Mag-Afriksurseine-Mars-2024

LE GURNA CHANT ET DANSE DES TUPURIS VULGARISES PAR L’ARTISTE LEKIMO WELTAALA

LE GURNA

C’est un chanteur plein de talents que j’ai déniché dans le nord du Cameroun, un poète avéré, l’équipe d’afriksurseine s’entretient avec lui aujourd’hui pour mieux le présenter au public mondial ;  il s’appelle Lekimo Weltaala… C’est un artiste qui fera parler de lui bientôt, lisez plutôt cet entretien

Bonjour Lekimo Weltaala, j’ai été fasciné par ton immense talent, et je me suis posé beaucoup de questions, comment un artiste comme celui-ci ne se fait pas connaître à travers le monde ? Mais avant de nous lancer dans le vif du débat, est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs ?

Bonjour monsieur ! Je vous remercie infiniment pour cet honneur que vous me faites, car pour moi, vous êtes un grand auteur. Je m’appelle LEKIMO WELTAALA, mais mon véritable nom est Junior HAIWE KIM. Je suis né le 23 Août 1991 au Cameroun, dans la localité de Bibémi, région du Nord. Mon père est enseignant et chanteur, tandis que ma mère est ménagère. Je suis le premier-né d’une fratrie de neuf (09) enfants. Après avoir obtenu mon Baccalauréat en Série (D) en 2014 au Lycée Bilingue de GAROUA, je me suis inscrit à l’Université de Yaoundé 1, à la faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines, dans la filière Arts Plastiques et Histoire de l’Art, où j’ai obtenu ma Licence. Cependant, en raison de contraintes financières, j’ai dû mettre en suspens mon rêve académique, en espérant un jour y retourner.

Que fais-tu dans la vie en dehors de chanter ?

Très belle question. Vous me posez là une question subtile, comme quoi on ne peut pas encore vivre de la musique sans travailler, oui évidemment en dehors de la musique, je fais de la peinture en bâtiment et sur toile. Je suis aussi jeune entrepreneur. Je m’essaie dans la production et dans la commercialisation des céréales du grand Nord Cameroun. C’est formidable de nous voir nous impliquer également  dans l’entrepreneuriat. La combinaison de la musique, de la peinture en bâtiment et sur toile, ainsi que de l’entrepreneuriat dans la production et la commercialisation de céréales montre ma  polyvalence et ma détermination à réussir dans différents domaines.

Travailler dans la production et la commercialisation de céréales dans le Grand Nord Cameroun peut avoir un impact positif sur la région, en contribuant à l’économie locale et à la sécurité alimentaire. C’est un domaine qui peut offrir des opportunités de croissance et de développement, c’est un  engagement  louable dont je conseille aux jeunes. Je continuerai donc à cultiver mes talents artistiques tout en développant mes entreprises. cette diversité d’intérêts et de compétences peut m’ aider à créer un avenir prospère et épanouissant.

  Comment se porte la musique au nord du Cameroun ?

Pour répondre avec une grande précision, Monsieur Joseph, la situation de la musique dans le Septentrion Camerounais est préoccupante. Bien que certains artistes de la région possèdent un talent indéniable, équivalent à celui des stars de la partie Sud du pays ou même des méga stars de l’Afrique de l’Ouest et des États-Unis, la musique peine à prospérer en raison de plusieurs facteurs. Tout d’abord, la culture a toujours été négligée dans cette région, ce qui a entraîné un manque d’infrastructures et de ressources nécessaires pour soutenir les artistes locaux.

Il existe un déficit flagrant de technologies de pointe pour produire des enregistrements musicaux de qualité, une absence de salles de concert appropriées, un manque de formation professionnelle, de logistique, et bien d’autres problèmes. Cette situation conduit à un manque d’opportunités pour les artistes locaux de s’exprimer et de se faire connaître. En conséquence, le public se tourne vers des productions musicales venues d’ailleurs, laissant les talents locaux dans l’ombre. Il est impératif de prendre des mesures pour soutenir et promouvoir la scène musicale du Septentrion Camerounais, car elle regorge de talents qui méritent d’être découverts et valorisés.

