Parmi les candidats à la présidence du Gabon, Alexandro Barro Chambrier reste le potentiel opposant capable de faire tourner la balance. Il n’est pas un homme d’aujourd’hui, il y a 25 ans que je connais l’homme. Je vivais à l’époque au Gabon, on parlait déjà de lui. Il était très jeune, il était très beau ; intellectuel fin, beaucoup le voyait comme l’un des héritiers du pouvoir, homme intègre, tous les gabonais parlaient de lui comme ce jeune grisé par les sciences nouvelles que toute connaissance se dote « dans l’âme elle-même » et que, lorsque le professeur quitte les amphis, on ne voit que l’esprit de l’enseignant modèle de rectitude inéluctable.
Mais au Gabon, ce ne sont pas les modèles qui manquent. Ils germent comme les cent fleurs de Mao. Mais Chambrier reste un homme qui privilégie la simplicité auréolée d’une ferveur allègre. Il n’est qu’au début, pour gagner, il faut grogner, c’est ce qui manque au professeur. Dans cette élection, s’ils veulent vraiment gagner, il faut joindre à la galerie une série infinie de personnages divers. Des figures pieuses, images de hardiesse, ou silhouette charmant ouvre les portes d’un palais.
Tout compte fait, Chambrier présente parmi les candidats un bon fichier, constamment élégamment vécu ; l’homme de beaux mots ; tout ce qui sort de sa bouche au cours de cette campagne est poésie. Le professeur répond pourtant favorablement à sa stature, car il a l’expérience du pouvoir pour avoir été particulièrement proche. L’homme a pour ambition de reformer la société gabonaise souffrante de gabegie. Bien qu’il incarne la douceur de la paix, il affronte un président sortant qui passe un mauvais temps de sa carrière d’homme politique. Lorsqu’on observe bien, on comprend que ce n’est pas un homme dogmatique, c’est un homme militant.
Le Gabon est une terre des hommes brillants, et surtout une terre de fascination, un genre majeur dans ce pays où l’on dénombre des hommes politiques de talent qui parsèment chaque rue, à foison ; un pays où les imaginaires bantous se déploient dans un splendide mélange de réalisme et de magie qui signent un syncrétisme caractéristique de la culture bantou. Il fait une brillante campagne, et illustre magnifiquement le réel merveilleux, dont l’avenir gabonais est porteur.