A la question d’une journaliste qui lui posait une question sur le coût de cette stabilité monétaire et du coût de cet arrimage à l’Euro, l’économiste togolais donnait une réponse extravagante, riche en enseignement monétaire. Il faut noter que c’est l’un des plus fidèles disciples de Tchumdjang Pouémi. Lisez plutôt cette intervention de KOKU : « moi j’ai beaucoup réfléchi à cette question, ce qui faut comprendre fondamentalement, c’est que les dirigeants africains, pour la plupart, pas tous, sont dans l’extraversion, pas tous les dirigeants, même les intellectuels africains. Moi je viens de sortir un ouvrage cela fait trois semaines que je fais sa promotion, à Paris, je pourrai la faire à Lomé, mais je le fais à Paris. C’est-il dire que la première école française crée… en 1855 s’appelait l’école des otages ; quelques années après ça s’est intitulé l’école des fils de chef ; c’est-à-dire qu’historiquement les élites africaines ont été formées pour remplacer le colonisateur.
C’est ça le schéma historique, et donc il faut du temps pour que ces élites, se pensent comme les vecteurs de la transformation endogène de leur société ; ça ne peut pas se faire de façon mécanique, et donc c’est une construction, c’est même une coconstruction. Vous me direz que la colonisation était une coconstruction, mais elle une construction asymétrique. Je vous donne l’exemple de la banque centrale, c’est très simple, le trésor français joue le rôle prêteur en dernier ressort ; c’est l’assureur du système, et donc il estime qu’il faut déposer un certain nombre de réserve auprès de lui, il faut couvrir l’émission monétaire à hauteur de 20 % au minimum, mais, je vous assure dans les années 2000 quand je travaillais, à la banque centrale des états de l’Afrique de l’ouest, nous avions un taux de couverture de l’émission monétaire de 110 %, c’est-à-dire, c’est la question que je me suis posé pourquoi alors que l’assureur ne demande que 20, nous déposons 110.
Et là, ce n’est pas la faute du trésor français, il faut être honnête ; si le trésor dit si vous mettez 20, de garantir la parité et que nous mettions 110, c’est que en termes de coût d’opportunité, nous estimons qu’il n’y a rien d’autres à faire avec ce supplément ; la question en ce moment-là, c’est de voir si la rémunération que le trésor consent au réserve n’engendre pas des effets pervers, c’est-à-dire si ça ne crée pas de la trésorerie additionnelle, qui permet aux banques centrales de vivre, au-dessus de leur moyen, c’est ça, et on rentre dans la théorie de la bureaucratie, vous n’avez pas d’incitation, à utiliser ces réserves, de façon beaucoup plus active, moi j’ai composé qu’on crée un fond, de productivité, et un fond type FMI un fond contrat cyclique, mais je vous dis, quand je travaillais à la banque centrale, on avait 14 mois de salaire et souvent on avait un 15 ème mois de salaire, on nous disait la trésorerie est bonne, le gouverneur, on nous disait la trésorerie a décidé de vous donner un 15ème mois, de salaire mais nous ne sommes pas une entreprise privée, nous ne faisons pas de bénéfice, cela veut dire que nos réserves déposées à Paris, nous ramenaient beaucoup d’argent, et qui nous permettaient de vivre au-dessus de nos moyens.
Et là je l’ai déjà dit, le gouverneur de la banque centrale a plus de 30 mille euros par mois net et n’importe quelle femme de ménage au Togo a 30 euros par mois, et c’est dire que le gouverneur de la banque centrale gagne 1000 fois plus, qu’une femme de ménage du Togo alors qu’il assure une mission de service public. C’est ça la vraie question, est-ce que nos dirigeants, moi, je fais partie des dirigeants, j’ai été ministre, donc je m’inclus dedans. C’est ça la vraie question, est-ce que nos dirigeants, moi, je fais partie des dirigeants, j’ai été ministre, donc je m’inclus dedans. Est-ce que nous avons le sens de l’intérêt général. Quand on aura le sens de l’intérêt général on aura fait tous les reformes que vous voulez, on ne va pas se développer, alors les amis celui qui m’a dit tout à l’heure pourquoi vous n’allez pas en rage, ne confondez pas la forme et le fond, cela fait 20 ans que je dis ce que je dis, j’écris des bouquins, et que je me fais virer de tous mes boulots, mais c’est important, le reste, on en parlera. »
