Mag-Afriksurseine-Mars-2024

CONFERENCE DE LAUSANNE : LES SOUVENIRS D’UNE ACTUALITE QUI REVIENT

CONFERENCE DE LAUSANNE

C’était en 2018, à l’Hôtel Continental de Lausanne, un lieu plein de raffinement. Nous étions réunis pour une conférence captivante sur l’enfant africain face à l’éducation occidentale, organisée  par Marthe Cécile Micca. Mon intervention consistait à convaincre les illustres invités présents de l’impérieuse nécessité de transmettre nos précieuses valeurs ancestrales aux enfants nés sur cette terre européenne ou arrivés en bas âge, dont les parents avaient traversé mers et frontières à la recherche d’une nouvelle vie.

Le panel d’intervenants était d’une diversité qui motivait, avec un enseignant, une psychologue, une sociologue, une femme au foyer, un écrivain, un éducateur et bien d’autres éminents esprits. Face à un auditoire avide de solutions pour élever leurs enfants dans une société en perpétuelle transformation, le débat s’annonçait passionné, voire tumultueux. Les attentes étaient multiples pour les parents d’élèves africains, et l’efficacité de la transmission de nos valeurs variait d’une culture à l’autre.

Certains, comme les Arabes, Sénégalais, Maliens ou Guinéens, avaient réussi à préserver ces précieux héritages, tout comme parfois les Congolais. Mais pour nous, les Camerounais en particulier, l’acculturation était parfois tentante, et de nombreuses personnes délaissaient même nos valeurs ancestrales. À l’entrée d’Athènes dans l’Antiquité, une inscription proclamait fièrement « Voici Athènes. » Les anciens Grecs conseillaient aux étrangers de s’immerger dans la culture grecque, d’apprendre la langue et d’adopter les coutumes locales lorsqu’ils séjournaient en Grèce. Cependant, en Europe, il n’existe pas d’écoles ou de lycées africains dédiés à la préservation de nos valeurs. Quand on demandait à Senghor de choisir parmi les trois vies qu’il avait vécues en tant qu’homme public – homme politique, enseignant et poète – il répondait avec une conviction profonde : « Mes poèmes d’abord, c’est là l’essentiel. » Il souhaitait ainsi parler de sa culture, son imaginaire africain, ses valeurs à travers ses vers.

Car dans ses poèmes, il trouvait le moyen d’exprimer l’âme africaine avec son riche héritage, qu’il voulait léguer aux générations futures, un héritage aussi bien physique que spirituel, intellectuel, artistique et matériel. Tout compte fait chacun avait donné sa contribution. On retint ceci : que les femmes africaines ne perdront jamais le lien avec leurs racines. Elles se rappelleront toujours qu’elles ont le privilège d’appartenir à deux patries et d’arborer deux identités.

Pour cela, elles devront être dotées de patience, d’une douceur infinie, d’une résilience à toute épreuve, tout en gardant leur détermination. Un cœur de tourterelle pour rester calmes en toutes circonstances, une peau de crocodile pour s’adapter à n’importe quel environnement sans être rebutées, et surtout, elles ne devront jamais oublier le vieil adage : « Un morceau de bois restera toujours un morceau de bois, même après cent ans dans l’eau. » Nous sommes reconnaissants envers toutes celles qui s’efforcent de préserver et de transmettre les valeurs de leurs origines. Nos remerciements vont également à celles qui organisent des colloques pour discuter de l’avenir de l’homme africain. Elles sont véritablement immortelles, tout comme vous qui avez suivi cette réflexion avec attention.

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