Comme chaque année, le 6 novembre a résonné d’une ardeur intacte et d’une effervescence familière. Partout, les célébrations ont pris vie après le défilé, sous des thèmes inchangés : quarante-deux années de bonheur, quarante-deux années de renouveau, quarante-deux années de développement. Mais au fond de chacun, une note dissonante persiste, comme un murmure étouffé, car ceux qui scandent ces mots semblent entravés, liés par des chaînes invisibles.
La journée s’est conclue par une injonction unique, presque solennelle : continuons. Et les chants ont repris de plus belle, proclamant : Paul Biya, père de la nation, Paul Biya, toujours solide, toujours vaillant. Le chemin se poursuit, et Paul Biya a désormais franchi ce que l’on appelle l’âge d’or. Qui aurait imaginé ce parcours ? Bien des sceptiques auraient douté. Moi, pourtant, j’y croyais, car je connais la nature de mon peuple, la mentalité profonde des Camerounais.
Voilà que nous avançons, sortant d’un châtiment pour entrer peut-être dans un autre. Bien que républicain dans l’âme, il est des instants où l’on ne peut s’empêcher de songer à une force supérieure. Dans le RDPC, on s’en garde bien : ici, les dieux sont morts, et notre destin n’est que ce que nous contemplons, aussi cruel que banal. Alors que nous marchons vers un avenir incertain, une question persiste. Car nous sommes tous des êtres qui désirent le changement, mais comment briser ce cycle? Une révolution seul, je ne la mènerai pas, car à quoi bon ? Qui prendrait alors les rênes? Et même si un autre les prenait, que pourrait-il changer ?
Et s’il changeait les choses, que pourrait-il offrir de vraiment nouveau? Et ceux qui en bénéficieraient, combien trouveraient vraiment le bonheur? Et ce bonheur, combien de temps durerait-il avant que les esprits ne se lassent, avant que le cycle ne reprenne ? Ainsi nous tournons, encore et encore, dans cette ronde où chaque pas semble nous ramener à notre point de départ, sans jamais vraiment savoir où nous mène cette danse nationale.