Par Michel Lobé Etamé
Journaliste Indépendant
Le train-train quotidien d’un pays que l’on croyait désintéressé à la chose politique et accroché à l’immobilisme est confronté, malgré lui, à la frénésie électorale de 2025. La population ne tourne plus le dos à la politique même si elle est lassée des promesses sans lendemain. Elle a pris conscience des enjeux majeurs qui vont définir les prochaines décennies et l’avenir de leurs enfants.
Pour cela, un engouement qui ne dit pas son nom s’est incrusté dans toutes les couches sociales et la diaspora qui a le devoir de s’immiscer dans ces enjeux électoraux. Le pouvoir ne se donne pas et la transition pacifique entre le premier président Ahmadou Ahidjo et son successeur, Paul Biya, est d’un âge révolu. Aujourd’hui, aucun dauphin n’émerge de la jungle des prétendants du cercle fermé présidentiel.
Est-ce pour autant qu’il faudrait conclure que Paul Biya briguera un nouveau mandat ? L’âge est un handicap naturel qui ne se négocie pas. Au pays de Mongo Béti, la lassitude a atteint les couches sociales les plus fidèles. Cette lassitude est la conséquence d’un immobilisme récurrent qui rend plausible une alternative politique avec des femmes et des hommes nouveaux. Dans ce contexte, Paul Biya peut-il abdiquer ou passer le flambeau à son entourage ? Le vieux lion ne semble plus rugir même si on lui reconnait encore quelques spasmes pour marquer son territoire. Il est à bout de souffle et l’âge et l’usure du pouvoir y sont pour quelque chose. Toutes les hypothèses sont à envisager car la gouvernance actuelle est entrée dans une guerre fratricide où tous les coups sont permis.
Les clans se sont formés au milieu d’une cacophonie regrettable. Ce désordre ajoute à la confusion où les « très hautes instructions » se multiplient. Or la situation sociale et économique reste dans le flou. Des voix et des actes discordants du pouvoir aux têtes multiples frisent l’hérésie. On peut, dès lors, se poser des questions sur les clans qui se disputent le pouvoir et qui ne tiennent pas compte des intérêts supérieurs de l’Etat. Ces camps agissent encore masqués. Leur but est de broyer toutes les oppositions pour pérenniser une gouvernance décriée.
Or les opposants légitimes sont sur les starting-blocks. Ils devraient affichent leur unité et leur cohésion pour marquer leur territoire et leur force. Avec ses militants mobilisés mais à court d’arguments, le RDPC veut encore y croire contrairement aux discours sans paillettes qui circulent dans le bas peuple qui aspire au changement dans un pays riche qui veut relever les défis de l’Afrique et du monde. Ce changement de paradigme est du domaine du possible.
Il va être piloté par une nouvelle équipe capable de s’affirmer par ses engagements et sa capacité à réagir avec un programme de société clair et concis. Mais il y a des préalables qui sont des étapes que l’on ne peut ignorer ou sauter : les inscriptions sur les listes électorales. Cette démarche est la condition première pour sortir de la lassitude, la peur et l’ignorance qui font encore douter les esprits bienveillants et débonnaires. Il faut les mobiliser, les booster et les accompagner dans cette démarche citoyenne. La responsabilité des oppositions constructives au pouvoir actuel exige une attitude pour régir son mode de fonctionnement.
Les prétendants doivent proposer des outils, identifier les besoins et fournir aux électeurs désabusés des signaux pour la conquête du pouvoir. Les décisions les plus déterminantes pour la victoire en 2025 se prennent maintenant. 2025 devrait écrire une nouvelle page de l’histoire du Cameroun et sortir de la léthargie mortifère en cours. Les partis d’opposition devraient faire front au-delà de leurs désaccords car seule l’union sacrée fait la force.