Par YANA BEKIMA
Est-il impératif de vraiment prendre les armes pour rétablir la démocratie ?
Il me vient l’envie de m’adresser aux gouvernants africains de faire taire les armes. La seule perspective qui devrait nous unir et nous mobiliser dans une Afrique aujourd’hui convoitée, attaquée et humiliée est de faire taire les armes et non les peuples. L’immense majorité des Africains qui ont cru à la démocratie n’y croient plus parce que démocratiquement élus nos dirigeants sont plus enclins à servir les intérêts étrangers et à se mettre sous la protection des armées étrangères qu’à protéger leurs concitoyens. La démocratie en est ainsi discréditée. Donc il n’est pas question d’aller verser le sang des Nigériens au nom de cette pseudo-démocratie.
Il n’y a pas lieu d’espérer non plus que la CEDEAO gagnera davantage en crédibilité. La CEDEAO doit tout d’abord s’occuper des préoccupations économiques majeures et existentielles des peuples (rareté du travail rémunéré, difficultés d’accès à la nourriture, aux soins de santé, au logement, à l’eau potable…) au lieu d’exceller dans des rôles ubuesques assignés par la France et la communauté internationale. Pourquoi instrumentaliser Monsieur Bazoum et faire de son retour l’alpha et l’oméga de l’avenir des Nigériens ? Est-ce que la guerre envisagée pourrait préserver sa propre vie et celle de sa famille de son retour au pouvoir ? Je crois que nenni !
L’option militaire sur la table ?
La guerre qui est envisagée n’est pas la guerre des Peuples. C’est la violence du système capitaliste qui tue ! C’est la guerre de l’ordre mondial cynique des prédateurs dont subissent les peuples africains depuis des années. L’on ne rappellera jamais assez que la CEDEAO se lance dans une aventure dont elle n’a pas les moyens. Il ne faut pas se voiler la face les dépenses militaires pourraient absorber une part considérable de ses ressources ; des ressources dont les peuples ont cruellement besoin. Elle va probablement s’endetter et se soumettre.
Que de mépris et d’arrogance !
Le vœu des puissances prédatrices occidentales est de venir prendre leur part des ressources du continent comme une terre qui n’appartient à personne comme dans le passé, surtout une terre peuplée des gens dont la vie ne compte pas. Au Mali, au Burkina Faso, tout comme au Niger, il s’agit de la même problématique à quelques exceptions près… Pourquoi nos dirigeants ne protègent pas davantage leurs populations ? Cette guerre que la CEDEAO envisage risque d’être interminable.