La CAN ou la coupe du monde sont des compétitions qui finissent souvent avec un sentiment de frustration. Nous sommes actuellement profondément déçus par la piètre performance des Lions. Depuis 2017, suite à la Coupe d’Afrique des Nations au Gabon, le Cameroun n’a plus réussi à former une équipe digne de ce nom. C’est au lendemain de la coupe des nations du Gabon avec l’arrivée de Seedorf que les Cameroun vont, on subit des défaites, des rares victoires qui n’augurent rien . Toute équipe, quelle que soit sa force, peut être battue on le sait, mais on ne bat pas souvent les lions comme on le voit ces dernières années.
Nous sommes toujours tombés avec dignité et grandeur. En 1986, nous avons perdu la finale contre l’Égypte, mais notre équipe était remarquable, et la presse africaine et mondiale avaient salué les Lions malgré leur défaite. L’équipe nationale est une institution sérieuse, et seules les personnes formées à la gestion des hommes peuvent la diriger. Nous semblons avoir perdu notre excellence, comme si le Cameroun ne comptait pas d’individus intelligents. Il ne s’agit pas de dire que le Cameroun ne doit jamais perdre, car nous savons que les Camerounais, habitués aux victoires héroïques, n’aiment pas la défaite.
Nous sommes choqués parce que nous avons l’impression que ces joueurs sur le terrain sont comme aux prises par un virus qui les décompose. il est impératif de changer le staff de notre équipe nationale. A ce stade aucun compromis n’est envisageable. De qui les Camerounais ont-ils peur ? Ce sont des Camerounais qui dirigent notre équipe nationale, pas des dieux. Nous ne demandons pas aussi des dieux en remplacement, mais des êtres humains différents. Chacun doit reconnaître ses propres limites et ne pas forcer. Ce serait de l’imposture. Les individus devraient conserver leur dignité et ne pas forcer là où tout le monde sait que cela ne fonctionne pas.
Mais ce qui nous préoccupe le plus, c’est cette mentalité de personnes qui, après leur carrière sportive, cherchent à s’imposer partout ou à utiliser le football comme un levier vers des ambitions. Les Camerounais ne sont pas dupes, nous percevons les ambitions dissimulées de chacun, nous nous connaissons assez. L’équipe nationale n’est pas le piédestal sur lequel un individu doit s’établir comme un homme angélique. Un leader doit agir comme un bon père de famille. Rigobert Song est naturellement un homme honnête, il n’a pas les mains libres. Comme il l’a clairement précisé, il n’est pas l’entraîneur, mais le manager-sélectionneur.
Il a clarifié sa position, mais alors, qui est donc l’entraîneur des Lions ? C’est là que l’embrouille se crée. Nous appelons le président Paul Biya à intervenir, en réponse à la volonté du peuple, et à faire usage de ses prérogatives. Les actes de gouvernement comme fait du prince, est inattaquable. Souvent, c’est au ministre de choisir l’entraîneur de l’équipe nationale du Cameroun, même si les statuts de la Fecafoot l’établissent. Il est temps de revoir ces textes. Les décisions gouvernementales ne sont généralement pas sujettes à des contestations, et l’argument du « fait du prince » est un recours valable.
C’est pourquoi certains textes mentionnent « sur instruction du président de la république ». C’est cela que nous attendons maintenant. Le football est une école de la vie qui incarne toutes les vertus essentielles pour le succès humain. Celui qui a amassé des richesses grâce au football doit investir dans sa propre culture. On ne peut pas s’autoproclamer intelligent ou sage ; la sagesse se démontre par les actions. La gestion de l’équipe nationale est actuellement déficiente, et un sérieux problème se profile, elle risque atteindre bientôt le gouffre le plus amer. Le poste d’entraineur fait appel à un professionnalisme dont le travail nécessite de la rigueur et qui finit par porter ses fruits à long terme. Malheureusement, dans notre situation actuelle, aucune vision claire n’émerge, et notre performance a été médiocre depuis une dizaine de matchs.
Même la Gambie aurait pu nous battre si le match avait duré cinq minutes de plus Nous devons briser ce cercle vicieux qui emprisonne nos jeunes Lions, extrêmement talentueux mais qui semblent être étreints par une anxiété dans leur cage. Les victoires et les défaites devraient nous inciter à la réflexion. Aucun entraîneur n’a pu maintenir une carrière durable sans traverser des périodes difficiles, car leur réputation s’use rapidement. Chaque match est une nouvelle aventure, mais nous avons donné suffisamment de chances l’équipe actuelle pour obtenir des résultats. Avec ces échecs et ce désordre, le Cameroun risque de perdre sa renommée.
Notre rôle de chroniqueur nous pousse à plonger au cœur de l’équipe et nous informer pour comprendre ce qui s’est passé. Les rapports des joueurs sont révélateurs, les Lions étaient en Côte d’Ivoire comme des lionceaux dans une cage, subissant une grande frustration qui affectait leur performance. Une épée de Damoclès pesait sur leur tête, malgré leurs qualités techniques. Après notre cuisante défaite à la CAN 2021 à Yaoundé, j’avais écrit ceci : « Je tiens à préciser que si nous tentons de changer d’entraîneur, ce changement aura un impact négatif sur l’avenir. Il faut tenir compte de chaque expérience dans notre analyse de la vie sportive. » Aujourd’hui, il ne s’agit pas de rejeter Song, mais de lui confier une autre responsabilité au sein de l’équipe nationale, en lui évitant de s’immiscer dans des domaines qu’il ne maîtrise pas, comme la tactique de jeu.
Il pourrait être un préparateur mental, par exemple. Lui et son mentor n’ont pas réussi à instaurer un esprit d’équipe ; au contraire, des dissensions sont encore visibles parmi les Lions. Par ailleurs chose choquante l’attitude de ce dirigeant d’équipe qui se précipite pour embrasser tous les joueurs, en touchant leur tête. La tête est le siège de la connaissance et de la compréhension, et ce geste est un rituel. Les joueurs camerounais devraient refuser qu’on touche leur tête. Je sais de quoi je parle.
Aucun dirigeant camerounais n’a jamais dépassé cette limite. En conclusion, nous exhortons le président de la république à entendre la voix unanime du peuple camerounais qui l’a élu. Les Lions ont besoin d’un nouvel entraîneur charismatique. Le président connaît bien notre football puisqu’il avait choisi Roger Milla pour jouer en 1990. Il est temps de redonner espoir à notre équipe nationale et de renouveler notre engagement envers l’excellence.