La conquête du pouvoir
Dans la dynamique humaine, la quête de pouvoir est omniprésente. Tout individu aspire à l’acquérir, à le dominer, car être en tête de la classe représente une forme de suprématie, tout comme remporter un trophée. Une fois ce pouvoir obtenu, il devient nécessaire de le maîtriser, car il pénètre l’intérieur du corps humain comme une liqueur alcoolisée. Le terme « pouvoir » évoque initialement la capacité et la possibilité d’accomplir quelque chose. Il englobe également la domination exercée sur autrui afin d’obtenir un comportement spécifique. Cette forme de pouvoir peut revêtir des aspects moraux, physiques ou psychologiques… L’idée de pouvoir s’associe à une réelle faculté d’action, qui permet de répondre à un désir ou une volonté. Il s’étend aussi bien aux objets qu’aux individus, avec des modalités variées.
Le pouvoir est inextricablement lié aux relations humaines. Dans tout rassemblement, il émerge toujours un individu cherchant à régir le groupe, afin de s’établir comme une sorte d’autorité morale et politique dont il est le gardien. Une fois le consensus établi au sein du groupe, la voix de l’individu suffit à conférer au leader le pouvoir d’agir au nom des autres. Ainsi, lors des élections présidentielles par exemple, voter pour un candidat équivaut à céder une part de son pouvoir pour l’accorder à autrui. Machiavel souligne la propension à l’abus une fois le pouvoir conquis, une notion illustrée par des figures telles que Bokassa, qui est passé de président à vie à empereur de Centrafrique en quelques années seulement. Idi Amin Dada incarne lui aussi parfaitement cette dérive vers la folie que peut entraîner l’excès de pouvoir.
Aussi, cette puissance octroyée par la société pour accomplir des tâches et prendre des décisions, se revêt de multiples motivations. Pour certains, c’est l’ambition qui le suscite, pour d’autres, le désir de servir, et ainsi de suite. Autant de raisons que d’individus qui le convoitent. Jadis, on les qualifiait des « assoiffés de pouvoir ». C’est pourquoi ces avides de puissance sombraient souvent dans la paranoïa une fois qu’ils l’avaient acquis. Dépourvus d’empathie, ils instauraient un climat d’insécurité autour d’eux, dans un tel contexte, la navigation autour d’eux est la prudence, parce qu’ils deviennent méfiants ; ils considèrent tout acte ou réussite ou toute célébrité comme une menace à leur autorité. Dans les régimes dictatoriaux, les célébrités sont en danger s’ils se font trop voir, comme en témoigne le destin tragique de Youri Gagarine dans l’ex-Union soviétique.
La folie de pouvoir et son détenteur
Dans la folie des pouvoirs on les reconnait facilement dans leur exercice, le détenteur est tumultueux. Souvent enclins aux gestes spectaculaires et aux discours enflammés, ils semblent perdus une fois parvenus au sommet. C’est là où se révèle parfois leur impréparation, qui les entraîne dans les erreurs. Ces nouveaux détenteurs s’enorgueillissent souvent d’une sagesse supposée. Persuadés qu’ils n’ont plus besoin de conseils, ils prennent des décisions rocambolesques. C’est ici le parcours sème son échec, comme en témoignent les chutes de figures telles que Sarkozy en France ou Sankara au Burkina. Dans un premier temps, l’euphorie les avait envahis, mais peu à peu, le cas de Sankara par exemple, il s’est s’éloigné de ceux qui l’ont porté au sommet, les considérant trop familiers. Dès ce moment il avait signé son arrêt de mort.
Comme à leur habitude, ils aiment se retourner vers de nouveaux conseillers, dont l’influence croît, jusqu’à ce qu’il ne les consulte plus. Ses décisions, dépourvues de la sagesse du discernement, surprennent, tandis qu’il s’impose sur la scène politique et accumule les responsabilités. Mais il est important de comprendre qu’en politique, l’exclusion des proches engendre inévitablement le conflit, parfois jusqu’à l’issue tragique, comme en témoignent les destinées de Sankara et de Blaise Compaoré, ou encore celles de Hissène Habré et de Goukouni Oueddei. Le pouvoir est la destinée des hommes mûrs. En France, Mitterrand fut un exemple éloquent de cette capacité ; en Afrique centrale, certains leaders maîtrisent habilement la symbolique du pouvoir, à l’instar du président camerounais et d’Obiang Nguema, même si cette maîtrise est teintée d’une forme de dictature éclairée, semblable à celle de Poutine.