C’est le cas de Thomas Sankara qui, au cours de son discours en 1987, a inspiré la création d’un comité pour l’abolition de la dette extérieure et illégitime (CADTM) de l’Afrique. Il ne suffit que d’une volonté politique. L’Union Africaine peut le faire. Elle doit le faire. Elle doit dénoncer la dette extérieure du continent car, malgré nos richesses endogènes à transformer, nous croulons sous une dette qui ne cesse de croitre et qui a pour objet de boucher tous nos horizons.

Cette dette extérieure est injuste. Elle ne permet pas à l’Afrique d’envisager des scenarios de développement inclusif indispensables à sa souveraineté économique, politique et sociale. Cette dette obère les projets de tout le continent sacrifié à l’hégémonies des puissances prédatrices qui ne sont pas disposées à traiter l’Afrique en partenaire. L’Afrique peut-elle encore supporter la hausse des taux d’intérêt sur le marché obligataire ? Non ! Cette réponse est sans équivoque. Elle justifie l’annulation de la dette extérieure de l’Afrique exsangue et qui ne peut vivre éternellement sous perfusion. La part consacrée au remboursement de la dette extérieure affecte tous les budgets et mettent en péril les équilibres budgétaires des Etats. A l’heure actuelle, la hausse des taux d’intérêt sur le marché obligataire n’est plus soutenable par les pays africains. Elle remet en cause leur souveraineté politique et économique. En effet, le remboursement de la dette extérieure dépasse 18% des recettes publiques.

Le poids de la dette n’est donc plus supportable et nous ramène à la tragédie de Sisyphe. Le rapport annuel à paraitre de la Banque Mondiale dresse un état alarmant de l’endettement de l’Afrique et redoute de nouveaux épisodes de crises des dettes. N’est-ce pas une raison valable pour remettre en cause la dette extérieure de l’Afrique et de demander tout simplement son annulation ?  L’Afrique devrait mener une campagne continentale pour dénoncer sa dette extérieure et l’annuler. Seule cette voie lui permettra de réunir les conditions pour une société démocratique où le parlement et l’exécutif mettront fin aux pouvoirs abusifs des présidents hyper puissants qui méprisent leurs constitutions.

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