Photo ci-contre le staff officiel
Dans tous les pays, surtout dans les pays francophones, une cellule existe, composée de stratèges dont la seule tâche est de réfléchir à la manière de répondre à une humiliation. Ce sont des fonctionnaires, c’est leur travail, et ils sont rémunérés pour cela. Depuis quelques jours, les membres de la Fecafoot ont été confrontés à cette réalité parce qu’ils ont tenté de défier l’autorité de l’État. La cellule accomplira sa mission jusqu’à ce que la Fecafoot se soumette. Mais pourquoi en est-il ainsi ? Parce qu’il y a encore beaucoup de gens dans nos pays qui méconnaissent ce que sont les institutions, surtout ceux qui les incarnent. Nous nous efforçons de rédiger des articles et des chroniques pour éclairer ceux qui semblent ne pas avoir compris. Mais comme les réseaux sociaux n’ont pas vocation à instruire, nous sommes tous perdus dans la confusion.
Hier, c’est avec consternation que j’ai visionné une vidéo montrant les membres de la Fecafoot quittant l’hôtel tel des parias, alors que généralement, lorsqu’on arrive dans un établissement huppé comme le Hilton, on le fait avec une certaine prestance, et cette prestance se maintient en ressortant. Mais hier, la précipitation avec laquelle les membres de la Fecafoot évacuaient l’hôtel Hilton était saisissante. C’était une humiliation flagrante, même si elle venait de leur propre hiérarchie. Les membres ainsi avilis doivent en prendre conscience, car défier l’État n’est pas même si on pense avoir des amis, il n’y a pas d’amis en politique, chacun pense d’abord à sa carrière. Ils auraient dû savoir qu’au-dessus de leur chef de file, il y a l’État, il y a le président de la République.
Ils auraient dû exhorter leur chef de file, même dans ses moments d’égarement, à se conformer aux exigences de l’État du Cameroun, car c’est là-bas qu’ils ont été légitimés. Mais ils ne l’ont pas fait, les membres ont préféré dès le début suivre leur héros, croyant qu’il était intouchable. Intouchable au Cameroun ? Tu parles. Quand j’ai vu comment des hommes politiques comme Edzoa Titus, Maurice Kamto, ou plus récemment Amougou Belinga, ont été écrasés, je sais que l’on ne peut jouer les héros dans ce pays. Je l’ai appris dès mon plus jeune âge grâce à mon père, qui, bien qu’ayant peu fréquenté l’école, se méfiait de ses supérieurs comme d’une vipère et nous rappelait toujours l’importance de respecter notre pays et celui où nous sommes accueillis. Ici, ce n’est pas l’ignorance qui est en cause, car la Fecafoot dispose de nombreux exemples à suivre, mais bien l’arrogance, l’orgueil démesuré, l’émotion du héros. On ne s’oppose pas à l’État, surtout pas au Cameroun, où ces gens jouent sur la corde du temps.
Lorsque l’on est célèbre, il faut faire attention à ce que l’on dit, car notre « oui » ou notre « non » ne sont plus ceux d’un simple homme ordinaire. Si vous êtes sportif, ne prenez pas des positions qui ont des implications politiques. Si vous avez le soutien du peuple, évitez de vous opposer à l’État. Par ailleurs, lorsque vous avez en face de vous un ministre diplomate qui connaît le sens de l’honneur et de l’humiliation, vous serez humilié jusqu’à la moelle. L’état vous prouvera que vous n’êtes rien. L’état est comme ça. Le peuple suit aveuglément, car sa mémoire est courte ; le peuple vous suit pour votre menu, dès que vous cessez de lui donner, il se tourne vers un autre bienfaiteur. A présent je suis en mesure de vous dire que le comportement déviant de la Fecafoot vis-à-vis des hautes directives a scellé son sort. Ils iront doucement comme on scie un baobab.
Ils vont devoir affronter humiliation après humiliation. Le pardon que Eto’o a imploré devant Marc Brys a été la première humiliation, cela lui a été imposé, et cela devant les yeux du monde. Ce n’est pas de sitôt que l’homme qu’on connait reprend la raison. Tout cela à cause des paroles empreintes de chauvinisme, qui n’avaient rien à voir avec le sport, qui se veut universel pourtant, surtout pour lui qui a trouvé la gloire dans divers pays d’Europe. Il a humilié une personne qui était là pour faire son travail et qui est restée exemplaire jusqu’à présent. Nous, sommes à l’étranger, beaucoup de Camerounais vivent en Belgique, en France.
Les Camerounais sont présents partout dans le monde. L’entraîneur s’était déplacé spécialement pour lui, il n’eut pas été important de l’agresser, de lui dire « ne me touchez pas » alors qu’il avait passé son temps à le toucher, ou encore « ne me parlez pas ainsi ». Plus grave encore, quand il ordonne aux agents de sécurité d’expulser un professeur d’université de l’enceinte, et ceux-ci obéissent promptement. Si je vous dis que la déchéance d’Eto’o au niveau du Cameroun a commencé, vous n’allez pas me croire. Mais restez attentif tous les jours et ouvrez les yeux. Mais à qui la faute ?