Par Morgane Messina
Depuis quelque temps, il est impossible de se connecter sans voir des messages tels que « RIP » ou « Qu’est-ce que j’entends comme ça mon frère, où vas-tu ? », avec des photos de jeunes dont l’âge varie entre 27 et 33 ans. On pourrait croire à une mode, mais hélas, la mort est bel et bien présente. Elle est là à nos côtés, lors de nos repas, dans nos moments de rire, et se permet même de nous enlever les personnes les plus insoupçonnées. Des influenceurs aux anonymes, notre jeunesse se voit petit à petit privée de l’essence de la vie.
Comment expliquer que nos ancêtres primitifs vivaient jusqu’à 100 ans, sans technologie révolutionnaire pour prolonger l’espérance de vie, tandis que cette jeunesse, avec l’avènement de l’intelligence artificielle, n’arrive pas à dépasser une espérance de vie de plus de 80 ans, maximum, et 75 ans, minimum ? Comment comprendre que sur un continent, l’Afrique, où Dieu est le plus vénéré et le diable le plus combattu, où les Kamites revendiquent de plus en plus leur identité et leurs racines, les jeunes Camerounais n’arrivent plus à faire preuve de résilience ? À qui la faute ?
À une jeunesse abandonnée à elle-même comme une guirlande fanée, à des parents dépassés par les événements, ou encore à des influenceurs qui exhibent leur fortune au détriment des diplômes, face à une jeunesse envieuse et adepte de la réussite à tout prix. Pauvre jeunesse, je me souviens encore de ma mère s’évanouissant dans la moitié des psaumes de la Bible, qui devaient m’assurer une protection pour toute la journée, à mon réveil, les yeux à peine ouverts. Aujourd’hui, les marabouts et les coachs de vie deviennent des idoles pour la jeunesse, une nouvelle version de Joseph Murphy, le maître de la parapsychologie.
Ils ne vous diront jamais, comment ils ont construit leur vie aussi parfaite, avec un Dieu, dont ils sont les seuls à connaître l’adresse pour une vie sans embûches, à croire que le reste de la population adore un Dieu sans oreilles. Une jeunesse qui préfère quitter la terre de leurs ancêtres, pour mourir sur le sol tunisien, dans l’espoir que leur âme immortelle ressuscitera chez les Blancs. Et que dire du fameux porte-monnaie magique qui procure à notre jeunesse un sentiment de richesse et de puissance imaginaire. Pourquoi s’offusquer encore, devant les RIP de cette jeunesse qui décide de quitter notre monde par la petite porte, laissant derrière elle une mère, un père, des frères et sœurs inconsolables. Que pouvons-nous faire face à cette jeunesse qui défie la nature en se faisant enterrer par leurs parents, alors que le contraire devrait se faire? Que pouvons-nous faire ? Simplement, à notre tour, écrire un RIP!