Mag-Afriksurseine-Mars-2024

SENEGAL : LE TEMPS DE LA DICTATURE

senegal president

Le train de la démocratie déraille

Par Yana Bekima

L’élection du 25 février 2024 reportée au Sénégal

Le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, a annoncé samedi 03/02/24 avoir abrogé son décret fixant la date de la présidentielle au 25 février prochain. Quelle tour de force ! Reporter les élections et par ricochet, prolonger sine die son mandat à la tête du Sénégal pour au moins deux ans. Sa déclaration est intervenue quelques heures avant l’ouverture de la campagne électorale pour le scrutin. Il faut dire que, c’est la première fois depuis 1963 qu’un scrutin présidentiel au suffrage universel direct est reporté au Sénégal. C’est une situation inédite et inimaginable !

  Où se trouve la CEDEAO ? 

Macky Sall file du mauvais coton, à l’exemple de Ouattara qui a capturé le pouvoir en Côte d’Ivoire. Peuvent-ils donner des leçons aux États de l’AES ? Que fera la CEDEAO alors que cela s’apparente à un coup d’État civil et anticonstitutionnel ? Pour la petite histoire, on n’a jamais vu au Sénégal, présenté comme un îlot de stabilité en Afrique, une élection présidentielle reportée. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a fait juste part du bout des lèvres de “son inquiétude face aux circonstances qui ont conduit au report de l’élection”, et a appelé “les autorités compétentes à favoriser les procédures afin de fixer une nouvelle date” pour le scrutin.

Quelle manière de se dédire ?

 A propos des velléités de report des élections du Président Abdoulaye Wade (Ancien Président de la république du Sénégal), Macky Sall avait dit en 2011, qu’il n’accepterait sous quelque prétexte que ce soit, que l’élection présidentielle soit reportée. « …Des élections locales, on peut les repousser ça passe. Des élections législatives, à la limite, ça passe… ». Mais qu’il était impossible que le président de la république puisse proroger son mandat car il y aurait « une crise d’autorité » au Sénégal. Il avait même souligné la dangerosité de cette situation et que ceux qui pensaient à cette « fiction » devraient cesser de rêver. Il avait même évoqué les conditions particulières où cela pourrait se produire. « Sauf si le Sénégal se retrouvait dans une guerre », dixit Macky Sall. Mais hier soir à la surprise générale, Macky a fait passer tout le monde du rêve à la réalité.

Les véritables raisons

Ce report a été repoussé à une date ultérieure, qui n’a pas été communiquée. Selon certains, il aurait choisi un candidat « dauphin » incapable de gagner au premier tour. Mais les avis divergent quant à la légalité même de l’initiative du chef de l’État sénégalais, qui « jette le Sénégal dans des eaux constitutionnelles inexplorées », s’inquiète la Deutsche Welle. Une situation « susceptible », selon certains groupes de l’opposition et de la société civile, « de déstabiliser le pays »

Le syndrome du troisième mandat

L’histoire se répète. Ne pas vouloir briguer un troisième mandat en Afrique c’est le vouloir en fait, en usant de tous les subterfuges. Selon le code électoral sénégalais, un décret fixant la date d’une nouvelle présidentielle doit être publié au plus tard 80 jours avant le scrutin, ce qui mènerait à fin avril, un cas de figure quasiment impossible. Le président sénégalais risque ainsi d’être encore à son poste au-delà de l’échéance de son mandat, le 2 avril 2024. L’opposition fustige quant à elle une manœuvre politique lui permettant de conserver le pouvoir.

L’homme Macky Sall, « le mendiant de blé », est mû par l’ambition de la confiscation personnelle du pouvoir afin de s’y éterniser. En d’autres termes, il cherche l’adoubement de la France tout en recherchant une souveraineté monarchique au détriment de la souveraineté républicaine. Il est devenu, à juste titre, un ennemi de la jeunesse sénégalaise à l’instar de la jeunesse africaine qui aspire à la démocratie. Enfin, il aura battu le record des dénis de justice (affaires Sonko, Karim Wade…). Le renouvellement de l’élite sénégalaise attendra encore… Mais jusqu’à quand ?

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1 réflexion sur “SENEGAL : LE TEMPS DE LA DICTATURE”

  1. Je me rappelle d’un ouvrage d’une personnalité Africaine qui titrait (l’Afrique est mal parti) sans commentaires. l’Afrique de l’ouest est entrain de se réveiller vivement que toute la jeunesse intelligente Africaine prenne conscience. Le combat est long car certains crocodiles dictateurs au service des occidentaux sont encore au pouvoir suivez mon regard.

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