Par Yana Bekima
Inauguration du pipeline reliant le Niger au Bénin ce 1er Novembre 2023
Le président Patrice Talon a choisi d’écouter son peuple en portant l’estocade à l’embargo décidé par certains de ses pairs il y a quelques mois. Le Bénin sort ainsi de l’embargo contre le Niger et ses populations. L’on voit clairement l’inutilité et la vacuité de cet embargo qui avait pourtant été décidé par la CEDEAO et instrumentalisé par les néo colons.
Un chantier extrêmement important
Ce mercredi 1er novembre 2023, le premier ministre nigérien Ali Mahamane Zéine a procédé avec les autorités du Bénin à l’inauguration du pipeline Bénin-Niger par lequel le Niger va exporter son pétrole via le Bénin et sceller définitivement la coopération fraternelle entre les deux pays. C’est un projet qui avait été élaboré sous l’ancien président du Niger Mahamadou Issoufou et prévoyait que le Niger allait quintupler ses capacités de production d’hydrocarbures grâce à un nouveau pipeline qui passerait via Cotonou au Bénin. C’est un pipeline long de 1982 kilomètres ; dont 1298 kilomètres se trouvent sur le territoire nigérien et 684 kilomètres au Bénin. Il s’agit d’un oléoduc géant qui a été construit conjointement par la China Petroleum Corporation (CNPC) dont les travaux avaient commencé en janvier 2020. Mais pour des raisons évidentes, ce n’est que ce jour que le premier ministre nigérien et plusieurs autorités internationales ont inauguré sa mise en service.
La raffinerie Ukelele dans la région de Diffa à l’est du Niger va connaître un développement.
C’est une production qui est destinée à l’exportation qui va non seulement booster l’économie nigérienne, mais aussi le Bénin à travers le port de Sèmè-Podji. Le Niger va donc passer de 20000 Barils à 110000 Barils par jour. Les réserves du Niger « tournent autour de deux milliards de barils ». Et selon les projections officielles, le Niger produira 200.000 barils par jour en 2026. C’est un investissement colossal de 4,5 milliards de dollars, ainsi le Niger entre dans la cour des grands producteurs d’or noir en Afrique de l’Ouest. L’infrastructure a une capacité de transport de 4,5 millions de tonnes par an, soit 35 millions de barils avec 8 stations de pompage (6 au Niger et 2 au Bénin). Ce projet va assurer la croissance économique du Niger qui pourrait s’établir à 12 points et pourrait s’attendre à 45% de recettes fiscales liés au pétrole. Le projet va entraîner la mise en place de plusieurs infrastructures routières et sociales et aider à l’amélioration des conditions de vie des populations nigériennes et béninoises La raffinerie de Ukelele aura, dans la même mesure, des effets d’entraînement sur l’économie béninoise qui pourrait tirer des avantages et des bénéfices allant de 25 à 40 % du projet. L’oléoduc Niger-Bénin relie les puits pétroliers du gisement de l’Agadem au port béninois de Sèmè d’où sera évacué le brut nigérien. le Niger va pouvoir désormais exporter son pétrole à l’international.
Un coup de pouce au Panafricanisme
Ce projet démontre ce que l’Afrique est capable de faire si l’on suit l’idéal panafricain qui recherche l’entente entre les États africains dans l’exploitation de leurs ressources afin de leur permettre de profiter de ce que la nature a mis à leur disposition. Le Bénin en allant au bout du projet pipeline conjoint vient de prouver à la face du monde que l’embargo n’aurait, en aucune façon, dû être pensé.
L’essentiel du commerce atlantique du Niger se poursuivra à travers le Bénin. Un projet juteux également pour le Bénin.
L’or noir coule et ce serait une grossière erreur de l’ignorer, car « Les affaires sont les affaires » et « Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ». Patrice Talon a eu peur que le Togo ne lui ravisse de nouveau la vedette, car le Président Faure Gnassingbé s’en frottait royalement les mains lors de la décision du Président Tinubu d’attaquer le Niger, en ouvrant ses frontières. Talon est donc vaincu grâce au pouvoir géoéconomique, géostratégique et géopolitique. Il ne peut bouder le pétrole nigérien et encore moins ses avantages liés, car le Togo est toujours à l’affût. Cette inauguration vient symboliquement enterrer cet embargo tenté par la CEDEAO et instrumentalisé par le néocolonialisme.