Quand as-tu commencé à chanter ?

Je chante depuis tout petit. À l’âge de 7ans.  C’est une histoire musicale captivante et inspirante que je souhaite partager. Mon grand-père, Maïdi Berna, un compositeur de musique traditionnelle Gurna, et mon père, qui m’a enseigné les bases du solfège, ont joué un rôle fondamental dans l’éclosion de ma passion pour la musique dès mon plus jeune âge. Leur influence et la proximité que j’avais avec eux ont clairement façonné mon parcours musical. Mon aventure musicale a véritablement débuté en 2015, lorsque j’ai intégré le club de musique de l’université. Parallèlement, j’ai eu la chance de bénéficier d’une subvention pour suivre une formation musicale de deux ans à l’Arbre à Musique, l’une des écoles de musique les plus réputées de la capitale. C’est là que tout a réellement pris son envol.

Au cours de cette période, j’ai eu l’opportunité de développer mes compétences musicales aux côtés de personnalités renommées telles que Raymond Albert Pende, Élisabeth Moussous, Florant Mbia et François Manwell, tous des chanteurs professionnels, dont certains étaient affiliés à l’Opéra national de Paris. J’ai également acquis de l’expérience en tant que maître de chœurs. L’influence de ma famille, mon parcours universitaire et mes expériences dans des écoles de musique prestigieuses ont tous contribué à façonner mon parcours musical et à renforcer ma passion pour la musique. Mon histoire illustre comment la passion et la persévérance peuvent conduire à la réalisation de rêves musicaux. Je suis déterminé à continuer de partager ma musique et mon talent avec le monde !

J’ai remarqué que tu es un excellent parolier, peux-tu nous parler de genre de musique ? As-tu eu des modèles dans ton fief musical ?

Ma musique, enracinée dans le folklore, embrasse diverses expressions artistiques, notamment le Gurna, le Sahel-Pop et le Sahel Sound. Ces genres musicaux sont comme des cartes de visite qui invitent à explorer notre pays, notre région, le Grand Nord et le Sahel. Le Gurna, par exemple, est une musique chargée d’histoire avec ses codes et ses valeurs. Elle exige une technique d’écriture riche en paroles, en groove et en appoggiatures.

Cette forme musicale a profondément influencé ma créativité et mon approche artistique. Dans mon univers musical, j’ai également des modèles et des icônes qui ont ouvert des voies et montré que tout est possible. Des artistes tels qu’Isnebo du groupe Fada Kaotal, Ali Baba, Gesse Roy, Yang Mad, et bien d’autres, ont été une source d’inspiration pour moi. Leurs contributions à la scène musicale ont renforcé ma détermination à suivre cette voie artistique et à créer une musique qui résonne avec notre culture et notre identité. Mon engagement envers ces traditions musicales et mon désir de les fusionner avec des éléments contemporains sont au cœur de ma démarche artistique. Mon objectif est de préserver et de célébrer notre riche patrimoine musical tout en le faisant évoluer pour qu’il puisse toucher un public plus large.

Tu es très imprégné dans le folklore Toupuri, est-ce que tu ne composes que les chansons propres aux camerounais de cette région ?

En effet, ma créativité ne se limite pas à la composition de chansons destinées uniquement au public du Nord. Je suis ouvert à une variété de sonorités et de styles musicaux, comme en témoignent des titres tels que « Ma Chérie Veut Le Soya » et « Maïndouwé ». Ces chansons sont le fruit d’un mélange habile entre les sonorités sahéliennes et urbaines, ce que j’aime appeler le « Sahel-Pop ». Mon exploration musicale me pousse à transcender les frontières musicales et à créer une fusion unique qui puisse être appréciée par un public diversifié. Je crois que la musique a le pouvoir de rassembler les gens et de transcender les différences culturelles, et c’est ce que je m’efforce de réaliser à travers ma musique « Sahel-Pop ».

As-tu un mot à dire au sujet des autres rythmes camerounais comme le Makossa ou le Bitkusi ?

