Le cinéma est le premier art mondial. La puissance de l’image est en avance sur les différences de langage. La puissance des images dans le cinéma africain nous révèle chaque jour davantage des talents. Chacun réalise son rêve d’acteur, mais le cinéma africain avance sans savoir ce qu’être acteur ou actrice. La mission de l’acteur ne semble pas avoir été comprise.
Dans le cinéma, l’imagination doit fonctionner avec le réel. Je crois à l’improvisation. On doit situer l’acteur dans une société. J’ai commencé par aimer les films africains pour leur vérité, et puis la fausseté de leur réalisme est vite partie. L’auteur doit entrer dans la peau de ce qu’il décrit. Edoudoua était ce genre de comédien qui avait ce tempérament.
La nécessité de faire des films à valeur réduite, ne nous aide pas à briser le triangle sacré de la dramaturgie classique qui comprend par exemple des scènes comme, le mari, la femme et l’amant. Partout c’est toujours le même sujet qui revient.
Nous voulons jouer le rôle de matelot, de paysan, nous allons au village, nous passons notre temps parmi les paysans et nous ne parviendrons pas à exprimer la couleur locale et le sentiment de la terre. Nous pouvons également trouver sur place des acteurs. Il faut savoir que la qualité d’un film, ne réside pas dans les acteurs de métier qui puissent jouer au cinéma. Nous trouverons de simples particuliers qui peuvent exprimer leurs sentiments et être plus naturel que l’acteur professionnel. C’est parfois une question de temps, puis il faut briser les traditions. Un acteur doit encaisser un coup de poing au lieu de faire semblant. Le cinéma est une imagination qui doit être réel. Ça c’est mon point de vue. Il faut penser au temps magique du cinéma, cette synthèse qui rend l’élément intellectuel compréhensible dans ses sources vitales concrètes et émotionnelles. Le cinéma doit conduire les yeux par la main dans la plupart des cas. Pour connaitre l’essence d’une chose, il faut remonter à son origine, car son champ d’action est perceptif-dynamique. Une émission comme « ça va se savoir » était des scènes originales, si le présentateur n’avait pas dévoilé qu’on avait affaire à des acteurs, personne n’aurait su, pourtant ces acteurs jouaient un rôle calqué sur des faits vrais. En Afrique, les ivoiriens et les sénégalais sont en avance sur les autres, les nigérians dans leur début avaient des bons acteurs. Aussi, il manque au cinéma camerounais quelque chose d’essentiel. On joue encore le cinéma comme du théâtre. S’il est vrai qu’à l’inverse le cinéma dans son ubiquité de principe, étale ce que le théâtre ressemble.
Il faut savoir que le cinéma n’est pas le théâtre, il est écrasant de supériorité à ce dernier. Le monde bouge, le cinéma aussi, il est essentiel de nous présenter ce que la vie courante nous montre, démontre et ce qu’elle ne nous montre pas ; car le rôle du cinéma est de nous éduquer en utilisant nos yeux, « par la main », il nous oblige à palper la forme, le contour des choses, il nous offre une multitude de points de vue insolite, il nous enseigne mieux qu’aucun autre mode d’expression, alors les paroles doivent nous ramener dans même quand un acteur ne parle pas, on doit voir la poésie de ses gestes. Maintenant de la prise de vue à l’acteur en passant par le réalisateur, l’objectif de l’appareil de vue est un œil qualifié de surréel, un œil doué de propriété analytique inhumaine, c’est un œil sans préjugé, sans morale, abstrait d’influence. A l’écran les acteurs sont souvent perdus dans la figuration, ou bien occupe toute la place. On photographie n’importe quel lieu qui n’a rien à voir avec la scène. Le cinéma c’est presqu’un art majeur, on doit voir les bornes du connu. Là où je voulais les attaquer surtout, c’est que le cinéma est poésie, le dialogue ne doit pas tuer la poésie parce que dans le visage il y a un mouvement humain.