Mag-Afriksurseine-Mars-2024

L’EMOUVANT TEMOIGNAGE DE LA CHANTEUSE CHANTAL AYISSI AUX OBSEQUES DE SON MARI SLIM PEZIN

CHANTAL AYISSI

Il y a des moments dans la vie où la  mélancolie enveloppe les âmes, surtout lorsque vient le moment de dire adieu à un être cher. Souvent, les mots se font rares, submergés par l’émotion, les personnes dans la peine, laissent d’autres prendre la parole à leur  place. Mais ce n’est pas le cas de Chantal Ayissi. Aux funérailles de son défunt  époux, elle a su captiver l’attention de ceux venus la soutenir. Une fois de plus, elle a brillé dans son statut de star, mêlant avec grâce les nuances de la vie, entre joie et tristesse. Après nous avoir fait ressentir sa joie à travers la musique, voilà qu’elle s’adresse maintenant au corps de son mari dans les derniers instants de leur vie. Son témoignage, teinté de sagesse, était  celui d’une femme publique alliant lyrisme, éloquence funèbre et romantisme. C’était émouvant. Bien que je ne puisse répéter ses mots exacts, je peux dire que ce qu’elle a exprimé est devenu un classique parmi les hommages que j’ai entendus dans ma vie.

Dans son intervention,  elle commence  par exprimer sa gratitude envers le Dieu tout puissant, reconnaissant qu’elle n’aurait jamais pensé pouvoir porter aussi longtemps le fardeau que Dieu lui a confié. Elle affirme : « Je suis née en Afrique, je suis Africaine, je suis Camerounaise. Si je suis aujourd’hui en France, ne vous lamentez pas. Je m’y sens bien. En France, j’allais et venais. Si je suis ici aujourd’hui, c’est grâce à Slim. » Elle s’adresse alors aux femmes, puis aux hommes, soulignant que c’est dans la douleur, dans la maladie et dans le malheur, que l’on découvre la véritable nature des gens. Avec Slim, ils ont parcouru un chemin difficile, car elle se considère comme une femme forte.

Elle exprime le souhait que les larmes soient évitées et que le départ de son mari soit célébré, car Slim a souffert pendant huit longues années. Il a été malade pendant une période considérable, mais aujourd’hui, Dieu l’a libéré. Il peut enfin reposer en paix, et si son époux ne souffre plus, elle peut enfin trouver le calme. Elle se décrit comme étant de nature désintéressée. Lors de leur première rencontre, elle ne savait même pas qui était Slim Pezin. Ils se sont croisés en Côte d’Ivoire, au cours  d’un festival, alors qu’elle-même était déjà une star de la musique. Slim appartenait  à une génération passée, avec des légendes telles que Claude François et Manu Dibango dans son sillage. Pour ne citer que ceux-là.

Avant l’occident, elle fut une star au Cameroun, où l’on se bat avec ce que l’on est, mais elle admet que ce n’est pas le même calibre que Slim. Pezin était un génie, une âme à part, et elle ignorait la valeur de ce qu’elle avait entre les mains. C’est lorsqu’il  est tombée malade qu’elle a réalisé qu’il y avait un problème, car en tant qu’Africaine initiée, elle ressent rapidement les signes de la nature lorsqu’il y a perturbation autour d’elle. Lorsque le pronostic est tombé, annonçant seulement deux ans de vie encore pour Slim, elle s’est mise  debout, rappelant au médecin de celui-ci  son africanité. Pour elle,  seul Dieu peut décider de son sort. Le médecin, de surcroit  professeur,  compétent dans son domaine, était stupéfait. Elle a puisé au fond d’elle pour redonner espoir à leur vie. Elle a invoqué ses parents, soulignant qu’elle ne pouvait pas rester seule avec les enfants sans leur père. Au lieu de deux ans, ils ont eu huit ans ensemble.

Garder le secret était difficile, mais elle a estimé nécessaire de le partager avec ses  enfants. Craignant leur réaction. Slim a refusé, alors elle a choisi de confier le douloureux secret à leurs meilleurs amis. La maladie de Slim l’a endurcie. Elle a soutenu son mari tout au long de sa maladie, lui demandant de rester fort. Même lorsque les moments étaient difficiles, elle lui a assuré qu’elle serait toujours à ses côtés.

Elle a suivi son instinct, réunissant leur fille et quelques amis, avec précaution pour préserver l’espoir. « Nous devons continuer à nous donner de l’amour. L’amour ne se mesure pas à l’argent. Ce n’est pas  matériel qui compte « , a-t-elle déclaré. « Je n’ai pas épousé  Slim Pezin pour sa renommée », a-t-elle ajouté dans sa dernière confession  au public. Slim a confié sa vie à ses amis, car il était fils unique. La musique était tout pour lui, tout comme ses amis, il devrait se retrouver  chaque vendredi, avec ses amis, un vœu qu’elle a respecté. Elle loue son humilité, soulignant qu’il s’est battu pour les artistes. Maintenant, elle est en paix, sachant que son mari ne souffre plus, qu’il est entre les mains du Seigneur.

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