Mag-Afriksurseine-Mars-2024

L’HOMME DE PARIS

Par Yana Bekima

L’aliénation

Les Africains sont incapables de défendre leurs positions à cause de l’aliénation culturelle. Le colonialisme comme le néocolonialisme ont laissé des plaies béantes tant au niveau physique que psychologique. Les premiers cadres africains, formés pour la plupart en Occident, pour perpétuer le système colonial ont eu « le complexe du colon », c’est-à-dire cette fascination pour les grandes écoles françaises. A l’époque, c’était l’ENFOM (École nationale de la France d’Outre-Mer), fondée en 1889 sous le nom d’École coloniale, connue familièrement sous le nom de « La Colo ». Cette école était chargée de former les cadres qui allaient travailler pour l’administration française dans les pays colonisés. Et, ce sont ceux-là qui ont pris le pouvoir après les Blancs pour ainsi dire. Nous avons donc eu une vague de chefs d’État (dont certains sont encore en poste) à la solde de l’Élysée, incapables de s’opposer aux injonctions de Paris.

La France soutient les dictateurs et leurs dictatures.

Quand vous êtes « l’homme de Paris », le bon élève, pour parler comme certains d’entre eux, alors L’Élysée vous accueille, déroule le tapis rouge et par la suite vous n’avez rien à craindre même si vous n’êtes pas élu à la régulière. En clair, vous devenez de ce fait un « sous-préfet » de la France. Ainsi, l’on a vu la France manœuvrer ses marionnettes. Ce n’est pas simplement de la caricature ou me diriez-vous de l’exagération, mais ce n’est non plus loin de la vérité. Nombreux sont les chefs d’État africains qui portaient les aspirations de leurs peuples et qui par la suite furent tout simplement combattus, émasculés voire éliminés. Comme le disait Ahmed Sékou Touré, président de la République de la Guinée entre 1958 et 1984 : « Quand tu es félicité par le colon, c’est que tu es mauvais pour ton peuple. Quand ils affirment que tu es mauvais, c’est que tu es bon pour ton peuple. Le jour où ils diront que je suis bon, c’est que je vous ai trahi. ». Les nouvelles générations doivent s’affranchir de la mainmise de Paris. C’est un devoir de les éduquer dans ce sens. Nous n’éprouvons plus le besoin d’être approuvé par Paris pour être légitime. Notre légitimité doit être endogène. Nous sommes tenues de trouver dans nos populations les moyens de notre légitimation.

Soyons sérieux, arrêtez d’être « l’homme de Paris » sous les tropiques et pensez d’abord à vos peuples !

Personnellement, je n’ai pas encore eu la chance de rencontrer les nouveaux chefs d’États. Mais au cas où l’occasion me serait donnée, je leur dirai tout simplement : Soyons sérieux, cessez d’être « l’homme de Paris » sous les tropiques et pensez d’abord à vos peuples ! Car dès lors que les problèmes commencent avec les puissances tutélaires, ils s’accorderont à dire, par médias interposés, que vous aviez été mal élus et que vous ne méritez pas le fauteuil présidentiel. Le chantage est bien gros, n’est-ce pas ? Chers chefs d’État, ne croyez pas aux relations personnelles que vous entretenez avec le néo-colon, car votre seul et unique soutien demeure le peuple. Par ailleurs, la souveraineté d’un pays est non négociable. Aujourd’hui, les temps sont révolus et il faut ouvrir les yeux. L’Afrique doit avancer et nous devons éviter de confier nos pays à des indignes et aventuriers de tous bords qui usent de la brutalité, des compromissions et de la prédation. J’en appelle à la mobilisation des peuples afin de confier leurs pays à des dirigeants conscients, ayant une claire compréhension des enjeux géopolitiques et géostratégiques du monde multipolaire, dans le but de trouver les ressorts d’un véritable développement.

L’ère Africaine

Considérer des êtres humains comme rien, c’est permettre de leur faire subir n’importe quoi, et cela, les Africains ne l’accepteront plus jamais. L’histoire de la démocratie africaine s’écrira irréversiblement en dépit de ceux qui s’accrochent à des valeurs rétrogrades. C’est à la jeunesse africaine de se décomplexer. Il ne s’agit pas de quitter un maître pour un autre, mais de tracer sa propre voie sans complexe. C’est une lutte de longue haleine.

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