Joseph Sikora (Chroniqueur sportif)
Ce sont deux lions qui s’affrontaient hier sur une pelouse digne de l’événement. L’ambiance et l’harmonie des couleurs de ces deux pays, ont affiché les visages des nations africaines qui font vivre la passion du football. Le public pour la plupart sénégalais, était au rendez-vous avec les lions de la Teranga qui confirment leur réelle dimension et leur grande stature de champion d’Afrique. Le Sénégal va probablement marquer d’autres points dans le classement FIFA de ce mois, après sa superbe victoire face aux lions indomptables. Hier, l’équipe sénégalaise était intenable à la première mi-temps par un jeu admirablement organisé et des initiatives cohérentes dans tous les compartiments, obligeant les camerounais à patauger dans leur propre surface de réparation. Ce qui a provoqué un penalty concrétisé par Sadio Mané. Malgré la sévérité de la sanction, les lions de la Teranga étaient énergiques, organisés, vigoureux et brillants.
Le Sénégal a confirmé au cours de ce match de nouvelles perspectives pour la victoire d’un second trophée. Ils ont été présents dans les duels, étouffant leur adversaire dans leur propre camp, dans leurs petites passes décousues. Le score à la mi-temps est de 1 -0 en faveur du Sénégal. A la seconde période, on verra un somptueux match avec l’engagement des camerounais. La rencontre entre dans son intensité avec les camerounais qui cherchent en vain l’égalisation. La partie devient équilibrée, mais on sent que les Sénégalais attendaient les lions sur ce terrain d’engagement. Ils vont également augmenter l’intensité. L’équipe sénégalaise est restée lucide et limpide dans le jeu. Ils auraient dû aggraver le score malheureusement, la balle frôle la barre transversale et sauve le portier Onana superbe dans le match. Très influent gardien ce monsieur. Il est devenu dans cette équipe du Cameroun le monsieur 70 %.
Le problème de l’équipe du Cameroun.
Il est essentiel de noter que c’est une prestigieuse équipe. Mais cela ne veut pas dire que c’est une grande équipe actuellement. Elle ne retrouve pas encore son âme conquérante. Son problème se situe au niveau de sa défense qui a du mal à relancer le jeu. Hier l’équipe manquait de relayeur de la trempe de Zambo Anguissa. A l’époque, la force de cette équipe se situait là. Les Camerounais appelaient vulgairement ce genre de joueur : « le distributeur des balles ». Il y a eu à ce poste des joueurs de grande envergure comme Abega Théophile, Mbida Arantes, Etamé Lauren, Kana Biyick, Makanaky. Ceux-ci étaient soutenus par des milieux défensifs comme Emmanuel Kundé, Emile Mbouh, Marc vivien pour ne citer que ceux-là. Bien évidemment, avec l’appui du défenseur central qui doit être le véritable maître du jeu. Dans le match d’hier, on avait l’impression que c’est le gardien Onana qui jouait ce rôle. Ancien joueur de champ, le poste de défenseur central semble lui convenir comme ses gants.
Song et Cissé, deux entraîneurs, je dirai deux homonymes.
Ils sont de la même génération ; ils ont le même Louk rastafari ; ils ont été capitaines de leur équipe nationale respective ; ils ont tous deux raté leur penalty en 2002 en pleine finale de la coupe des nations. Aujourd’hui entraîneurs, ils affichent le même sourire et les mêmes ambitions avec cette fois, l’avantage du sénégalais qui montre une grande carrure de la science du jeu. Pendant que le camerounais cherche encore des théories, le sénégalais les applique. Mais il ne faut nullement enterrer les lions indomptables. Ils ont le secret de la théorie des fins.
L’équipe des lions indomptables.
Depuis que j’observe cette équipe des lions indomptables, j’ai fait un beau constat : si l’Egypte fait exception au niveau de l’Afrique, c’est une équipe qu’on bat difficilement deux fois dans une compétition d’envergure. Dès qu’elle connaît ses lacunes, elle les corrige au prochain match et vous dompte. Je suis certain pour sa mise en forme avant l’ouverture de la CAN en Côte d’Ivoire. Contre le Sénégal, ils n’ont pas aligné tous les joueurs contrairement à l’équipe du Sénégal. Il faut toutefois noter qu’à trois mois de la coupe des nations, on sent que les rencontres seront belles. Le football africain a atteint une maturité indiscutable, on l’a vue pendant la CAN jouée au Cameroun. L’Afrique est un continent qui nous en a apprend beaucoup dans son originalité et dans sa culture créative de l’art. Chaque pays qualifié démontre l’excellence. Par conséquent, il n’existe plus de petit pays de football. Constat fait avec la Mauritanie qui a éliminé le Gabon. Quant au Cameroun, c’est un pays qui se relève toujours, et qui s’adapte très vite.
Mais il faut qu’elle reste elle-même. Nous sommes bien placés pour savoir qu’elle est encore coincée devant les nouvelles responsabilités de ses nouveaux dirigeants de son football. Il y a dans l’esprit des équipes africaines, le leadership naturel du Cameroun qui pousse les autres nations à s’efforcer de dompter l’équipe du Cameroun pour s’affirmer. C’est aussi cela son rôle dans le football africain. Car, elle s’est imposée comme l’équipe modèle depuis des générations avec ses gloires du passé qui portent la voix de l’Afrique. Son défaut, c’est le fait que l’équipe du Cameroun ne forge l’esprit de victoire souvent qu’au détour des situations délicates. On appelle cela au Cameroun, « la tactique ou la théorie du danger ». Mais en Côte d’Ivoire, il faut qu’elle travaille sur les déchets qu’on a observés contre le Sénégal si elle veut retrouver non seulement ses performances d’antan, mais également démontrer que le Cameroun n’a jamais été réellement détrôné.