Cette entrevue a été menée au Burundi par les élèves de l’équipe du Rameau des Frères à la Sequela Christi. Elle nous a été transmise par le père Ngoura Christian, et nous la publions dans son intégralité.
Merci très cher père pour ce moment de partage et d’échange que vous nous accordez. Vous êtes le responsable de l’école mariste nouvellement ouverte au Burundi et en ce sens le tout premier Directeur de cette école.
Bonjour Emmanuel ! Bonjour à l’équipe du Rameau qui m’a sollicité pour faire cette interview avec vous mes chers frères à la Sequela Christi. C’est un honneur pour moi de me prêter à ce jeu de questions réponses avec vous. Quand je pense qu’il y a quelques années encore, j’étais à votre place pour effectuer ce travail. Comme tu le soulignes si bien, je suis un pionnier avec mes autres confrères dans l’implémentation de ce projet d’éducation mariste au Burundi et donc le tout premier Directeur. Le nom de l’École est Sainte Marie de Kinanira II.
Mais avant d’entrer dans le cadre de cette fonction, père, parlez-nous un peu de vous ? Qui êtes-vous ?
· Le nom que mes parents m’ont donné est Ngoura Mvoutsi Célestin Christian. Je fais partie d’une fratrie de quatre garçons à ma mère. Aujourd’hui, nous ne restons que deux. Un de mes frères décédé nous a laissé une fille. Ma maman est décédée en 2018 alors que je venais de rentrer du Noviciat aux Philippines. Par la force des choses, elle a assisté à ma messe d’action de grâce. Mon Papa lui est encore en vie et est le représentant légal du Chef de Yoko qui est ma ville paternelle. Comme pour dire que je suis originaire du Mbam & Kim.
· Parlant de mon parcours académique, j’ai fait l’Université de Yaoundé I filière Philosophie, ensuite j’ai fait comme vous en ce moment l’Institut de Philosophie Saint Joseph Mukasa où j’ai eu mon Baccalauréat en Philosophie. Puis j’ai fait la prestigieuse Université la Grégorienne à Rome où j’ai eu mon Baccalauréat en Théologie. Ce qui fait que, pour ma spécialisation, j’ai opté après avis concerté avec mes supérieurs d’aller à l’Université la Salésienne où j’ai fait la Formation des formateurs et Animateurs vocationnels.
· À mon actif, j’ai déjà écrit deux livres : La gestion de l’intelligence émotionnelle selon Daniel Goleman et La Sacramentalité de l’Église. Actuellement, je suis sur un projet d’écriture d’un nouveau livre qui s’intitulera Le Désir d’être éduqué. Il sera à caractère historique et revisitera la question de l’éducation Mariste, plus précisément dans le contexte Burundais.
· Parlant de ma vie de religieux, j’ai fais ma première profession religieuse le 18 Janvier 2018 à Davao aux Philippines. Ma profession Perpétuelle était le 15 Octobre 2022 et le Diaconat le 7 Janvier 2023 à Rome par l’imposition des mains du Cardinal Ladaria (alors préfet de la congrégation de la foi). Le 02 Septembre à Yaoundé dans notre Paroisse Sainte Anne d’Obili, a eu lieu mon ordination presbytérale par l’imposition des mains de Mgr Yvan Matthieu, sm.
D’accord père. Merci pour tous ces détails. Mais dites-nous, père, quelle est l’histoire de votre vocation et comment ce choix de la société de Marie ?
· Mon histoire vocationnelle est un peu atypique dans la mesure où je n’ai jamais pensé devenir religieux un jour ou encore prêtre. J’ai toujours rêvé grand à savoir être Docteur comme mon homonyme le Pr Ngoura Célestin de regretté mémoire. J’ai toujours voulu être un enseignant ou un éducateur et même pour mon autonomie financière, j’ai même fait du call-box et vendu des biscuits et des bonbons. Mais comme les projets de Dieu ne nous sont pas connus d’avance, je me rends compte que tout ce que j’ai voulu vivre et faire, je le vis et le fais aujourd’hui dans la vigne du Seigneur.
Je voulais être éducateur ou enseignant, me voici Directeur de l’Ecole Sainte Marie de Kinanira II. Je voulais être ingénieur en informatique, j’utilise mes talents d’informaticien au service de l’animation vocationnelle online. J’étais call-boxeur, aujourd’hui je suis le « call-boxeur de Dieu » comme aime bien souvent m’appeler le P. Bénoît Obono, sac. Comme pour dire que : « quand Dieu te choisit, tu ne peux faire autrement que ce qu’il veut et il est capable de faire de toi un zéro qui devient un héros ». Et pour cela, il faut juste te disposer à répondre à ton appel et à vivre ta vocation. Au départ, j’ai voulu être Pallottin car, j’ai grandi et vécu avec eux. Mais l’Amour d’une mère est toujours plus fort. Mon choix a été clair au moment de décider…. Mariste !
Votre histoire est bien particulière père et votre discernement vous a conduit au prêtre missionnaire de Jésus-Christ que vous êtes aujourd’hui ça fera bientôt une année. Père, partagez-nous votre expérience sous cette casquette de prêtre et sous celle de Directeur de l’école ? Rappelons que dès votre ordination, vous avez été envoyé en mission au Burundi.
