Par Michel Lobé Etamé
Les deux mandats de Macky Sall à la tête du Sénégal ont été entachés de nombreux morts que la justice couvre. Mais ce dernier a toujours été présenté par les médias occidentaux comme un démocrate éclairé. Avec le report des élections présidentielles, le vrai visage de Macky Sall surprend les médias complices qui en faisaient leur modèle de gouvernance en Afrique francophone. Macky Sall n’a jamais été un démocrate. Certes, il a été élu démocratiquement dans un contexte où son prédécesseur, Abdoulaye Wade, voulait s’accrocher au pouvoir ou le léguer à son rejeton Karim. Ce projet tout à fait loufoque et insidieux n’était pas acceptable pour le peuple sénégalais qui a voté en masse pour Macky Sall, même si ce dernier n’était pas son premier choix. Pour les sénégalais, la république n’est pas un royaume. Il fallait donc mettre fin au projet insensé et rédhibitoire d’Abdoulaye Wade.
Une voie royale s’offrait à Macky Sall. Une perche que le peuple lui tendait. Il n’a pas su en profiter par sa boulimie jusqu’ici bien masquée. Mais, vous avez beau chasser le naturel, il revient au galop. Le pouvoir transforme les hommes. Il en fait des supers hommes incontrôlables et autistes. Macky Sall a vite succombé à son rêve d’un président « adoré » par son peuple. Il a failli à ses engagements en créant une cour avec sa famille, ses amis et ses courtisans. Il s’est vu trop beau même si son bilan économique est un des meilleurs de la génération post indépendance. Car, soyons honnête, Macky Sall est un dictateur éclairé. Mais la jeunesse, abreuvée par l’information, ne veut pas d’un Dieu ni d’un homme providentiel.
Elle veut un chef ambitieux, libre et souverain. Ces superlatifs échappent à Macky Sall. Et c’est son point commun avec un Alassane Ouattara qui annonce lundi qu’il ne briguera pas un troisième mandat et qui dit tout son contraire le mardi. En politique, la parole devrait engager ses auteurs. En Afrique francophone, la dialectique prend d’autres voies éparses pour s’accrocher au pouvoir. Les hommes surnaturels n’ont jamais existé. Ils font partie des légendes. Ces dernières font aussi partie des récits bien édulcorés de leurs auteurs. Macky Sall et son homologue Alassane Ouattara sont aujourd’hui désavoués, tout comme leurs homologues de la CEDEAO pour avoir pris des décisions contre les putschistes au pouvoir au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Sont-ils plus légitimes alors qu’ils s’accrochent au pouvoir par des coups d’état constitutionnels ? Certainement pas ! Mais ces derniers jouissent de la bénédiction de leurs maitres qui les couvrent sournoisement.
Dans les deux cas, c’est l’Afrique qui est perdante car le développement du continent est freiné alors que la jeunesse est impatiente. La décision de la cour constitutionnelle du Sénégal est une première en Afrique. Elle a librement rejeté la décision de Macky Sall de reporter les élections présidentielles. C’st une première victoire qui cache bien d’autres vers le chemin de la liberté en Afrique. La cour constitutionnelle du Sénégal a fait preuve de souveraineté et d’impartialité. Qui ne se souvient qu’en Côte d’Ivoire, la cour constitutionnelle avait aussi déclaré Laurent Gbagbo vainqueur des élections présidentielles en 2011. Mais la France avait décidé d’imposer son choix, Alassane Ouattara, au mépris de la cour constitutionnelle de ce pays. Le rejet du report des élections présidentielles au Sénégal est une victoire pour l’Afrique où les pouvoirs en exercice sont tous défaillants. Est-ce le prélude d’une nouvelle ère de gouvernance ? Nous le souhaitons tous vivement. Nous l’exigeons pour nos populations qui continuent à douter et qui ne font plus confiance aux dictatures en place accrochées au pouvoir.