Par Michel Lobè Etamè
Journaliste Indépendant
En Afrique, nous avons peu d’occasions de réjouissance lors des élections présidentielles et législatives gagnées d’avance par les pouvoirs politiques en place. Les habitudes ont la peau dure : bourrage des urnes, opposants placardés, campagnes électorales bâclées, etc. Le Sénégal vient démentir nos doutes et balayer nos frustrations. Bassirou Diomaye Faye, le candidat du Pastef, ex parti d’un panafricanisme de gauche dissout par les autorités est élu au premier tour. La surprise est totale.
Elle est inattendue car elle dépasse nos attentes. L’heureux élu est un jeune homme de 44 ans, inconnu des baroudeurs de la politique et qui croupissait depuis onze mois dans les geôles insalubres de la prison de Dakar. Dix jours de campagne à la hussarde ont bouleversé son agenda au cours de la plus courte campagne électorale du Sénégal que l’histoire retiendra. Le Sénégal vient de livrer au monde la vraie Afrique. Une Afrique capable de voter sans pression, de respecter le résultat des urnes dans un pays où les dérives autocratiques de l’hyper président Macky Sall n’étaient plus supportables.
Au-delà de nos attentes, la victoire de Bassirou Diomaye Faye vient nous rappeler qu’il ne faut pas désespérer. Sans violence, avec un discours de rupture, le nouvel élu accède à la magistrature suprême sans verser de sang. Il est à l’image de la jeunesse africaine qui aspire à la paix, à la sérénité et surtout à la souveraineté. Ce jeune homme n’est pas le produit du système corrompu qui brade sa dignité pour plaire à ses mentors. Il représente l’espoir qui réveille ceux qui doutent et qui désespèrent. Cet illustre inconnu est livré à la lumière. Second de son mentor et ami Ousman Sonko écarté de l’élection par les manigances de Macky Sall, Bassirou Diomaye Faye est élu au premier tour. Une humiliation pour le candidat du système autocratique qui n’a pas manqué de torpiller le processus électoral.
Rendons aussi hommage au Conseil Constitutionnel qui a fait respecter ses textes que le président sortant voulait brider. Bassirou Diomaye Faye est le candidat de l’antisystème comme il le rappelait lors de sa courte et brève campagne présidentielle. Un grand chantier l’attend. Nous ne pouvons douter de lui. Il incarne l’espoir, un mot si cher à la jeunesse. Mais il incarne surtout une rupture avec ses prédécesseurs que les égarements du pouvoir ont transformé en bêtes immondes. Une nouvelle ère s’ouvre pour le Sénégal et l’Afrique. Saluons aussi son principal adversaire, Amadou Ba, candidat du parti au pouvoir, qui a reconnu avec élégance sa défaite.
Macky Sall porte la responsabilité de l’échec de son parti car il n’a pas su partir en beauté en multipliant, jour après jour, des entorses à la Constitution et en emprisonnant ceux qui incarnent l’espoir d’un Sénégal nouveau. L’Afrique sort grandie de cette élection présidentielle où la constitution a été respectée. Les dirigeants africains sauront-ils tirer les leçons de cette élection ? Le Sénégal, au-delà de ses préoccupations quotidiennes vient de nous donner une belle leçon de démocratie.