Tout à fait, le Makossa et le Bikutsi sont des genres musicaux emblématiques du Cameroun. Ces styles musicaux ont une histoire riche et ont été portés par des artistes talentueux qui ont contribué à les faire connaître non seulement au Cameroun, mais aussi à travers le monde. Le Makossa, avec des artistes légendaires comme Manu Dibango, et le Bikutsi, avec des artistes comme Anne-Marie Nzié, sont devenus des marques déposées de la culture musicale camerounaise. Ces genres musicaux ont réussi à percer les frontières nationales pour toucher un public international. Ils ont contribué au rayonnement culturel du Cameroun et ont été des ambassadeurs de la musique africaine dans le monde entier. Ils ont également influencé de nombreux artistes d’autres pays et ont contribué à la diversité et à la richesse de la musique mondiale. Il est important de reconnaître et de célébrer le travail acharné des artistes du Makossa et du Bikutsi qui ont contribué à faire de ces genres musicaux une véritable success-story camerounaise.

A quel moment as-tu conscience que l’art est exigeant ?

Merci pour cette question , je dois vous dire que  je comprends les défis auxquels je suis confronté en tant qu’artiste indépendant. La création artistique est un voyage exigeant, surtout lorsqu’il s’agit de passer à l’étape de la production. Malheureusement, je dois jongler avec des ressources limitées et un manque d’accompagnement. Cela signifie que chaque étape de mon parcours artistique est marquée par des défis et des obstacles à surmonter. Pourtant, malgré les difficultés, je persévère car la musique est ma passion, ma vocation. La phase de composition, où je laisse libre cours à ma créativité avec ma guitare et ma voix, est le moment où je me sens le plus à l’aise. C’est là que je peux exprimer mes émotions, mes idées et mon identité artistique de la manière la plus authentique.

En tant qu’artiste indépendant, je suis conscient que je dois prendre en charge de nombreux aspects de ma carrière, de la composition à la promotion en passant par la production. Cela peut être accablant, mais c’est aussi gratifiant de voir ma musique toucher les gens et avoir un impact sur leur vie. J’espère un jour trouver le soutien financier et logistique nécessaire pour améliorer la qualité de ma production musicale et atteindre un public plus large. En attendant, je reste déterminé à continuer à créer de la musique qui parle au cœur des gens et à partager mon art avec le monde. Car la persévérance est le moteur qui me pousse à poursuivre ma passion, malgré les défis qui se dressent sur mon chemin.

Quels sont tes projets en tant qu’artiste ?

Je me trouve actuellement très occupé, jonglant entre différentes tâches pour concrétiser la réalisation du clip officiel de ma chanson « Maïndouwé », sortie il y a seulement deux mois. C’est un projet qui me tient particulièrement à cœur, et je travaille dur pour en faire un succès. À court terme, je prévois de travailler sur l’enregistrement d’un nouveau single. J’ai constamment de nouvelles idées musicales qui germent dans mon esprit, et je suis impatient de les partager avec mon public. À moyen terme, mes projets sont encore plus ambitieux. J’ai l’intention de professionnaliser mon label « SAHEL-POP ARTS » pour mieux soutenir ma carrière artistique. Je prévois également de commencer la production de mon deuxième album, un projet qui nécessitera du temps et des ressources, mais qui me permettra de continuer à évoluer en tant qu’artiste. Je suis déterminé à travailler dur et à persévérer dans la poursuite de mes rêves musicaux. Mon objectif ultime est de créer une musique qui résonne dans le cœur des gens et qui contribue positivement à la culture musicale de mon pays et au-delà.

Je te laisse conclure cet entretien.

Je vous remercie infiniment mon très cher Joseph,  pour cette interview monsieur. je demande aux jeunes artistes du Cameroun en général et du Septentrion en particulier de travailler dans la paix, car sans la paix on ne peut construire notre région,  je leur recommande  ne jamais baisser les bras, de rester dans la création artistique et rien que cela. je suis sûr que nous allons réussir nous restons sur le bon chemin. Comme ma chanson GURNA GO CIN, je demande de rester uni.

 

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