· En effet, j’ai été ordonné prêtre de Jésus-Christ pour le compte de la SM le 02 Septembre dernier. Et comme première mission, j’ai été envoyé au Burundi comme Directeur de l’école Sainte Marie de Kinanira II. C’est ma toute première mission comme religieux Mariste et Prêtre. Je l’avoue, c’est une toute nouvelle expérience pour moi ; ce qui fait que, j’essaie de relever le défi en cherchant mes propres marques. Ce qui m’aidera a imprimer une empreinte mariste dans la sphère de l’éducation qui nous est propre en l’inculquant à ces enfants de la localité de Musaga. Cela n’est pas du tout facile, car il faut gérer les humeurs des parents, des enseignants et des élèves. Implémenter toutes les stratégies pédagogiques possible pour arriver à l’excellence et s’inscrire parmi les meilleurs écoles de notre commune de MUHA.
Les débuts n’ont pas été faciles, car il faut faire marcher l’école dans l’esprit mariste, faire comprendre aux uns et autres le bien-fondé d’avoir une bonne éducation. Malgré les réticences du début, les uns et les autres, commencent déjà à voir les progrès et le travail qui est fait au quotidien pour l’éducation de leurs enfants. Ce qui fait qu’ils commencent à adhérer au projet éducatif Mariste que nous sommes entrain de mettre en place. Du moins tout va pour le mieux, car nous restons dans l’esprit du P. Colin à savoir l’éducation en premier et en second nous donnons un coup de main dans les paroisses avoisinantes. Nous célébrons des messes en français et nous conférons le sacrement de réconciliation au peuple de Dieu comme dans l’esprit des origines.
Quelles principales difficultés rencontrez-vous au niveau de l’école et quels sont vos projets pour cette école sous votre mandat ?
· C’est une nouvelle école et les défis sont nombreux… Donc il faut faire fonctionner l’école, effectuer certains travaux de finition et bien d’autres petites choses allant dans le sens écologique et esthétique de notre environnement scolaire. Aussi arriver à faire passer de nouvelles choses qui changent un peu les habitudes ; ce qui corses toujours. Mais comme je l’ai souligné plus haut, ils commencent déjà à comprendre et s’y impliquent de plus en plus dans l’éducation de leurs enfants et de leur formation intégrale. Les projets, il y en a assez… Ce sont les moyens qu’il faudra trouver avec le temps.
Ce qui fait que : à court terme, il faudra ouvrir à la rentrée prochaine les classes de 3ème, 4ème et 8ème Fondamentale. Car actuellement, nous avons ouvert les classes de maternelles, la 1ère, la 2ème et la 7ème fondamentale. Question pour nous d’évoluer avec nos élèves et de leurs inculquer nos valeurs maristes et celles chrétiennes. La troisième année, si Dieu le permet, nous allons ouvrir les classes de 5ème, 6ème et 9ème Fondamentale. Il sera aussi question d’impliquer des religieuses et des religieux dans notre projet éducatif. Le reste des projets de développement de notre espace viendront avec le temps et les moyens.
Merci père. Vous n’êtes pas au Burundi seul, vous vivez en communauté. Comment va alors la communauté du Burundi à laquelle vous êtes rattaché ?
· En effet, je ne suis pas seul au Burundi !!! Nous sommes quatre en communauté : le P. Déo qui est Burundais et le représentant du Supérieur de District, le Père Modeste qui est centrafricain lui est le Supérieur de la communauté, le Père Yves qui est l’économe du Secteur et l’école et le chargé de discipline et moi qui suis le Directeur de l’école et animateur vocationnel dans la zone du Grand Lac. On peut déjà voir là, une coloration internationale dans notre communauté. La communauté se porte bien et nous avons une cohabitation bonne malgré nos différences et nos occupations, nous ne manquons pas à nos obligations communautaires. Il fait bon vivre au Burundi dans notre communauté… Le Père Guy votre recteur peut vous en dire plus par rapport à son dernier séjour parmi nous.
Voilà père, l’année scolaire tire déjà à sa fin. Alors quel bilan de l’année écoulée pouvez-vous établir ?
· Il faut même d’abord laisser l’année finir (rire) mon cher Emmanuel. Je dirais que le bilan est plutôt positif à la vue des résultats que nous avons, il est plutôt satisfaisant. Car actuellement dans la commune de MUHA nous avons une bonne publicité des parents qui sont satisfait des progrès et des résultats de leurs enfants. L’année malgré les hauts et les bas, nous sommes en train de faire notre bonhomme de chemin et nous pensons que d’ici là, nous ferons parler de notre école au Burundi comme une école de référence et d’excellence.
Voilà, vous avez répondu à toutes nos questions. Quelques mots pour la fin à l’endroit d’une cible particulière ?
· Oui mon cher Emmanuel, j’ai répondu à toutes vos questions et je me rends compte que je parle beaucoup (rire). Ce fut un plaisir de partager avec vous ma modeste expérience comme jeune religieux mariste et prêtre. Si j’ai un mot pour la fin, il sera à l’endroit de vous mes frères à la Sequela Christi. Apprenez à faire confiance à vos formateurs, ils ne sont pas vos ennemis. Ils sont là pour vous aider à grandir et à devenir de bon religieux maristes de demain. Cela demande beaucoup de votre part en vous basant sur les 4 piliers de la formation humaine, spirituelle, intellectuelle, pastorale et missionnaire. Et donc je vous invite à l’ouverture, à la confiance, à la simplicité, à la fraternité et laisser vous modeler à la vie mariste. Que ces mots que j’aime bien vous accompagne au jour le jour : « Il fut un matin, il fut un soir » comme pour dire à chaque jour suffit sa peine et « Demain est un autre jour » en restant dans la confiance d’un lendemain meilleur avec Dieu. Merci pour cet interview et Buon proseguimento dans votre parcours formatif. N’oubliez pas de prier pour les missionnaires Maristes dans les différentes terre de missions.